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Majorité absolue confirmée pour les conservateurs polonais : une bonne nouvelle pour la Pologne et pour l’Europe

 

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C’est désormais officiel, la « Droite unie », rassemblant le parti Droit et Justice (PiS) de Jarosław Kaczyński et plusieurs petits partis de droite alliés, a obtenu la majorité absolue des sièges à la Diète polonaise ainsi qu’une très large majorité au Sénat. La patrie de Jean-Paul II aura donc prochainement comme nouveau premier ministre Beata Szydło qui, comme le président Andrzej Duda, est une catholique sans complexes, et c’est une très bonne nouvelle pour la Pologne et pour l’Europe.

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Lors du débat de Beata Szydło avec le premier ministre Ewa Kopacz, 19.10.2015 – Wikimedia Commons

Avec 235 sièges à la Diète sur 460, et 61 sénateurs sur 100, le PiS est le premier parti à pouvoir gouverner seul, sans former de coalition, depuis la transition démocratique de 1990. En effet, le scrutin à la proportionnelle avait toujours représenté une barrière insurmontable depuis 25 ans. Seul le Sénat polonais, dont les membres sont élus au cours des mêmes élections, mais au scrutin uninominal à un tour, est généralement largement dominé par le parti vainqueur, mais c’est de toute façon la Diète qui a le dernier mot lors de l’adoption des lois. Après l’élection du président Andrzej Duda en mai, le PiS dispose désormais des leviers nécessaires pour mettre en œuvre son programme. Par contre il ne disposera malheureusement pas d’une majorité pour changer la constitution, ce qui est bien dommage car la coalition sortante est parvenue, au moyen d’une loi votée dans ce seul but, à remplacer quelques mois en avance plusieurs membres de la Cour constitutionnelle peu avant les élections de dimanche dernier (ce qui n’a choqué personne en Europe alors qu’on avait assisté à un assaut massif contre la Hongrie lorsque le Fidesz avait voté une loi pour ramener l’âge de la retraite des juges de la Cour constitutionnelle au même niveau que pour les autres professions).

Les pays d’Europe centrale qui avaient voté contre la répartition des immigrés clandestins au Conseil européen (Roumanie, Hongrie, Tchéquie et Slovaquie) doivent se réjouir car ils gagnent un nouvel allié solide, puisque le PiS, comme le Fidesz hongrois et comme les dirigeants des autres pays de la région, s’oppose fermement à l’islamisation de l’Europe par l’immigration massive.

La lâcheté du gouvernement sortant qui s’était soumis au diktat de Bruxelles et de Berlin sur la politique immigrationniste a d’ailleurs sans doute contribué à la victoire sans appel de la droite conservatrice. Mais ce qui a joué, c’est aussi le vote, ces dernières années, de lois conformes à l’idéologie du genre en vogue à Bruxelles, ainsi que l’incompétence, la corruption sans vergogne et l’arrogance du gouvernement de Donald Tusk, l’actuel président du Conseil européen, puis d’Ewa Kopacz. Pendant 8 ans, plusieurs graves scandales se sont succédé sans que la coalition PO-PSL n’en tire les conséquences contre qui que ce soit, tout occupée qu’elle était à diaboliser le PiS. Le traitement médiatique du PiS pendant la campagne électorale, en tout cas par les plus gros médias majoritairement entre les mains de groupes européens, ressemblait beaucoup au traitement réservé en France au FN. Autre élément décisif dans cette campagne, l’argument du « Que vont penser de nous les autres pays européens ? » ne fonctionne plus : l’Europe et l’Allemagne ont perdu tout crédit en Pologne, en tout cas dans les milieux de droite, avec la crise des « réfugiés ». Si les médias conservateurs des bords de la Vistule exposent d’ailleurs les attaques hystériques de la presse internationale contre le choix souverain des électeurs polonais depuis lundi matin, ce n’est que pour s’en moquer. Les médias allemands sont particulièrement agressifs, et toutes ces attaques ressemblent déjà en tous points à celle dont est victime la Hongrie depuis qu’elle s’est choisie Viktor Orbán comme premier ministre. Il est très drôle d’entendre aujourd’hui de grands médias s’inquiéter pour les libertés et l’état de la démocratie en Pologne alors qu’ils n’avaient pas soufflé mot à propos des multiples fraudes électorales qui avaient entaché les dernières élections régionales et municipales.

