Par Arthur Berdah
Mis à jour le 25/10/2016 à 19h02
LE SCAN POLITIQUE - Le candidat du Parti chrétien démocrate désobéirait ainsi à l'une des règles fondatrices de la primaire. Dans un communiqué publié ce mardi, il s'est toutefois défendu de toute «hésitation» sur le sujet.
Sera-t-il la prise de guerre dont ils rêvent à voix haute? Alors que le Front national s'évertue depuis quelques années à attirer de nombreux transfuges de la droite dans ses filets, une cible potentielle leur adresse des appels du pied: Jean-Frédéric Poisson. Candidat à la primaire à droite au nom du Parti chrétien démocrate, le député des Yvelines multiplie les déclarations ambivalentes. Ainsi, après avoir estimé qu'il fallait «en finir avec le cordon sanitaire» autour de l'extrême droite et s'être affiché au côté d'un soutien de Marine Le Pen lors du débat télévisé de la primaire, l'héritier de Christine Boutin vient aujourd'hui de franchir un nouveau cap.
Interrogé par Lyon People, il n'a effectivement pas exclu de voter FN dans un second tour Le Pen-Juppé. «On verra», élude-t-il d'abord. Avant de glisser mystérieusement: «Il peut se passer beaucoup de choses en 6 mois». «Plus je vois évoluer Alain Juppé, plus je me dis que le projet de société multiculturelle qui a mis la France par terre est décidément à côté de la plaque», poursuit-il encore. Une défiance qui rappelle un indiscret révélé en avril dernier par RTL, où il se disait prêt à «tout pour le faire perdre».
Une attitude qui irait à l'encontre de ses engagements écrits et oraux
Toutefois, cette attitude l'inscrirait en faux par rapport à l'une des règles fondatrices de la primaire: la charte, signée par les candidats, impose de soutenir le candidat qui sera désigné au terme du scrutin. Si Jean-Frédéric Poisson ne respectait pas cette règle, il ne trahirait pas «simplement» un engagement écrit mais aussi une promesse orale. En effet, comme l'a soulevé l'entourage d'Alain Juppé auprès du Figaro, le parlementaire avait donné sa parole aux journalistes lors du premier débat télévisé de la primaire, organisé le 13 octobre par RTL, Le Figaro et TF1. «Oui», avait-il sobrement promis, quand les autres candidats y avaient tous ajouté un «bien sûr», «évidemment» ou «sans réserve».
Dans un communiqué publié mardi en fin de journée, l'ancien maire de Rambouillet a tenté de clarifier sa position. Se disant «inquiet» par «le projet que porte Alain Juppé», l'élu assure cependant qu'il «continue de penser que, malgré leurs faiblesses, les familles politiques de la droite et du centre sont les plus à même de diriger le pays dans la tranquillité à partir de 2017». «Ce qui n'est pas le cas du Front national», ajoute-t-il, jurant être «opposé» au projet de Marine Le Pen. Sans jamais aller jusqu'à dire clairement qu'il votera pour le candidat désigné par la primaire quel que soit le scénario en mai prochain, il affirme que sa réponse au site rhodanien ne traduit pas de «quelconque hésitation».
Cette déclaration, si elle reste suffisamment ambiguë pour ne pas l'inquiéter outre mesure, intervient dans un contexte peu favorable pour le parlementaire. Vivement contesté par l'ensemble de ses adversaires pour avoir cru bon de dénoncer la supposée «proximité de (Hillary) Clinton avec les super-financiers de Wall Street et sa soumission aux lobbies sionistes», l'élu a fait l'objet d'une saisine de la Haute-Autorité de la primaire, qui cependant décidé de le maintenir dans la compétition.
Maréchal-Le Pen ouvre la porte à des «discussions» avec Poisson
Pourrait-il venir se réfugier chez le voisin, là où l'herbe est plus bleue? Menacé d'exclusion de la primaire à droite pour ses propos sur les «lobbies sionistes» auxquels serait soumise Hillary Clinton, Jean-Frédéric Poisson est conspué à droite mais soutenu à l'extrême droite. Et notamment par Marion Maréchal-Le Pen, comme elle l'a déclaré ce mardi sur RTL. «Moi je n'aurais pas utilisé cette expression», a-t-elle d'abord esquivé, avant de confier sa «sympathie humaine et même politique» pour le parlementaire, qu'elle ne suspecte pas «une demi-seconde» d'être antisémite. De même, elle exclut toute disqualification de la primaire à droite: «Ils en (feraient) un martyr, donc je pense qu'il ne le feront pas», analyse-t-elle. Mais elle ajoute immédiatement: «J'ai beaucoup d'accointances politique avec (lui), c'est loin d'être la caricature qu'on essaie (d'en) faire, donc discuter oui, bien sûr, pourquoi pas».
Le Figaro