Michel Lhomme, philosophe, politologue ♦
Il faut tirer les leçons de l’élection de Donald Trump, le Front National en premier. Il y a un an, personne n’aurait parié sur sa personne. Or il l’a emporté malgré tout l’hallali médiatique contre lui.
La « dédiabolisation » du Front National est une erreur monumentale. Elle pouvait se comprendre comme stratégie du pouvoir dans les années 90, pas en 2016. Il ne doit pas aligner sa stratégie sur celle des médias. Les Français ont réellement ouvert les yeux. Ils savent parfaitement qu’Alain Juppé est laxiste, imbu jusqu’à satiété d’orgueil et qu’il ne fera rien. Ils savent aussi que Nicolas Sarkozy est au service des États-Unis et de la finance et que Les Républicains n’ont aucune conviction. De fait quand un Républicain sort du rang, et nous pensons ici à Jean-Frédéric Poisson, les Français le plébiscitent aussitôt. Les Français savent parfaitement que les journaux les manipulent. Ils s’en sont encore rendu compte avec les élections américaines. Ils savent surtout ce qu’ils vivent au quotidien. C’est donc un discours ferme, parfois provocateur, sans langue de bois qu’ils attendent. Ils veulent du Zemmour à la puissance électorale. Ils attendent qu’on fasse tomber les masques.
Le gauchissement du Front National est la pire erreur politique qui soit. Pourtant Marine Le Pen continue sa politique de « dédiabolisation ». On a ainsi appris que le SIEL (Souveraineté, indépendance et liberté) a officiellement quitté le Rassemblement Bleu Marine alors que ce groupement était destiné à élargir l’assise électorale du Fn et attirer des personnalités et des mouvements extérieurs au Front. Ce nouvel épisode est loin d’être anodin puisqu’il prouve la difficulté pour le Front national d’avoir des alliés, condition sine qua non de sa victoire électorale.
Certes, le Fn cherche des alliés mais sur sa gauche voire chez Les Républicains comme si un Jacques Myard pourrait tourner casaque et voter Fn. On retrouve là le fantasme de l’union des Droites auquel pourtant le dernier livre de Patrick Buisson, La Cause du Peuple a tordu le coup. En fait, aujourd’hui au Front National, lorsque l’on ne partage pas la ligne politique et stratégique imprimée par le tandem Marine Le Pen-Florian Philippot, on est maudit, on est exclu, on est interdit de parole (voir les difficultés rencontrées par le maire de Béziers sur l’infléchissement à droite des questions économiques et sociétales, la volonté d’éliminer Jacques Bompard et la Ligue du Sud, les départs d’intellectuels comme Laurent Ozon, Aymeric Chauprade ou de jeunes prometteurs comme Julien Rochedy.
Poursuivre une telle politique d’exclusion est suicidaire et conduira à l’échec
Il faut relire le jugement de Marine Le Pen sur l’éviction du Siel : « Le Siel était devenu un groupuscule concentrant tous les profils d’extrême droite dont on ne voulait plus. Les virés, les tarés, les racialistes, Civitas et autres dingues. Son départ est une bonne nouvelle ». Or ce que Marine Le Pen oublie c’est que Trump a remporté aussi sa victoire avec eux, avec les » illuminés » des Tea Party. Si tous ceux qui se placent à la droite de Marine Le Pen – ce qui fait maintenant du monde ! – sont à exclure pourquoi ne rejoint-elle pas la drauche ? Qu’elle le veuille ou non, ce nom familial lui interdira jusqu’au décès de Jean-Marie Le Pen d’être acceptée par le système. Ce n’est donc pas à gauche, en adoucissant son discours qu’elle remportera l’élection présidentielle de 2017 mais au contraire en le radicalisant, en l’hystérisant à la Trump, tout en proposant un programme cohérent de gouvernance pragmatique à venir.
