Par Hayat Gazzane - Le Figaro
Mis à jour le 17/11/2016 à 16h21
Le président américain élu veut redonner de l'élan aux énergies fossiles et défaire les engagements écologiques pris par Obama. Décryptage.
Pour les partisans de la lutte contre le réchauffement climatique, c'était le scénario catastrophe. L'élection de Donald Trump au poste de président des États-Unis est pourtant devenue réalité le 8 novembre dernier. Depuis, les défenseurs du climat ont des sueurs froides. Et pour cause. Donald Trump est un climato-sceptique assumé: «Le concept du réchauffement climatique a été créé par et pour la Chine pour rendre l'industrie américaine non compétitive», écrivait-il dans un tweet daté de 2012.
Sans surprise, son programme énergétique s'inscrit dans cette logique.
• La relance du pétrole et du gaz
Le futur président républicain a promis de faciliter l'exploitation des hydrocarbures de schiste et des carburants fossiles en général. Il a promis d'ouvrir à l'exploitation une plus grande partie du domaine public fédéral, notamment en Alaska. «Je vais lever les restrictions sur l'énergie américaine et permettre à cette nouvelle richesse de profiter aux communautés locales», avait-il affirmé lors d'une conférence sur les hydrocarbures de schiste en septembre. Donald Trump a également apporté son soutien au projet de construction de l'oléoduc Keystone XL bloqué par Barack Obama. Ce pipeline long de 1900 km est censé transporter quotidiennement 830.000 barils de pétrole issus des sables bitumineux canadiens de la province de l'Alberta aux raffineries américaines du Golfe du Mexique.
«Le plus important dans ce programme c'est le soutien à la construction de pipelines, qui était gelée sous Obama. Cela permettra de fluidifier tout le marché et de baisser le coût du transport. Le coût du baril pourrait augmenter de 7 dollars dans les zones les plus excentrées du pays. On parle par exemple du Dakota. Ce n'est pas rien», explique Alexandre Andlauer, responsable du secteur pétrolier et gazier chez AlphaValue. «S'il met en place les pipelines, libère une partie du territoire fédéral, accélère l'octroi de permis, allège les restrictions, c'est évidemment positif pour le secteur. Le prix du baril reste le premier critère dans le choix de relancer une production mais il est clair que les acteurs sont plus en confiance désormais», ajoute le spécialiste. «Ce programme pourrait contribuer à plomber les prix du pétrole car si la production augmente, l'offre aussi. D'autant plus qu'à moyen-long terme, les États-Unis pourraient décider de lever les sanctions contre le secteur énergétique en Russie (suite à la crise ukrainienne, les États-Unis interdisent la vente de biens, de services et de technologies destinées à des forages aux géants russes de l'énergie, ndlr). Ce qui pourrait libérer un potentiel de production en Russie et accroître l'offre», explique-t-il.
• La résurrection du charbon
Alors qu'Hillary Clinton promettait de poursuivre la politique d'abandon progressif du charbon menée par Barack Obama, Donald Trump veut relancer cette industrie. «La guerre contre le charbon menée par Obama tue des milliers d'emplois américains, nous rendant dépendant de nos ennemis et créant un énorme désavantage commercial», écrivait-il dans un tweet en 2014. L'argument, repris pendant la campagne, a très probablement contribué à sa victoire sur son adversaire démocrate dans plusieurs États de la «Rust Belt», dans le nord-est du pays.
Le futur locataire de la Maison-Blanche reste évasif sur la manière dont il souhaite relancer ce secteur en crise. Sur la seule période 2008-2012, près de 50.000 emplois directs et indirects y ont été perdus. «Je ne vois pas comment il peut à la fois relancer le gaz et le charbon. Ces deux énergies sont en concurrence», décrypte Alexandre Andlauer. Le charbon, qui générait encore 50% de la production d'électricité il y a une quinzaine d'années dans le pays, subit de plein fouet la concurrence du gaz naturel, moins cher et plus facile à transporter dans les terres. «Relancer le charbon n'a plus de sens aujourd'hui. Il va y avoir des déceptions. La seule solution politique pour Trump est de mettre en place un programme de reconversion pour les miniers car les besoins en emplois sont plus importants dans le gaz», ajoute l'analyste.
• L'incertitude sur le sort des énergies renouvelables
Sous Obama, ce secteur a bénéficié de fortes incitations fiscales et de subventions fédérales. Les déclarations de Donald Trump laissent supposer que cette ère est révolue. Il a plusieurs fois répété qu'il n'appréciait pas la vue des éoliennes, «ces monstruosités qui ruinent les paysages» et «tuent tous les oiseaux».
«Les énergies alternatives sont si chères et honnêtement, ça ne marche pas si bien», déclarait-il lors d'un meeting en début d'année. Son souhait de préserver l'indépendance énergétique de son pays et les emplois que génère ce secteur devraient toutefois l'empêcher de mener une lutte frontale contre les énergies vertes. Selon l'agence internationale des énergies renouvelables, le secteur emploie près de 770.000 Américains.
Selon certains experts, ces énergies sont d'ailleurs en mesure d'assurer leur rentabilité sans subventions. Le Texas, champion de l'industrie pétrolière américaine, recourt ainsi de manière importante à l'éolien et au solaire pour la production de son électricité. «C'est un secteur à part entière et il n'y a pas de raison pour y saper la croissance et l'emploi», assure Greg Wetstone, président du conseil américain sur les énergies renouvelables.
Un «criminel du climat» à la tête de l'agence de l'environnement
Les défenseurs de l'environnement redoutent toutefois les choix à venir de la future administration Trump qui sera composée de proches de Donald Trump. Le nom de Harold Hamm, un magnat du pétrole et du gaz, élu républicain du Dakota du Nord, circule pour le poste de secrétaire d'État à l'Énergie. Donald Trump envisage aussi de placer Myron Ebell à la tête de l'Environmental Protection Agency (EPA), agence gouvernementale chargée de la protection de l'environnement. Sur son compte Twitter, ce dernier se présente comme «l'ennemi public numéro un des alarmismes du changement climatique». Plusieurs associations de défense de l'environnement le considèrent comme l'un des pires «criminels du climat»...
Commentaires
je suis bien d,accord avec le sieur Trump , les éoliennes par leur présence massacrent la vue des paysages où elles sont installées .
salutations.