Vice-présidentdu think tank France-Amériques, qui a pour mission de mieux faire connaître les Etats-Unis en France, Jean-Claude Beaujour, avocat, partage sa vie entre Paris et Washington. Il estime que rien n'est joué pour la présidentielle.
Le dernier scandale ne sera-t-il pas fatal à Trump ?
Jean-Claude Beaujour. Ses propos particulièrement sexistes ne vont évidemment pas l'aider. Cependant, il faut rester très prudent. Je ne pense toujours pas que Donald Trump ait atteint son maximum. Il y a bien sûr les incertitudes inhérentes aux « swing states » (ces quelques Etats indécis où l'opinion bascule régulièrement d'un camp à l'autre). Mais il y a aussi un phénomène que je comparerais à celui du FN il y a une vingtaine d'années : un électorat dormant qui n'osait pas avouer qu'il votait pour Jean-Marie Le Pen. Je pense qu'il joue à plein en faveur de Trump et que les sondages le sous-estiment.
Quelles sont les raisons qui vous rendent prudent ?
Le facteur principal du vote pro-Clinton est son expérience. C'est un vote de raison. Or, dans les « swing states », où quelques milliers de voix peuvent faire la différence, les électeurs votent plus par ferveur que par raison. L'électorat de Trump, ces petits Blancs modestes, laissés pour compte et peu éduqués, sont plus motivés car ils ont le sentiment que c'est la dernière fois que leur est offerte la possibilité de voter pour une Amérique blanche, traditionnelle. Les Blancs représentent 63 % de la population. En 2050, ils ne seront plus que 46 %. D'ailleurs, malgré ses écarts de langage, Trump n'a pas vu sa cote dramatiquement chuter jusqu'à présent.
La conjoncture ne joue-t-elle pas en faveur de Clinton ?
L'économie va mieux, mais la précarité reste élevée. Surtout, les questions de sécurité et d'immigration sont centrales. Il suffirait d'un attentat pour que Trump en tire profit. Et puis Clinton a toujours plusieurs boulets aux pieds : les e-mails, certains aspects de sa politique extérieure quand elle était secrétaire d'Etat et surtout son image de membre de l'establishment. Enfin, elle n'a toujours pas fait de discours fondateur. Obama, en 2007, avait su inscrire son élection dans l'histoire américaine.
Et comme première femme présidente, surtout en regard du sexisme de Trump ?
Clinton n'a joué sur cette corde que récemment. Elle est de la génération des « civil rights », pour qui la bataille des droits des Noirs est essentielle, pas celle des femmes qui pour cette classe d'âge ne doivent bâtir leur réussite que sur leur mérite. Je ne suis pas sûr qu'elle arrive à mobiliser les jeunes femmes, tout comme les jeunes Noirs, d'ailleurs. C'est pour cela qu'elle a envoyé Michelle Obama à la rescousse. Ces dernières semaines, on voit beaucoup la first lady battre la campagne. Reste à savoir si, après les dernières révélations sur Trump, les féministes se mobiliseront pour Clinton.
LE PARISIEN
Commentaires
Et toujours ce constat méprisant:ce sont les petits blancs , peu eduques, qui votent contre ceux qui savent mieux que nous ce qui est bon pour nous!
J'aime bien les paysans, ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers!
exact , toujours le même constat que déplore les intellectuels , classe politico-médiatique , bobos et autres , ces petits blancs qui ne veulent pas voter pour l,élite progressiste , ces petits blancs que nombre veulent voir disparaitre ou a la rigueur se fondre dans une société multiraciale lobotomisée .
salutations.