Un ex-salarié du MoDem a déclaré avoir été rémunéré par des fonds européens alors qu’il occupait des fonctions internes au parti. Ce témoignage est le premier dans l’enquête ouverte il y a deux mois par le parquet de Paris.
Un témoignage a été livré le 7 juin au parquet de Paris dans le cadre de l’enquête sur des eurodéputés soupçonnés d’avoir rémunéré des employés avec des fonds européens, pour des fonctions internes à leur parti. Révélé par Le Point, il s’agit du premier témoignage livré à la justice.
Un ancien employé du MoDem embauché dans les années 2010 affirme ainsi avoir été rémunéré en partie avec l’enveloppe destinée aux assistants parlementaires de l’ex-eurodéputé (alors MoDem) Jean-Luc Bennahmias. Il assure pourtant n’avoir jamais travaillé pour ce dernier.
Le Point, qui affirme avoir consulté les documents livrés à la justice par l’ex-employé, révèle que la part de son salaire issue des fonds européens a progressivement augmenté, atteignant environ trois quarts de sa rémunération durant sept mois.
Une autre salariée, contactée par l'hebdomadaire, aurait elle aussi perçu des fonds d’une enveloppe européenne pour des fonctions internes au parti.
Jean-Luc Bennahmias, ancien président du MoDem, cité par Le Point, relativise : «Comment distinguer la fonction européenne de celle du MoDem, alors que nous étions tous des spécialistes de l'Europe ?»
Pourtant, Jean-Luc Bennahmias n’est pas le seul dont le nom apparaît dans l’enquête. Plusieurs autres eurodéputés et collaborateurs ont en effet confirmé au Point, sous couvert d’anonymat, l’existence de cette pratique.
Ancienne eurodéputée du parti, Corinne Lepage n’a d'ailleurs pas hésité par le passé à dénoncer publiquement ce système. «Le MoDem demandait aux députés européens de mettre à disposition du parti un de leurs assistants parlementaires», écrivait-elle dans le livre Les mains propres, publié en 2015.
Ces accusations avaient été démenties par le fondateur du parti et désormais ministre de la Justice François Bayrou. Elle aussi membre du MoDem et nommée au ministère des Affaires européennes par Emmanuel Macron, Marielle de Sarnez a également nié l'existence de ces pratiques.
Le 29 mai, le journal Le Parisien avait révélé que 19 eurodéputés (dont l'actuelle ministre Marielle de Sarnez) étaient visés depuis deux mois par une enquête préliminaire pour abus de confiance. Celle-ci avait été ouverte à la suite d'une dénonciation faite par la députée européenne du Front national Sophie Montel.
RT