Marine Le Pen s’est plainte récemment de ce que ses alliés successifs , censés être à sa gauche,finissent toujours à la droite du Fn. Mais c’est précisément parce que Marine le Pen et Florian Philippot ne cessent de dériver à gauche, sur la plupart des questions sociétales ou d’immigration que tous ses alliés, même ceux issus de la droite parlementaire la plus modérée finissent effectivement par se retrouver à sa droite ! Oui, il faut proposer le » rembarquement « . Oui, il faut parler haut et fort du « grand remplacement « . Il faut décliner l’identité charnelle de la France, l’importance de la famille, le réarmement spirituel et moral de notre pays, l’incompatibilité de l’Islam, la fermeté sécuritaire, la fin des radars routiers et l’abrogation des taxes sur les entreprises.
Les Français n’attendent plus du tout un projet politique aseptisé
Les Français savent ce que valent les valeurs républicaines recyclées dans un vivre-ensemble cosmopolite qui les étrangle et les menace.
A quoi sert-il d’être placé sur l’échiquier politique à l’extrême-droite si c’est pour être « républicaniste » ou « assimilationniste » ? Quoi que disent Marine Le Pen et Florian Philippot sur les plateaux des médias télévisuels , ils seront les gens de l’extrême-droite. Trump l’avait immédiatement compris. Contre toute attente, il a gagné.
La victoire de Donald Trump exige un changement de stratégie et d’orientation de la part de Marine Le Pen. La campagne électorale doit attaquer le système, les pseudo-intellectuels, les médias et les artistes aux ordres. Le Front National ne peut pas être un parti comme les autres puisqu’il est le parti de la rupture.
Et puis enfin, est-on aveugle ? Si le Front national atteint aujourd’hui des scores importants, ce n’est pas du tout en raison de sa « dédiabolisation » mais avant tout parce qu’un nombre croissant de nos compatriotes se sont radicalisés et ont compris où allait les mener le mondialisme sans frontières. S’ils votent Front National c’est parce que Marine s’appelle Le Pen et que son parti s’appelle encore le Front National.
Aussi vouloir poursuivre une campagne aseptisée, c’est bien aller à l’encontre du vote populaire alors que les Français n’ont jamais été aussi réceptifs aux discours radicaux. Le Parti qui est censé incarner l’anti-système ne peut se permettre de renier ses fondamentaux qui en ont fait jusqu’alors sa force et son originalité pour rentrer dans un système qui de toute façon ne l’acceptera jamais. La victoire, une victoire éclatante et sidérante au second tour en sera alors le juste prix.
Le grand rembarquement, d’Emmanuel Albac, éditions Dualpha, 336 pages, 26€.
La cause du peuple de Patrick Buisson, éditions Perrin, 464 pages.
METAMAG
Commentaires
Il n'y a rien d ' étonnant. La directrice de campagne de MLP lors de l ' élection à la direction du FN était une mondialiste d ' extrême-gauche. Une certaine Oriane Borgga. Ultra internationaliste, totalement à la solde du mondialisme et des néo cons américains et bhliens, une caricature. J ' avoue que rien que ce fait me fait douter des capacités politiques de MLP.
je ne pense pas que la politique du FN ( MLP et Philippot) soit orientée à gauche où une quelconque bien pensance , mais mener une campagne politique similaire à celle de Trump , en France, est elle possible ?? les citoyens US n,ont pas la même mentalité que celle de nombre de nos compatriotes .
salutations.
Michel Lhomme a en grande partie raison. Si la dédiabolisation a produit des effets positifs sur le FN, pour faire de ce parti un vrai parti de gouvernement, ambitionnant de prendre le pouvoir… « pour de vrai », en se débarrassant des thématiques contre productives sur l'Algérie française, Pétain, le détail…tous sujets dont se contre fichent les Français de 2016 et qui sont des diversions suicidaires (1), il ne doit pas se « dédiaboliser » sur au moins deux sujets : le Grand Remplacement et l’islamisation du pays. Il ne peut pas être plus modéré que Sarkozy sur ces questions ( ! ), et doit commencer à tordre le bras au politiquement correct en osant appeler un chat un chat, le Grand Remplacement par son nom, et l’islam comme une idéologie politico-religieuse incompatible avec toutes nos valeurs et notre identité.
