C’est avec grand intérêt que j’ai lu ce matin dans la presse la tribune du chef d’état-major des Armées, le général Pierre de VILLIERS, appelant à une augmentation de l’effort en matière de défense. A plus d’un titre, cette tribune a retenu mon attention, tant il est vrai que je me suis toujours battue pour défendre nos militaires et promouvoir un modèle d’armée à la hauteur des ambitions que je nourris pour la France.
S’il est rare en effet qu’un aussi haut gradé prenne publiquement la plume pour défendre nos armées, ce n’est toutefois pas la première fois, et derrière l’habilité de formules empreintes de respect pour l’autorité politique en place, chacun doit bien comprendre que ces mots du chef d’état-major des armées sont l’expression d’une inquiétude forte et parfaitement légitime, et font écho aux accusations que nous portons régulièrement, contre tous les gouvernements, de droite comme de gauche, qui se sont succédé à la tête du pays et qui ont affaibli, de manière constante, par leurs politiques, la France et ses armées.
Cependant, si tous les gouvernements sont responsables de ce cette triste réalité, certains le sont quand même plus que d’autres. Il en est ainsi du gouvernement de Monsieur Fillon qui de 2007 à 2012 a fait subir aux armées françaises la plus sévère cure d’amaigrissement de leur histoire, votant la suppression de 54 000 postes ! Aujourd’hui, les armées françaises comptent environ 203 000 militaires et 60 000 civils. En 2002, le compteur de nos armées affichait respectivement 355 000 militaires et 81 000 civils…
Il faut bien mesurer que cet effondrement des effectifs, qui a accompagné un effondrement des budgets et une réduction drastique du format de nos armées (toujours moins d’avions, de véhicules blindés, de navires, etc.), ne s’explique évidemment pas par le seul progrès technologique ou par une évolution des doctrines d’emplois de nos forces, par ailleurs toujours plus sollicitées et à l’avant-poste de toutes les crises, qu’elles soient militaires, civiles ou climatiques.
Non, cette déflation généralisée n’est rien d’autre que le reflet d’une absence d’ambition nationale de nos gouvernants, doublée d’une inconscience sécuritaire très grave.
Quand le général Pierre de VILLIERS demande que le budget de la défense soit progressivement amené à 2% du PIB (contre 1,77% aujourd’hui), il ne fait que réitérer un objectif que je formulais déjà en 2012. De fait, comment ne pas être consterné, en mesurant tout ce temps perdu par le gouvernement ? Malgré les attentats à répétition, malgré les guerres et la multiplication des points de tension aux quatre coins du monde, le sursaut « stratégique » du gouvernement n’a donc été pour l’instant que de « mettre un terme à la tendance baissière » du budget de la défense pour 2017, pour reprendre les mots très pudiques du chef d’état-major des Armées.
Hélas, arrêter une baisse continue, cela ne signifie rien d’autre que maintenir l’effort à son niveau le plus bas, ce qui, bien entendu, est parfaitement insuffisant.
L’effort de défense doit donc être immédiatement porté à 2 % du PIB, puis sanctuarisé à ce niveau qui est un minimum acceptable. De toutes les personnalités politiques, je suis la seule à proposer cette sanctuarisation du budget de la Défense, par une inscription inédite dans la Constitution, afin que les armées ne soient plus la variable d’ajustement budgétaire de gouvernements faibles et sans vision. L’objectif doit être ensuite de porter cet effort à 3% du PIB en fin de quinquennat.
Le général Pierre de VILLIERS explique par ailleurs très bien en quoi cet effort financier n’en est pas réellement un, tant les investissements en matière de défense profitent à tous et rapportent au final à la France le double de ce que l’État a mis par des effets de levier considérables (recherche, progrès technologique, industrie, emplois, etc.).
A la différence de mes principaux concurrents, je ne suis pas soumise à Bruxelles. Je n’accepte pas de suivre une austérité qui ne s’attaque pas seulement à nos droits sociaux mais porte également atteinte à notre sécurité collective et à notre puissance nationale.
Au-delà de cet effort budgétaire immédiat, c’est tout un modèle de défense qu’il faut revoir et repenser, y compris au niveau industriel. Il est ainsi parfaitement scandaleux que sous la contrainte de règles européennes fondamentalement contraires à nos intérêts, nos armées aient dû sélectionner, il y a quelques mois seulement, un armurier étranger pour la fourniture de leurs fusils d’assaut, armement de base du soldat ! De même, la commande d’un second porte-avions (nécessité stratégique de premier ordre) sera l’un des premiers grands chantiers que je lancerai. Ces exemples, qui ne sont pas les seuls (la France ne produisant déjà plus suffisamment de munitions et de corps de bombes), démontrent là encore le manque de vision stratégique de nos gouvernants.
C’est pourquoi je porterai pour la France une ambition en matière de défense digne de ce nom, à même de garantir notre sécurité et de soutenir nos intérêts partout dans le monde.
MARINE LE PEN
Carnets d'espérances