L'arsenal saisi à Argenteuil, chez le djihadiste interpellé la semaine dernière, était susceptible de provoquer une attaque similaire à celle du 13 novembre, a indiqué le procureur de la République François Molins mercredi soir.
Reda Kriket, djihadiste français de 34 ans intercepté jeudi dernier dans les Hauts-de-Seine, était bel et bien impliqué dans un attentat imminent et de grande ampleur. Si les enquêteurs ignorent encore tout des détails et des cibles potentielles de son équipée terroriste, ils ont retrouvé dans l'appartement «conspiratif» d'Argenteuil (Val-d'Oise), que le terroriste présumé louait sous une fausse identité depuis l'été 2015 et dont il réglait les mensualités en espèces, ce que le procureur de la République François Molins a appelé mercredi soir un «véritable arsenal d'armes et d'explosif d'une ampleur inédite».
Un véritable laboratoire clandestin
Sur le plan chimique, la «planque» abritait en effet trois bouteilles d'oxygène, de l'acétone, deux bidons d'acides, des thermomètres, des doseurs, des balances électriques, des seringues, des masques et des gants ainsi qu'un Tupperware renfermant 105 g de TATP, un puissant explosif artisanal communément appelé «peroxyde d'acétone» et que prisent les djihadistes du groupe État islamique (EI). Véritable laboratoire clandestin, l'appartement, situé au quatrième étage d'un immeuble, recelait en outre tout un attirail électrique, dont un détonateur à seringue, un sac rempli de guirlandes électriques découpées pouvant aussi rentrer dans la composition d'une chaîne pyrotechnique, quatre cartons de 10 cm3 bourrés de milliers de petites billes d'acier susceptibles de «polycribler» des victimes potentielles. Outre cinq passeports volés et sept téléphones mobiles neufs encore dans leur emballage, les policiers ont aussi découvert deux ordinateurs contenant de la documentation en lien avec des groupes djihadistes et des recettes de fabrication de bombes ainsi qu'un livre sobrement intitulé Le Laboratoire moderne.
Pas moins de cinq kalachnikovs, un pistolet-mitrailleur croate et sept armes de poing complétaient enfin cette étourdissante panoplie guerrière, sachant qu'un coffre-fort renfermait quant à lui 1,3 kg d'explosif industriel et six fioles de glycérines acides.
Traqué depuis l'automne dernier
C'est une clef retrouvée dans la poche de Kriket qui a permis de mettre à jour cette incroyable «cache». Son interpellation, jeudi à 13h15 dans une rue de Boulogne-Billancourt, est le fruit d'une traque amorcée l'automne dernier et qui s'est accélérée ces derniers jours.
En travaillant sur le «cercle relationnel» d'un dénommé Miloud, individu interpellé à Adana en Turquie, expulsé vers la France, puis placé en détention provisoire depuis le 28 novembre dernier pour association de malfaiteurs terroristes, les enquêteurs de la DGSI sont remontés jusqu'à Anis Bahri, 32 ans, arrêté dimanche dernier à Rotterdam en compagnie de deux complices présumés ainsi que sur Reda Kriket. Condamnés pour des affaires de vols avec violences ou avec armes, de recels ainsi qu'une série d'autres délits, les deux hommes sont soupçonnés «de s'être rendus en Syrie entre fin 2014 et début 2015», a révélé François Molins, notant en outre qu'ils «étaient suspectés depuis leur retour de faire des allers-retours entre la France, la Belgique et les Pays-Bas».
Français de 32 ans, né à Montreuil et domicilié dans le Val-de-Marne, Anis Bahri fait l'objet d'un mandat d'arrêt européen des juges français. Il a comparu mardi lors d'une audience à Amsterdam et s'est opposé à son extradition demandée par Paris. La justice a désormais 90 jours pour examiner la demande de la France.
Dans le cadre d'une enquête commune d'enquête crée dès le 18 mars dernier avec leurs homologues français, les policiers belges ont quant à eux appréhendé deux autres complices présumés de Kriket. Il s'agit de Rabah M. et Abderrahmane A., déjà condamné en 2005 dans un dossier terroriste lié à l'assassinat du commandant Massoud. Âgés respectivement de 38 et 34 ans, ces deux Algériens ont été inculpés. La justice fédérale doit décider le 7 avril prochain de leur maintien ou non en détention.
À l'issue de six jours de garde à vue, Reda Kriket a notamment été mis en examen pour «participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle, c'est-à-dire en vue de la préparation d'un ou plusieurs crimes d'atteinte aux personnes». Pendant son audition, Kriket a fourni peu d'explications, soutenant notamment que l'appartement avait été loué à la demande d'un mystérieux inconnu, qu'Anis Bahri était une «ex-connaissance», avant de concéder qu'il l'avait hébergé à Argenteuil.
«Tout laisse à penser qu'ils allaient passer à l'action», a assuré mercredi François Molins, qui a précisé que les «explosifs étaient prêts à l'emploi» et que les téléphones neufs auraient pu permettre de coordonner une équipée sanglante. L'idée d'un attentat multiple, analogue à celui qui a endeuillé Paris et Saint-Denis le 13 novembre, hante les esprits. Sans jouer les Cassandre, le procureur a martelé: «Le risque zéro ne pourra jamais exister dans un contexte de menace terroriste majeur sur notre territoire et en Europe.»
LE FIGARO
Commentaires
il est évident que le risque zéro ne sera jamais à l,ordre du jour , vu les mesurettes que les états européens prennent à l,encontre des terros . .!!
salutations.
Reda Kriket rêvait de posséder soixante-douze sauterelles ;o)
Très bon! ;o))