Les raids aériens devraient ralentir. Assad a été informé de cette décision destinée à relancer les négociations de Genève.
Cinq mois après le début de l'offensive militaire russe en Syrie, Vladimir Poutine a créé la surprise en annonçant lundi soir le retrait de «la majeure partie» des forces russes de Syrie à partir de mardi. «Les objectifs ont été dans l'ensemble atteints», a expliqué le président russe. «Cela stimulera le processus de paix», a-t-il ajouté. Poutine a informé par téléphone son allié Bachar el-Assad de son intention de retirer certaines de ses troupes de Syrie. Principal changement à attendre: l'activité aérienne russe devrait se réduire, même si les bases navales et aériennes russes près de Lattaquié et à Tartous continueront à opérer normalement, a ajouté le chef du Kremlin lors d'une réunion avec ses ministres.
Cette annonce surprise coïncide avec le premier jour des pourparlers de Genève sur le lancement d'une transition politique en Syrie. Pour l'opposition et ses parrains internationaux, de telles discussions ne pouvaient sérieusement démarrer sans un arrêt des bombardements russes. D'autant que, depuis le début de cette offensive, les Occidentaux n'ont cessé de dénoncer des raids russes qui frappaient en majorité les rebelles modérés défendus par les grandes puissances.
S'agit-il d'une réelle volte-face ou d'un simple retrait tactique, voire d'une pause qui a priori ne devrait pas concerner les groupes classés comme terroristes, Daech et le Front al-Nosra?
Selon certaines sources, il s'agirait d'une manœuvre pour permettre aux négociations de Genève de produire de vrais résultats. À travers cette annonce, Moscou chercherait à promouvoir des opposants adoubés par la Russie, c'est-à-dire des Kurdes jusque-là évincés des pourparlers et d'autres, basés eux aussi en Syrie, qui formeraient l'ossature d'un futur gouvernement de transition dont la mise au point est au programme des pourparlers de Genève. Baptisé «Groupe de Khmeïmim» (du nom de la base aérienne russe près de Lattaquié), il comprendrait des «opposants syriens qui n'ont pas pris part à la lutte armée contre le régime d'Assad». À Moscou, des experts estiment qu'il s'agit de renforcer la position russe dans les négociations sur le futur de la Syrie. Le Kremlin entend ainsi montrer qu'il est prêt à voir «plus loin qu'Assad ou qu'il a un plan B».
Une chose est sûre: contrairement à ce qu'affirme Vladimir Poutine, les objectifs de l'intervention militaire russe en Syrie sont loin d'avoir été atteints. Au-delà du sauvetage d'Assad qui paraît acquis, l'un de ces buts de guerre visait à «fermer» la frontière avec la Turquie. Ce qui avait justifié l'intensification des bombardements russes au nord d'Alep, qui avaient ruiné la précédente session de pourparlers à Genève, fin janvier. Or, même si l'armée syrienne et les éléments kurdes ont avancé au nord d'Alep, la frontière avec la Turquie est loin d'avoir été neutralisée. De la même manière, si, grâce à l'intervention russe, l'armée syrienne a repris du terrain au nord de Lattaquié, le fief des Assad, ces gains restent fragiles.
Une fois de plus, Vladimir Poutine montre que c'est lui qui imprime le tempo de la crise syrienne. Au début de l'offensive russe fin septembre, des diplomates onusiens insistaient sur son caractère temporaire, rappelant qu'il s'agissait d'abord pour la Russie de lancer un processus diplomatique en vue d'une transition. Mais une transition maîtrisée par le Kremlin. D'où cette initiative surprise face à laquelle la prudence est de mise.
LE FIGARO
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Toute défaite de la Russie contre les USA ou la Chine est une défaite de la race blanche.