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Guyane : la ministre Bareigts adresse «ses excuses» au peuple guyanais

 

>Faits divers|30 mars 2017, 18h33 | MAJ : 31 mars 2017, 0h11|9

La ministre de l'Outre-mer avait dans un premier temps refusé de prononcer des excuses officielles.

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Interrompues jeudi matin, les discussions en présence des ministres Matthias Fekl (Intérieur) et Ericka Bareigts (Outre-mer), ont finalement repris. La seconde a présenté «ses excuses» au peuple guyanais, après des années de sous-investissement de la métropole.

Négociations sous haute tension à Cayenne (Guyane), après plus de dix jours de tensions sociales. Lancées jeudi matin au sein de la préfecture, les discussions entre les ministres Matthias Fekl (Intérieur), Ericka Bareigts (Outre-mer), et un collectif de Guyanais avaient été rapidement interrompues et étaient restées au point mort pendant plusieurs heures avant de reprendre timidement dans l'après-midi, dans une ambiance extrêmement lourde.

 

Jeudi soir, le gouvernement a finalement présenté des excuses officielles au peuple guyanais. C'est Mme Bareigts qui s'en est chargée après avoir dans un premier temps refusé. «Au bout de tant d'années, c'est à moi que revient l'honneur de dire, au-delà de ma petite personne, au-delà des fonctions, toutes mes excuses au peuple guyanais», a lancé la ministre du perron de la préfecture de la Guyane, s'attirant les acclamations et les applaudissements de centaines de personnes en contrebas.

 

Mme Bareigts s'était déjà excusée quelques minutes plus tôt devant une délégation d'une cinquantaine de Guyanais que le ministre de l'Intérieur Mathias Fekl et elle-même avaient reçue. «Si j'ai blessé la Guyane, je ne sais de quels maux, mais si j'ai blessé la Guyane, alors ça ne sera pas moi, Ultramarine, qui reculera devant des excuses, avait-t-elle déclaré. Pour beaucoup de choses, si on s'était excusé, peut-être qu'on aurait avancé beaucoup plus sereinement et qu'on n'en serait pas arrivé là aujourd'hui».

   

«Rattrapage sur l'électricité, le logement, l'éducation, la jeunesse»

La représentante de l'Outre-mer avait été chahutée quelques heures plus tôt par Gaelle Lapompe Paironne, une des membres de la délégation. «Madame la ministre de l'Outre-mer, le peuple guyanais vous demande de vous excuser. Nous pouvons pardonner les bêtises mais pas le mépris», avait-elle lancé lors d'une prise de parole initiale, lui reprochant notamment un déplacement tardif. Les maux, la souffrance de la population guyanaise, ne sont pas vains. Ils reflètent notre réalité, celle que vous ne voulez pas voir, celle que nous ne voulez pas entendre, celle que vous ne voulez pas comprendre».

 

Un membre du collectif des Iguanes de l'ouest, créé initialement pour dénoncer des problèmes d'électricité en Guyane, avait lui aussi insisté sur «un retard structurel de plus de trente ans». Trouvant, par ailleurs, «dommage» pour les Guyanais d'avoir été obligés de «négocier pour discuter avec leur gouvernement».

 

«Nous devons absolument être dans le rattrapage, sur l'électricité, sur le logement, sur l'éducation, sur la jeunesse», avait alors répondu la ministre de l'Outre-mer remerciant les participants pour leur «pugnacité». «Nous voulons continuer ce travail avec vous (...), signer ces mesures, pour qu'aucune élection n'arrête la progression dans laquelle nous sommes» pour la Guyane, avait-t-elle affirmé. «Il nous tient à coeur de construire les bonnes solutions pour avancer», avait plus sobrement observé le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl.

 

Trente minutes de discussions, puis un blocage

 

Les négociations, qui visent à sortir la Guyane de plus de dix jours de conflit social, s'étaient arrêtées quelques minutes à peine après avoir commencé jeudi matin. Alors que les médias n'avaient pas été conviés aux discussions, le collectif portant les revendications avait décidé, moins d'une demi-heure après le début de la rencontre, que «ça ne pouvait pas se passer comme ça pour des questions de transparence», avait déclaré l'un de ses membres, le représentant du Medef local, Stéphane Lambert.

 

La vingtaine de négociateurs issus de la société civile guyanaise étaient alors sortis de la préfecture, où les discussions se tenaient. Ils faisaient face à 11h30 locales (16h30 à Paris) à des centaines de manifestants venus les soutenir.

 

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La rencontre avait démarré dans une ambiance électrique et sous une pluie battante, avec 1 heure 30 de retard. Alors qu'elle devait commencer à 9 heures locales, le collectif des «500 frères», soutenu par des centaines de manifestants, avait d'abord exigé le retrait du dispositif de sécurité érigé face à la préfecture, menaçant de se retirer des discussions. «50 000 personnes ont marché en Guyane mardi et il n'y a pas eu de casse, pas un rétroviseur cassé. Et aujourd'hui on nous met des barrières? C'est de la provocation», avait tonné Olivier Goudet, un porte-parole des 500 frères, un mouvement citoyen réclamant plus de sécurité dans le département, et dont les membres défilent encagoulés.

 

La Guyane connaît depuis une dizaine de jours un mouvement de contestation d'une ampleur historique, sur fond de revendications sécuritaires, économiques et sociales. Alors que la quasi-totalité des 37 syndicats membres de l'Union des travailleurs guyanais (UTG) ont appelé samedi à la «grève générale illimitée», «la plus grosse manifestation de l'histoire» de la Guyane s'est tenue mardi, de l'aveu même de la préfecture. Près de 15 000 ont marché à l'occasion d'une «journée morte» à Cayenne et Saint-Laurent du Maroni, les deux plus grandes villes du territoire.

 

Air France avait annoncé jeudi être contrainte d'annuler le vol direct Paris-Cayenne de vendredi en raison de la situation en Guyane, et de réduire à un seul vol les rotations avec les Antilles contre deux prévus.

Le Parisien

 

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