Mais il est vrai que le PiS est considéré comme le Fidesz comme faisant partie du Camp du Mal car, se considérant comme un parti véritablement chrétien-démocrate, il défend la vie de la procréation à la mort naturelle, il défend la famille face aux attaques du lobby LGBT et des gauches européennes, et il défend la nation contre les velléités fédéralistes de Bruxelles. Il n’est pas pour autant véritablement « eurosceptique » puisqu’il a toujours été favorable à l’appartenance de la Pologne à l’Union européenne et il souhaiterait une coopération plus poussée dans les domaines de l’énergie et de la défense. Et si le PiS est résolument pour l’alliance avec les États-Unis perçus comme seul véritable garant de la sécurité de la Pologne face à la Russie, même si les conservateurs polonais ne se font pas d’illusions sur la qualité de la démocratie américaine sous la coupe d’Obama et du lobby LGBT américain, la politique de la Pologne dans ce domaine ne devrait de toute façon pas profondément changer après la volte-face atlantiste qu’avait déjà opéré l’ex-premier ministre Donald Tusk. Sauf que… contrairement au gouvernement PO-PSL, le gouvernement du PiS voudra faire le clair sur ce qui s’est réellement passé à Smolensk le 10 avril 2010, ce qui pourrait envenimer encore plus les relations russo-polonaises.

Sur le front intérieur, un des grands défis auxquels seront confrontés le nouveau parlement et le nouveau gouvernement, ce sera de rétablir une plus grande diversité médiatique, non seulement à la télévision et à la radio publiques qui ont été transformées, avec l’appui de la gauche post-communiste (qui pour la première fois n’a aucun représentant dans le nouveau parlement), en instruments de propagande pro-gouvernementale sous la coalition sortante, mais aussi dans les médias privés. En effet, le pouvoir PO-PSL sortant ne s’est pas contenté d’une épuration politique dans les médias publics à son arrivée aux affaires en 2007. Pendant huit ans, il a utilisé, avec le silence complice des élites politico-médiatiques européennes, toutes sortes de moyens de pression pour gêner la presse d’opposition. On peut sans doute dire la même chose de la plupart des gouvernements précédents, mais Donald Tusk est allé beaucoup plus loin que les autres dans ce domaine.

Un autre grand défi, ce sera, comme cela avait été le cas pour le Fidesz en Hongrie, de réformer une justice qui est restée enracinée dans l’époque communiste, avec des juges corrompus, politisés et serviles vis-à-vis de l’exécutif, comme on a pu le voir à l’occasion du scandale Amber Gold.

Le PiS a également promis de ramener l’âge de la retraite à 65 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes. La coalition PO-PSL avait reculé cet âge de la retraite à 67 ans alors que cela n’avait pas fait partie de son programme électoral. Le problème pour le PiS, c’est que la coalition sortante a dilapidé les économies que les Polonais avaient investi dans leurs fonds de retraite depuis la réforme de 1999 qui avait instauré un système mixte de retraites par répartition et capitalisation. La coalition PO-PSL a supprimé en 2013 la partie capitalisation pour combler un peu les déficits publics, ce qui n’a pas non plus fait beaucoup de bruit en Europe alors que quand Viktor Orbán avait fait la même chose en 2010, les médias européens le lui avaient reproché pendant des années. Pourtant, à la différence de Donald Tusk, Viktor Orbán a bien redressé les comptes publics de son pays. Cependant, comme le Fidesz, le PiS compte sur une relance de la natalité par des politiques volontaristes pour rééquilibrer le système des retraites par répartition. Ce qui est somme toute plus logique et plus cohérent que de reculer toujours plus l’âge de la retraite alors qu’on n’a jamais résolu le problème du chômage élevé chez les seniors.

Il y aura beaucoup d’autres chantiers et les dangers qui guettent le nouveau gouvernement sont nombreux, mais ce que le Fidesz a réussi en Hongrie, le PiS peut aussi le faire en Pologne, encourageant ainsi d’autres pays européens à suivre cet exemple.

NDF

 

Commentaires

  • C'est une excellente nouvelle, mais il faut regretter la soumission de la Pologne à l'OTAN et à Washington. On peut comprendre celle-ci en raison de l'histoire de la Pologne et de ses relations avec l'ex URSS…mais nous sommes en 2015, plus en 1945 !
    1) l'URSS et le Pacte de Varsovie n'existent plus,
    2) on peut difficilement imaginer de bonne foi des visées territoriales russes sur la Pologne,
    3) logiquement, la Pologne aurait bien plus de raisons historiques de s'opposer à l'Allemagne en raison de la saignée de son peuple par les nazis…pourquoi uniquement la Russie (qui l'a tout autant saignée du temps de l'URSS !)
    Que ce grand pays européen ne se trompe pas d'ennemi, c'est le voeu principal que je formule !

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