Intronisée à Downing Street mercredi après-midi, elle veut donner des gages aux partisans de la sortie de l'UE mais prendre son temps.
Le vétéran tory Kenneth Clarke n'a jamais la langue dans sa poche. Theresa May? Une «femme sacrément difficile», lâchait-il la semaine dernière devant une caméra qu'il croyait éteinte. La nouvelle premier ministre a eu tôt fait de retourner le compliment à son avantage. «Ken Clarke dit que je suis une femme sacrément difficile. Le prochain à le découvrir sera Jean-Claude Juncker», lançait-elle devant les députés conservateurs, à propos du président de la Commission européenne. Le voici prévenu! Forte de son aura de nouvelle «dame de fer», elle entend transformer son péché originel d'avoir été pour le maintien dans l'Union européenne au cours de la campagne du référendum, en une fermeté zélée pour la mise en place du Brexit.
Après quinze jours de crise politique aux rebondissements quotidiens depuis le vote des Britanniques, tout s'est finalement réglé très vite ces deux derniers jours. Protocole oblige, il a juste fallu attendre que la reine rentre à Londres ce mercredi pour que David Cameron puisse aller lui remettre sa démission dans l'après-midi. Il lui recommandera le nom de Theresa May pour lui succéder. Celle-ci le suivra à Buckingham Palace et s'installera immédiatement à Downing Street.
Si elle a esquissé les grandes lignes d'un programme de gouvernement, le Brexit sera sa priorité. Elle promet de faire de cet impératif «un succès». Elle veut rassurer ceux qui ont voté pour la sortie de l'Europe: «Il n'y aura pas de tentatives de rester dans l'UE, pas de tentatives de la rejoindre par la porte de derrière, et pas de second référendum.» On ne saurait être plus clair. «Notre pays a besoin d'une direction forte et expérimentée pour le conduire à travers cette période d'incertitude économique et politique, pour négocier le meilleur accord pour la Grande-Bretagne alors que nous quittons l'UE, et nous forger un nouveau rôle dans le monde», déclarait Theresa May à l'annonce de son intronisation. Reste que, outre ces grands principes qui reprennent en partie la rhétorique des «brexiters» sur la place du Royaume-Uni dégagé du carcan européen dans le monde, on n'en sait guère plus sur les modalités du divorce.
Après le flou artistique de Boris Johnson, l'incertain «modèle albanais» cher à Michael Gove, et les approximations d'Andrea Leadsom, le Parti conservateur s'est ressaisi pour, au moins, confier le destin du pays à une femme réputée pour son sérieux. L'arrivée de Theresa May à Downing Street a d'ailleurs eu pour premier effet de rassurer les marchés. À la différence de certains des tenants de la rupture, elle semble privilégier le maintien d'un accès au marché unique, destination de 44 % des exportations britanniques. Mais cela ne se fera pas au détriment du retour du «contrôle» britannique sur la liberté de circulation. Toute la difficulté sera donc de négocier à la fois les futures relations économiques avec l'UE et la souveraineté de Londres en matière d'immigration. Theresa May a d'ailleurs adopté une position de départ particulièrement ferme en faisant du statut futur des Européens déjà installés au Royaume-Uni un sujet de négociation, sans doute en échange des conditions réservées aux expatriés britanniques en Europe.
Le flou reste de mise sur le calendrier. En dépit de la hâte des partisans du Brexit, Theresa May s'est jusqu'à présent montrée peu pressée d'invoquer l'article 50, qui lance le compte à rebours du départ, avant la fin de l'année. Selon le Telegraph, elle pourrait même attendre la fin 2017, après les élections françaises et allemandes. Si les partenaires européens risquent de s'impatienter, sur le papier au moins, Londres garde la maîtrise de son timing.
Un ministre du Brexit sera créé dans l'équipe de Theresa May, chargé de coordonner ces pourparlers avec Bruxelles et les implications pour l'administration britannique. Il pourrait échoir à Chris Grayling, ministre dans le gouvernement sortant, qui a fait campagne pour la sortie de l'UE mais a soutenu la candidature de Theresa May dès son lancement. Celle-ci doit annoncer rapidement les postes- clés de son entourage. Le ministre des Affaires étrangères sortant Philip Hammond, un eurosceptique modéré qui a fait, comme elle, campagne pour le maintien dans l'UE, pourrait devenir chancelier de l'Échiquier. Il ne semble pas partisan non plus de presser le mouvement: il a fait allusion à un divorce qui pourrait s'étaler sur quatre ans. Le Trésor sera un poste stratégique alors que le pays risque d'être confronté à une récession, à en croire les prévisions d'économistes. Le dogme de l'austérité budgétaire en vigueur depuis six ans risque d'en faire les frais. Le sortant George Osborne, pourrait, lui, s'il sauve sa peau, passer de l'Économie aux Affaires étrangères. Des postes seront réservés à certaines figures du Brexit, dont Andrea Leadsom, remerciée pour son sacrifice qui a précipité le couronnement de Theresa May, ainsi que Michael Gove et peut-être Boris Johnson.
LE FIGARO
Commentaires
N’ayons aucune illusion : May sera ferme pour empêcher le brexit !
Elle est déjà inféodée à l’Israël qui dirige en sous-main l’UE surtout en matière d’immigration, et le parlement anglais est contre le brexit : il faudrait donc commencer à dissoudre le parlement. Et elle ne veut sûrement pas cela ! Je pense que tout cela est du cinema pour prendre son temps et faire durer l’affaire pendant 4 ans: elle espère sans doute que d’ici 4 ans elle fera oublier le brexit !
pas beaucoup de diversité dans cette belle brochette , pas représentatif de la GB tout cela , j,espère que nos bien pensants vont trouver à redire sur ce malheureux oubli . .!!
salutations.