VIDÉO - Après une mobilisation anti-loi travail record mardi, Manuel Valls assène ce dimanche dans Le JDD : «il n'y aura ni retrait du texte, ni modification de sa philosophie, ni réécriture des articles qui en constituent le coeur». La CGT promet, elle, des actions cet été.
Près de quatre mois après le début de la contestation, Myriam El Khomri et Philippe Martinez se sont entretenus vendredi, trois jours après une journée de mobilisation qui a rassemblé entre 125.000 et 1,3 million de personnes. Seul point de consensus: la journée du 14 juin a été la plus importante depuis le début de la contestation. La rencontre entre la ministre du Travail et le leader de la CGT n'a cependant débouché sur aucune perspective de fin de conflit. Au contraire, Philippe Martinez a confirmé que deux nouvelles journées d'action se tiendraient les 23 et 28 juin prochains. Preuve s'il en est de l'étendue des désaccords, Manuel Valls ayant demandé mercredi au syndicat d'arrêter les manifestations à Paris.
Face aux violences qui persistent et s'intensifient au fur et à mesure des mobilisations, alors que l'état d'urgence est toujours en place et que se déroule l'Euro de football, le premier ministre s'est ainsi dit prêt à «prendre ses responsabilités» pour interdire «au cas par cas» ce type de rassemblements. Dans Le JDD dimanche, le premier ministre estime que «les organisateurs devraient annuler eux-mêmes ces rassemblements» car, selon lui, «il n'y aura ni retrait du texte, ni modification de sa philosophie, ni réécriture des articles qui en constituent le coeur». François Hollande a lui aussi prévenu que les autorisations de manifester ne seraient plus accordées si la sécurité «des biens et des personnes» ne pouvait être «garantie».
» Loi travail: Hollande osera-t-il interdire la manifestation de la CGT?
Les opposants ne se laissent pour autant pas intimider. Sur iTélé ce dimanche, Philippe Martinez a prévenu que «des formes de mobilisation» auraient lieu cet été. Il a également confirmé la tenue des deux nouveaux rendez-vous pris, les 23 et 28 juin. «Oui, les manifestations seront maintenues tant que le gouvernement maintiendra son texte», a martelé le leader de la CGT, qui a assuré que la CGT était «un syndicat responsable», prenant l'exemple d'une manifestation annulée lundi à Toulouse, sur demande du préfet.
Dans le sillage de la CGT, Force ouvrière a elle aussi prévenu, samedi, qu'elle n'avait pas l'intention «de laisser faire les choses». Anticipant un nouvel usage du 49-3 lors du retour du projet de loi à l'Assemblée en juillet, Jean-Claude Mailly a souhaité «bien du courage [au premier ministre et au président de la République] à la rentrée». «Ce mouvement ne se terminera pas tout seul, a-t-il prévenu. En juillet, ce sera évidemment plus difficile mais ça ne veut pas dire qu'il ne se passera pas autre chose en septembre, sous des formes autres.»
Certains opposants à la loi travail ont d'ailleurs déjà commencé à varier leurs modes d'action. Vendredi, les initiateurs de la pétition contre le projet de loi, qui avait dépassé le million de signatures, ont lancé l'opération «casseroles debout». Au programme: «rencontres, débats et apéros» avant un «concert de casseroles» de trois minutes. «Le gouvernement ne nous entend pas donc on va faire plus de bruit», a expliqué Caroline de Haas au Figaro.
Retour du projet de loi en juillet à l'Assemblée
Pendant ce temps, le texte continue sa navette parlementaire. Examiné par le Sénat depuis le 6 juin, et sous l'effet de la majorité de droite, le projet de loi a été durci. Le fameux article 2, qui porte notamment sur l'organisation et le temps de travail et cristallise les tensions, revient désormais sur la semaine de 35 heures. Cette disposition ne devrait toutefois pas perdurer une fois le texte revenu à l'Assemblée, où la gauche possède toujours une courte majorité. «Nous rétablirons la version adoptée à l'Assemblée, qui avait déjà intégré près de 800 amendements» sur ce texte, «fruit d'un compromis bâti avec les syndicats réformistes et avec la majorité socialiste», dit Valls.
Après avoir fait usage du 49-3 en première lecture, le gouvernement le dégainera-t-il à nouveau? Dimanche dans Le JDD, Manuel Valls se montre offensif: «Maintenant, il faut aller vite et faire adopter ce texte». Habilement, il n'évoque pas un éventuel nouvel usage du 49-3.
Pour Jean-Claude Mailly, «le gouvernement est maintenant confronté à un choix: ou il ne change rien, il reste ferme sur ses positions en n'écoutant rien [...] ou le gouvernement bouge et on peut espérer un vote normal au Parlement». Bouger, c'est-à-dire modifier certains articles, comme le demande FO, ne ferait pas le jeu de la CFDT, fervent soutien du texte, et qui avait imposé les précédentes inflexions.
Le texte doit revenir à la chambre des députés le 5 juillet. Le temps pour le gouvernement de réfléchir à ses options et pour les opposants de se faire entendre. Au risque que la contestation se radicalise encore un peu plus.
LE FIGARO
Commentaires
N'oublions pas que le FN est le premier parti ouvrier de France et que ses électeurs se trouvent parmi les manifestants et ils ont bien raison de manifester!
Dans cette hypocrite partie de bras de fer, il y a du cinéma ! Valls est au plus bas dans les sondages et il besoin de redorer son image ; mais ils finiront par se mettre d’accord sur le dos du peuple, comme d’habitude !