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Renzi : le Valls Italien viré. L’arbre autrichien ne doit pas cacher la forêt

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Raoul Fougax ♦

L’encore premier ministre français s’est félicité très rapidement de l’échec du candidat de la droite identitaire et nationale en Autriche. C’est le signe selon lui que le populisme n’est pas une fatalité en Europe. Mais quelques heures plus tard un modèle pour le presque candidat à la primaire de la gauche pragmatique de gouvernement était désavoué en Italie… à 60 %.

Le deuxième résultat est bien sûr plus important que le premier pour l’avenir de l’Europe. Manuel Valls a parlé trop vite, obsédé par la menace du FN. Rien n’est gagné en Autriche pour les européistes malgré la nette défaite du candidat Norbert Hofer (FPÖ) face à l’écologiste Alexander Van der Bellen. Les élections générales prévues en 2018 seront décisives pour savoir à qui reviendra le pouvoir dans une Autriche où les deux principaux partis, les conservateurs et les sociaux-démocrates, sont fortement discrédités.

Matteo Renzi, lui, a lourdement perdu son référendum sur la réforme des institutions, rejetée par six électeurs sur dix. Il en a tiré les conséquences en annonçant sa démission. En liant son destin au résultat du référendum, Matteo Renzi l’a transformé en plébiscite. On peut comprendre la stratégie du premier ministre : l’ancien maire de Florence est arrivé au pouvoir en février 2014 par une intrigue de parti, et son équipe n’a pas été validée par le suffrage universel. Sa légitimité avait été cependant validée par son succès aux élections européennes de 2014, mais M. Renzi en voulait plus. C’est l’échec.

Les Italiens ont aussi sanctionné un exercice solitaire, voire brutal, du pouvoir de la part de M. Renzi, qui suscite auprès de ses amis de la gauche modérée une animosité puissante. Valls lui aussi suscite, par sa brutalité, une vive animosité. S’y ajoutent des résultats économiques insuffisants, en dépit d’une réforme du marché du travail courageuse : les Italiens sont plus pauvres qu’ils ne l’étaient avant. Valls lui aussi sera fragilisé par son bilan.

Une large majorité de la classe politique, de la droite classique aux populistes, en passant par tous les extrêmes et même des « frondeurs » de gauche du PD de M. Renzi, avait appelé à voter « non », dénonçant une trop forte concentration des pouvoirs dans les mains du chef du gouvernement.
« La victoire du non a beaucoup de pères », a commenté dans un éditorial Mario Calabresi, directeur de La Repubblica. Mais outre cette vaste convergence politique et « la mobilisation de ceux qui voulaient éviter toute modification de la Constitution », il faut mentionner aussi « la colère, la frustration et le mécontentement: le vote de ceux qui disent non au chômage, à la précarité, aux incertitudes et à l’appauvrissement mais également aux migrants ».

Les populistes du Mouvement 5 étoiles (M5S) et de la Ligue du Nord ont réclamé une dissolution immédiate du Parlement. « Les Italiens doivent être appelés à voter le plus rapidement possible », a martelé Beppe Grillo, chef du M5S, sur son blog.  Les autres formations politiques, majoritaires au Parlement actuel, semblaient s’accorder sur la nécessité d’une nouvelle réforme électorale et donc sur la nomination d’un gouvernement « technique » chargée de la mettre en œuvre. L’une de ses premières missions sera aussi de faire adopter le budget. Plusieurs noms circulaient avant même le référendum pour prendre la tête de ce gouvernement, en particulier celui du ministre des Finances, Pier Carlo Padoan, qui a d’ailleurs annulé sa participation lundi à une réunion de l’Eurogroupe à Bruxelles pour rester à Rome. Sa nomination pourrait avoir l’avantage de rassurer les marchés qui redoutent une nouvelle phase d’instabilité politique dans la troisième économie de la zone euro.

Certains avaient promis un séisme en cas de victoire du « non » au référendum. Un choc de nature à remettre en cause l’existence même de la zone euro, des faillites de banques en série etc. Finalement, les marchés accusent à peine le coup.

Décidément on fait beaucoup peur pour rien avec les marchés qui commencent à comprendre que les élections ne se font plus à la bourse.

METAMAG

 

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