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De Verdun à Cannes : le triomphe du dérangeant

 

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Comme si le but de la vie sociale, du culte du passé, de la saveur du présent, de l’art était de « déranger ».


Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole

 
 

Ainsi, depuis quelques jours, parce que le rappeur Black M avait été invité à chanter le 29 mai à Verdun pour, croyait-on, "la commémoration du centenaire et en souvenir des centaines de milliers de morts pour la France", une controverse qui n’avait pas été suscitée que par l’extrême droite, avait pris de l’ampleur […].

Le maire de Verdun, le socialiste Samuel Hazard, confirmait que sa future présence résultait d’un "choix collégial et unanime" validé par la Mission du Centenaire, l’Etat, le département et la région lors d’un comité interministériel.

En raison des "risques forts de troubles à l’ordre public" et de cette effervescence "de haine et de racisme" imputée principalement par le maire à l’extrême droite, la venue de Black M était annulée et on apprenait que son concert était prévu dans la soirée pour 4000 jeunes et qu’il n’avait pas de lien avec "l’hommage mémoriel".

Faut-il […] continuer à s’étonner que, pour une telle journée et en suite d’une aussi solennelle et grave cérémonie, un accord unanime ait pu accepter un tel concert et avec ce rappeur ? Convient-il de se féliciter parce que l’impudeur et l’indécence n’étaient pas allées jusqu’à une inacceptable confusion ou cependant déplorer que personne n’ait songé, dans ce processus du haut jusqu’en bas, de l’Etat à la mairie, à signaler l’aberration de ce tour de chant dont le rappeur précisait qu’il n’était fait que pour "donner du plaisir" ? Par quelle aberration pensait-on pouvoir distinguer, le 29 mai, aussi artificiellement, la conscience, le respect et la mémoire du divertissement et de la vulgarité ? […]

Je ne peux pas m’empêcher de relever dans cette dérive officielle "le triomphe stupide du dérangeant", l’envie frénétique de s’échapper d’une belle et classique normalité, de provoquer, de surprendre et d’avoir une conception de la jeunesse, si médiocre qu’on l’aurait souhaitée prise par le rap plus que par l’Histoire.

Le rapprochement que j’opère avec le Festival de Cannes n’est pas artificiel parce que "le triomphe stupide du dérangeant" y est en quelque sorte chez lui et qu’on a parfois l’impression, quand on voit après les films qui ont été sélectionnés, que, pour sa bonne santé et sa qualité, le cinéma devrait échapper au cinéma et cet art ne plus être confié aux seuls professionnels mais au moins faire une large place aux amateurs.

Quand J’entends le cinéaste Alain Guiraudie déclarer avec un air de fierté que son film, le premier en compétition – Rester vertical – est dérangeant et que même certains critiques, qui généralement s’accommodent de tout, le trouvent trash, je m’inquiète. "On y filme en direct un accouchement, les sexes féminins et masculins sont filmés de très près et il y a une sodomie avec un mourant sur fond de musique planante " […]

Comme si le but de la vie sociale, du culte du passé, de la saveur du présent, de l’art était de "déranger".

Déranger est devenu l’alibi des "créateurs" qui n’ont que cette unique corde à leur arc […]. Le dérangement, comme tant d’autres procédés qui pourraient être valablement utilisés, sans en abuser, comme moyens de l’expression, s’est dégradé en une fin. […]

Le triomphe stupide du dérangeant. Que tous ceux qui en profitent ne s’en plaignent pas et l’exploitent, soit. […] Mais que cette déliquescence du goût soit accompagnée, théorisée, magnifiée par des regards, des écoutes et des esprits qui devraient au contraire la dénoncer, c’est la tragédie d’aujourd’hui.

Dans une telle critique, rien de réactionnaire ni de poussif. Seulement un désir de faire revenir au coeur la plénitude et la chaleur de l’humain, la force éblouissante de l’universel et de son partage avec tous.

Rien qui dérange, tout qui exalte.

Extrait de : Le triomphe stupide du dérangeant….

BV

Commentaires

  • S'ils aiment le "dérangeant", je propose qu'on invite ce Black-Haine à Auschwitz pour commémorer les morts de la Shoah !
    Rien que pour voir, parce que c'est tout à fait comparable !

  • Dirk: Non !! car dans ce cas de figure ,cela serait un abominable dérangement , certains lieux sont plus tabous et sacrés que d,autres . . quand même . .!!
    salutations.

  • Vivement le festival de Strauss-Cannes ;o)

  • Viol au-dessus d'un nid de cougars, ce festival musqué! Il y aurait toute sa place.

  • Bien sûr que le concert de Black M avait un lien avec l ' éloge mémoriel puisqu' il avait été décidé par un comité interministériel en relation avec la mission du Centenaire.
    Les mondialistes ne reculent devant aucun mensonge.

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