De même qu’il ne doit pas se précipiter pour annoncer que le vote pour Trump n’est pas un vote racial, ce qu’il est, même si des non blancs ont voté Trump, ce que la plupart des médias admettent ! Le FN reste marqué par ses origines jacobines et l’idéologie républicaine plus que par la « gauchisation ».
Pour autant,Marine n’est pas Donald, et les Français ne sont pas les Américains. Ce n’est pas non plus en singeant Trump, ni en « hystérisant » (sic !) son programme qu’elle se rendra plus crédible. Le FN retournerait bien vite à des scores d’avant sa « dédiabolisation » !
Michel Lhomme n’a jamais aimé Marine et encore moins Philippot, et il n’a pas compris que le succès ne sera pas lié au ralliement de quelques groupuscules confidentiels, même sympathiques à nos yeux, mais à celui de larges couches de la population ! Défendre le peuple n’est pas être de gauche ! J’imagine mal Philippot défendre les idées de Civitas ou autres dans une émission à large écoute !
Ceci dit, Michel Lhomme n’a pas tout à fait tort non plus. Les responsables du FN doivent se recentrer sur le GR et l’islamisation en utilisant les mots adéquats, même politiquement incorrects !
« ON COMMENCE PAR AVOIR LA STRATEGIE DE SES IDEES, ON FINIT PAR NE PLUS AVOIR QUE LES IDEES DE SA STRATEGIE. » Citation à méditer sérieusement par Marine et Philippot !
(1) Ces sujets ne doivent pas être abandonnés pour autant, mais leur place est sur des sites spécialisés ou des revues d’histoire au lieu de constituer des fardeaux qui n’apportent rien dans la course d’obstacles qu’est la conquête du pouvoir, sauf aux convaincus bien informés.
C'est depuis longtemps que je suis l'évolution du FN : ce n'était pas facile avec Jean-Marie LE PEN qui s'est trompé sur beaucoup de choses dans ses analyses politiques mais est un grand homme courageux, hélas colérique, intéressé, rancunier, personne n'est parfait. L'union c'était déjà le cas avec un Front National craint et espéré du temps de Bruno Mégret, il a volé en mille morceaux et à cette époque, Marine n'était pas en cause, ni Florian, ni les gays, ni les autres bleu pâles ! Depuis Marine et peu à peu, j'ai assisté à la destruction de l'intérieur plutôt qu'à la dédiabolisation. J.M LE PEN n'a pas infléchi sa ligne à propos de sujets sensibles, il n'a pas fait sa repentance et sur le fond des choses nous sommes nombreux à lui donner raison car, à quoi sert de gagner le pouvoir si on abandonne ses idéaux ? Le discours est lissé actuellement, on ne voit ni ne sent la flamme au sens figuré comme au sens propre ! Hommage néanmoins aux militants, ils existent et se rendent-ils compte ? A mon époque, nous nous plaignions parfois de la platitude des tracts qu'on nous donnait à diffuser, ça n'a pas changé. En province, au moins, je vois sur les marchés des jeunes courageux et je les félicite. Ce n'est pas suffisant, il faut être offensif et ne pas mâcher ses mots, même s'il faut se protéger en respectant les lois liberticides, il reste de la marge pour proclamer les vérités que nos compatriotes attendent de connaitre, par des affiches, des meetings, des interventions, des manifestations importantes représentant tous ces électeurs nombreux de plus en plus mais exaspérés de voir que nous perdons sans cesse les élections.
ILNE FAUT PLUS NOUS DECEVOIR ET NOUS NOURRIR D'ILLUSIONS, nous ne pouvons compter que sur nos forces et sacrifices, il est vain d'attendre des circonstances miraculeuses, si reconquête il-y-a, elle sera pénible. Vite, des discours clairs, sincères et dérangeants ! Et des actes, surtout !!!
Je suis d’accord à 100% avec cette remarquable analyse de la victoire de Trump et de ses retombées sur la France ! Pourvu que les dirigeants du FN et Marine en tête puissent en tirer toutes les conclusions dans le cadre de la campagne présidentielle qui s’ouvre en ce moment, et ce, en dehors de toute polémique !
Bravo et Merci à Michel Lhomme !