Par Emmanuel Galiero
Mis à jour le 30/10/2016 à 18h05
INTERVIEW- Avant que le Conseil d'État ne rende, le 3 novembre, sa décision sur les crèches dans les édifices publics, le fondateur du Mouvement pour la France (MPF) a écrit une lettre à l'Institution. Il a expliqué le sens de sa démarche au Figaro.
LE FIGARO. - Dans quel but avez-vous écrit à la présidence du Conseil d'État?
Philippe de VILLIERS. - J'attends du Conseil d'État une décision qui fasse le choix, non pas d'une laïcité du vide, qui serait un appel d'air à l'islamisme mais d'une laïcité vivante, qui s'accorde à nos traditions.
Un certain malaise s'est exprimé au sein du Conseil sur la question des crèches. Comment l'analysez-vous?
Le malaise vient du fait que les conseillers d'État, pour beaucoup d'entre eux, ne comprennent pas qu'il n'y a qu'une seule issue raisonnable pour que la laïcité ne soit pas une aspiration du vide: se référer, en passant par-dessus le cultuel et le culturel, à la notion de prééminence que légitiment l'antériorité historique mais aussi la supériorité morale de la civilisation occidentale fondée sur la condamnation de la violence, la liberté personnelle et l'égale dignité des êtres humains. Nombre de conseillers d'État sont, comme nos élites, submergés, pénétrés, imprégnés de laïcisme et de multiculturalisme.
Cet été, le Conseil d'État s'est prononcé contre les arrêtés municipaux anti-burkini. Ne vous attendez-vous pas à une réponse semblable concernant les crèches?
Hélas, oui. C'est pourquoi j'ai écrit cette lettre, dans une démarche insolite mais qui me paraît nécessaire. Les conseillers d'État ont dit «oui» au burkini. S'ils disent «non» aux crèches, le Conseil d'État changera de nature dans le cœur des Français. Il ne sera plus le Conseil d'État de la France qui nous protège mais le Conseil d'État islamique.
Pour quelle raison la séparation entre le cultuel et le culturel vous semble-t-elle «dépassée», voire contraire à la laïcité?
Parce qu'une crèche est à la fois de l'ordre du culturel et du cultuel. Les personnages de la crèche (Jésus, Marie, Joseph) appartiennent à une histoire religieuse relevant du cultuel alors que la crèche appartient à une tradition ancienne, qui relève du culturel.
En quoi notre laïcité, que vous qualifiez de «rempart contre l'islam», est-elle menacée?
Si la laïcité consiste, d'une part, à ne plus faire de distinction entre le normatif et le religieux, pour l'islam qui est un système global politico-religieux et que, dans le même temps, sous prétexte de neutralité, elle interdit les symboles de notre civilisation, comme les crèches, demain les cloches ou les fêtes religieuses, alors il s'agit d'une laïcité renversée, servant de cheval de Troie à la conquête.
L'une des deux crèches placées au centre de ce débat fut celle que vous aviez installée au sein du conseil départemental de Vendée, lorsque vous présidiez cette collectivité. Le referiez-vous aujourd'hui, dans le contexte français actuel de tensions avec certains musulmans?
Oui, bien sûr, je recommencerais. Il s'agissait pour moi d'un «acte de ressourcement patrimonial et identitaire», comme je l'avais dit à l'époque, afin de faire vivre les racines chrétiennes de la Vendée et de la France. Nous sommes devant une entreprise de colonisation. Il ne faut rien céder à l'islam, pas un pouce de terrain de notre civilisation. Oui aux crèches, non aux djellabas. Oui aux cloches, non aux muezzins.
Ne vous accusera-t-on pas d'exacerber les tensions?
Ceux qui exacerbent les tensions et qui préparent la guerre civile sont les tenants du paradis diversitaire du multiculturalisme. Ils installent, face à face, une société et une contre-société, une mémoire et une contre-mémoire, une civilisation et une contre-civilisation. Jamais, nulle part, le multiculturalisme n'a apporté la paix.
À l'approche de Noël, que dites-vous aux maires qui seraient tentés d'installer des crèches comme vous l'aviez fait en Vendée?
Au-delà des maires, j'invite tous les détenteurs d'autorité à affirmer, sans relâche, nos traditions, nos lois et notre mode de vie. L'islam est incompatible avec notre civilisation. Le djihad, la charia, l'oumma, cela veut dire une seule humanité soumise à Allah, une seule loi, la loi islamique, une seule nation, l'islam. La décision du Conseil d'État sur les crèches est à haute portée symbolique.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 31/10/2016.
Commentaires
Merci à De Villiers pour cette excellente défense (et illustration) de la crèche ! Je pense que le conseil d’Etat de l’entendra pas : il est déjà trop inféodé à l'islam !
Bravo à De Villiers pour cette prise de position sans ambigüité. Lui et d'autres acteurs de la "fachosphère" sont précieux dans notre combat, le FN étant soumis à plus de réserve s'il veut accéder au pouvoir, ce qui est l'UNIQUE alternative politique aujourd'hui.
Il a piégé le Conseil d'Etat ! Suivons cette affaire ! Il serait intéressant de voir que cette institution interdise les crèches après avoir autorisé le burkini !…on mesurera ainsi la progression de la charria au plus haut sommet de l'Etat !
le seul rempart contre l,islam serait peut-être à un retour de la Royauté Catholique , mais certainement pas la république actuelle inféodée au Système Occulte .
je dirais plutôt guerre intérieure , qui viendra un jour ou l,autre c,est l,évidence même .
salutations.