Un portrait non-signé de Louis XVI (MARY EVANS/SIPA)
Concerts à la Chapelle royale du château de Versailles, messes innombrables en France et à l'étranger... Les célébrations de la mort de Louis XVI rencontrent de plus en plus de succès.
Chaque 21 janvier, le rituel semble prendre de l'ampleur. A l'occasion de l'anniversaire de la mort de Louis XVI, guillotiné il y a 223 ans, les messes se multiplient dans tout le pays, à Lyon, Bordeaux, Marseille, Reims ou Strasbourg, à Toulon, Périgueux, Amiens, Quimper, Tarascon, Nancy, Nîmes ou Bayonne, à Lille, Metz ou Mulhouse… toujours plus nombreuses, toujours plus suivies pour certaines d’entre elles qui voient en effet accourir un nombre accru de fidèles ou de royalistes.
Messes à Saint-Germain-l’Auxerrois sous la présidence du chef de la Maison de France, Monseigneur le Comte de Paris ; messe à la basilique de Saint-Denis où sont déposés les corps des princes exécutés ; messe encore à la Chapelle expiatoire avec l’aîné de la Maison de Bourbon, un arrière petit-fils du roi d’Espagne Alphonse XIII ; messe à Lyon avec un prince de Bourbon-Parme : toutes les tendances du royalisme, de la plus ouverte à la plus réactionnaire, se font un devoir de célébrer ce qui est vu toujours comme une faute impardonnable et comme le péché originel de la République.
Jour de jeûne en Grande-Bretagne, en France messes et concerts
En Grande Bretagne, pour expier l’exécution de Charles 1er, on observa longtemps un jour de jeûne. En France, on multiplie les messes. Et l’on va au concert entendre des requiems écrits à l’époque de la Restauration pour Louis XVI et Marie-Antoinette. Car à Versailles, à la Chapelle royale, l’on n’est pas en reste dans cette multitude de célébrations, même s’il ne s’agit pas ici d’en faire une profession de foi royaliste. C’est le Centre de musique romantique française, sis à Venise, au palazzetto Bru-Zane, qui est à l’origine du projet qui a pour cadre l'exposition sur "La Mort des rois de France" qui se tient au château. Et c’est la chapelle royale, celle-là même où se marièrent Louis, dauphin de Viennois, et Marie-Antoinette, archiduchesse d’Autriche qui sert de cadre bien légitime à ces concerts de musique sacrée.
Grand Requiem de Cherubini , Messe funèbre de Plantade, Méditation religieuse de Berlioz
Pour cette célébration qui a lieu elle aussi les 21 et 22 janvier, on entendra le Grand Requiem à quatre voix de chœurs composé par Luigi Cherubini pour les célébrations solennelles de la basilique de Saint-Denis le 21 janvier 1816, mais aussi la Messe funèbre de Charles Henri Plantade. Elle fut composée en 1823, et chantée à Notre-Dame de Paris le 16 octobre 1823, quand la Cour s’avisa que c’était là le trentième anniversaire de la mort de la reine.
Pour ce faire, Plantade utilisa dans l’urgence une messe funèbre composée récemment, mais à laquelle il donna plus d’ampleur et de solennité en gonflant la masse chorale et en suivant les règles d’une grande messe de requiem. On édita la partition sous une forme luxueuse, dans une riche reliure de maroquin, et parmi les souscripteurs qui acquirent cet ouvrage en plusieurs exemplaires, on comptera Louis XVIII, beau-frère de la reine défunte, la duchesse d’Angoulême, sa fille, ou la duchesse de Berry, sa petite-nièce par son aïeule la reine Marie-Caroline de Naples, soeur de Marie-Antoinette. On en envoya des exemplaires dans toutes les cours catholiques et parentes d’Europe dans l’espoir peut-être que cette messe funèbre y serait un jour chantée. Mais on ne la réentendit plus jamais, et c’est la première fois depuis son exécution solennelle en 1823 qu’on redécouvre cet ouvrage, aujourd’hui exécuté par l’Orchestre et les Chœurs du Concert Spirituel, sous la direction d’Hervé Niquet.
Un requiem chanté en 1815 lors du Congrès de Vienne
Le 23 janvier, dans la même Chapelle royale de Versailles, un autre requiem à la mémoire de Louis XVI sera chanté cette fois par quatre solistes accompagnés par le Chœur de chambre de Namur et les musiciens de la Grande Ecurie et de la Chambre du Roy, sous la conduite de Jean-Claude Malgloire.
