Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Tribune libre – Les mythes fondateurs de la civilisation européenne, par Vincent Revel

Confusion_of_Tongues.png

La confusion des langues par Gustave Doré

 

 

De plus en plus, nous subissons l’uniformisation des sociétés par le biais de la mondialisation. Cette dynamique, encouragée par nos dirigeants, devient même un absolu. En dehors de ce chemin, balisé par notre élite corrompue, il n’existerait aucune autre alternative. La pensée égalitariste, qui défend l’idée du multiculturalisme, nous laisse croire en une harmonie nouvelle construite sur les cendres de notre héritage et de notre identité.

Malheureusement, cette utopie nous mène vers une impasse. Ceux qui prennent le risque de dénoncer la fragilité extrême de ce modèle de société et la dérive communautariste qui en découle sont systématiquement caricaturés, insultés et ostracisés. Cette méthode est implacable ! Comme nous le dit l’écrivain-historien Luc Mary, dans l’Antiquité grecque, l’ostracisme « signifiait la perte des droits civiques de l’accusé et l’exclusion temporaire de la société ». Avec cette censure d’un nouveau genre, appliquée au nom de la pensée unique, nous sommes sous la menace de « l’asservissement des consciences ».

C’est dans une situation aussi tendue et déstructurante qu’il est intéressant de questionner nos anciens mythes fondateurs. Celui de la tour de Babel est plus qu’évocateur ! Selon le professeur émérite des Universités Claude-Gilbert Dubois, « la tour de Babel résume un symbole politique, celui du grand empire, fortement centralisé, étroitement et massivement organisé, unifié, à forte hiérarchie et à visées conquérantes… où il n’y a ni marginaux ni exclus ni laissés pour compte. » « Les principes d’organisation de cette société fictive sont l’unitarisme et le totalitarisme. Uniformisme, puisque tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et totalitarisme, puisque tous participent à la même tâche constructive. » Le résultat tend au conformisme « car chaque individu se fond dans cette masse appelée les hommes et n’a plus d’existence propre. » L’objectif poursuivi est celui de « la conquête du ciel ». Face à cet égarement et à cette prétention, ce mythe nous apprend que Dieu, dans une posture paternaliste, souhaitait préserver « le maintien d’un pluralisme qui assure à chaque peuple une identité et une part d’autonomie. » Cette utopie de la démesure propre à l’homme a précipité la chute de cette société qui prenait le risque de rompre l’harmonie « d’un monde régulé ».

Ce texte biblique rejoint, d’une certaine façon, le mythe prométhéen et ses divers avatars comme « les mythes du surhomme, de la race supérieure, les mythes communistes de la parfaite répartition des biens, de la cité idéalement égalitaire, les mythes capitalistes du libéralisme généralisé engendrant soi-disant l’harmonie » et le concept nouveau de se définir comme « citoyen du monde ». Avec cette tour de Babel, nous voyons déjà la condamnation du melting-pot et des agglomérations démesurément grandes, pour défendre l’idée d’un aménagement raisonné et harmonieux de notre environnement où chaque peuple aurait droit à son territoire. Ceci s’appelle la vraie diversité des cultures et des civilisations, à l’opposé de ce que nous proposent les « intellos-bobos » avec l’uniformisation des esprits.

Un autre mythe, développé avec intensité dans la tragédie de Sophocle, nous raconte l’épopée thébaine et l’histoire d’Œdipe. Au-delà du supposé complexe développé par Freud nous expliquant « l’ensemble des relations d’amour et de rejet de l’enfant à l’égard de ses parents », c’est la question de l’identité qui nous est présenté. Les questions que nous renvoie ce mythe sont : qui sommes-nous et d’où venons-nous ? « Le mythe d’Œdipe raconte la période préhistorique de l’histoire future de la conscience de soi. » Il nous introduit « de plain-pied dans l’histoire et les secrets de la vie de l’individu. » Le mythe de Cassandre est encore plus parlant. « Elle prévoit le futur mais elle a beau le dire en termes clairs, on ne l’écoute pas. On ne pense à elle que lorsque la prédiction s’est réalisée. Il est toujours trop tard. » De ce fait, elle ne put éviter la destruction de Troie et sa fin tragique ainsi que celle du roi Agamemnon.

Tout ça pour dire, qu’en cette période d’incertitude, où de faux rebelles et de pseudo-indignés se rassemblent autour de concepts creux comme celui de « Nuit debout », où nos « belles âmes » ne cessent de déconstruire les valeurs et les principes de notre civilisation occidentale, il serait judicieux de nous référer plus souvent à ces vieux mythes qui peuvent parfois nous paraître désuets, étranges, violents, barbares ou tout simplement farfelus car le futur appartient toujours à celui « qui a la plus longue mémoire » et ceci nous éviterait peut-être de connaître un nouveau Ragnarök sans y être préparés !

Vincent Revel

Commentaires

  • On ne soulignera jamais assez, compte tenu de l’état d’esprit ambiant que le mondialisme impose depuis plusieurs décennies, la nécessité de conserver un pluralisme des civilisations. Une humanité uniformément grise que veulent nous imposer les dictateurs du NOM est une humanité morte comme le fut celle qui tenta de construire la Tour de Babel.

    En fait l’histoire et la science montrent qu’il est nécessaire que vivent des sociétés diverses fondées sur l’éthnie, le peuple, la culture et la civilisation: c'est ce qu'on appelle aussi la nation. D’ailleurs les dictateurs du NOM ne sont pas à une contradiction prés : d’un côté ils prétendent que chaque homme est unique, caractérisé par un capital génômique unique, d’un autre côté ils veulent que tous les hommes soient identiques caractérisés par le même génôme !

  • Excellent texte de Vincent REVEL.
    Oui Gaëlle, nous avons nos propres mythes fondateurs et il faut larguer les "Jewish Fairy Tales" de la Bible qui ne sont pas de chez nous ! Nous sommes du peuple des forêts, pas du désert ! L'Iliade et l'Edda plutôt que la Bible ! Athènes plutôt que Jérusalem !
    Nietzsche le savait qui affirmait que le futur appartenait à celui qui avait la mémoire la plus longue. La nôtre est multimillénaire et nous n'avons aucune raison de la nier. C'est une question de fidélité et d'honneur (2 préoccupations absentes de la Bible !).

  • Dirk : contrairement à Nietzsche , feu le Mal Pétain disait déjà à son époque , "Français vous avez la mémoire courte " , je crains que c,est lui le visionnaire . .!!
    salutations.

  • Les rabbins savent manoeuvrer leurs dupes . L'Histoire Sainte est entièrement composée pour des pauvres en esprit .
    Jadis l'un des espoirs de la " communauté " d'Amsterdam paya cher le fait d'avoir dévoilé le pot aux roses .

Les commentaires sont fermés.