Ce Requiem à la mémoire du Roi Louis XVI avait été commandé au compositeur Sigismund Neukomm par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, prince de Bénévent, ancien ministre de Napoléon 1er passé au service de Louis XVIII. Et cela afin d’être exécuté au moment où de nombreux souverains et princes européens étaient réunis en Autriche pour le Congrès de Vienne avec les représentants et l'aristocratie de toutes les nations du continent.
Ce requiem fut donné le 21 janvier 1815 en la cathédrale Saint-Etienne, en présence de tous ces rois et diplomates unis pour tenter de reconstruire l’Europe à leur façon après les péripéties de la Révolution française et de l’Empire napoléonien. Comme pour mieux marquer le retour à l'ordre ancien.
Hécatombe royale
En France, sous la Restauration, dès le rétablissement du trône des lys, on s’empressa bien évidemment d’exhumer les restes mortels de Louis XVI et de Marie-Antoinette, là où ils avaient été déposés et où l’on a désormais édifié la Chapelle expiatoire que longe l’actuel boulevard Haussmann. Et chaque année, une messe de requiem était commandée à un compositeur, l'une pour le roi, une autre pour la reine.
Mais avec l’assassinat du duc de Berry en 1820, les diverses messes de célébration finirent par coûter fort cher à la Maison du Roi, et dès 1824 on se contenta de commander la composition d’un unique requiem exécuté le 21 janvier à Saint-Denis à la mémoire de tous les princes du Sang de France victimes de mort violente durant la période républicaine. On ne sait si la charité chrétienne allait jusqu’à inclure dans le lot le duc d’Orléans, ce prince régicide qui avait à la Convention voté la mort de son royal cousin, mais sans doute comprenait-on, avec Madame Elisabeth, la princesse de Lamballe massacrée lors des tueries de septembre 1792, ainsi que le duc d’Enghien enlevé en Allemagne et fusillé à Vincennes par Bonaparte. Bourbons de la branche ainée, Bourbons-Orléans, Bourbons-Condé ou Bourbons-Penthièvre, toutes les lignes de la Maison de France avaient été touchées.
Oraisons funèbres obligatoires
Ces mêmes 21 janvier, jours de deuil proclamé dans toute la France durant la Restauration, dans chaque église de chaque diocèse du royaume, il était obligatoire de célébrer une messe de requiem accompagnée d’une oraison funèbre rédigée à cette occasion. Cela fournira la littérature sacrée en innombrables textes de repentance et exercices de contrition dont de nombreux exemples subsistent dans les archives de tout le pays. Il s’agissait alors de faire expier leurs crimes aux régicides, de faire pleurer en chœur toute la France et de laisser monter au Ciel une même clameur de souffrance et de repentir.
Aujourd’hui encore, dépôt de gerbes sur le lieu de l’exécution du roi, place de la Concorde, marche aux flambeaux à la mémoire de Louis XVI, manifestations diverses montrent combien le sentiment de crime irréparable est encore vif chez certains.
Raphaël de Gubernatis
Messes de Requiem de Luigi Cherubini et Charles Henri Plantade et Méditation religieuse d’Hector Berlioz. Les 21 et 22 janvier à 20h.Messe de Requiem à la mémoire de Louis XVI de Sigismund Neukomm. Le 23 janvier à 20h. Chapelle royale du château de Versailles ; 01 30 83 78 89
L'OBS
Commentaires
"présidée par le chef de la Maison de France, le comte de Paris".
C'est une erreur, le Comte de Paris, de son vrai nom Henri d'Orléans, est le chef de la Maison d'Orléans, descendant direct de Philippe duc d'Orléans, ancien Grand-Maître du Grand Orient de France, Philippe-Égalité, le conventionnel régicide.
Le chef, c'est-à-dire l'aîné de la Maison de France est Louis de Bourbon (1974), dit le duc de Bourbon.
Vive le Roy, à mort la raie publique !
Ce fut le premier procès stalinien avant l’heure ! Nos sanglants révolutionnaires n’ont rien à envier aux sanglants communistes de la révolution russe : ils ont tout inventé : les procès staliniens, les exécutions de masses, la famine et le génocide !
Aujourd’hui nous continuons de payer ces horribles crimes et surtout le régicide de Louis XVI et de sa famille. Et dire que la grande majorité de nos politiciens se vantent de cette horreur que fut la révolution. Mais ils ont une excuse : ils ne connaissent pas l’Histoire de France !