Quand une cybercensure insidieuse prend le relais d’Anastasie
Dans notre monde en proie au pragmatisme, rien ne semble plus inutile que la poésie. J’entends la poésie classique, avec ses rimes, ses mètres réguliers, ses formes fixes. Sa musique qui porte au rêve. Plus personne n’en écrit. Plus personne n’en lit. Ringarde, pour tout dire. Opinion largement répandue qu’infirme toutefois la réalité. Car, en dépit des apparences, Calliope et Erato conservent encore quelques amoureux fervents. S’ils restent méconnus, c’est que leur art s’exerce dans une quasi clandestinité. Les éditeurs s’en détournent, les jugeant peu rentables. Les lecteurs les ignorent. Pis, tout est bon pour les maintenir sous le boisseau. Même les coups bas. C’est le cas de Chaunes. Sous ce pseudo, une incontestable sommité qui cumule les Prix littéraires et préside l’Académie Européenne des Sciences, des Arts et des Lettres. Son œuvre poétique, déjà copieuse, s’adresse à des happy few. Une audience aussi confidentielle que fidèle. C’est encore trop. Il dérange le conformisme ambiant. Et la lâcheté commune. Son tout récent recueil, Voiles et nudité, aborde un sujet tabou. Circonstance aggravante, sur sa couverture illustrée, une splendide créature, lascive et dénudée, emprisonnée par une burka. Et des alexandrins de cet acabit : « Le voile est-il un frein aux ardeurs d’un amant / ou met-il au contraire un piment dans la sauce ? » Question sacrilège ! Il faut bâillonner au plus vite ce blasphémateur. Amazon s’en est chargé. Tout juste sorti, l’ouvrage est annoncé sur le site de vente « actuellement indisponible ». Au mépris de toute vraisemblance. Sous une pression demeurée occulte. D’où la fureur de son auteur qui allume un contrefeu. Sous le titre Traité sur l’Ennui dans une Nation française soumise à la Cybercensure, il publie à nouveau cette rafale de sonnets vengeurs et savoureux que conclut un « Dialogue du Voile intégral et de la Feuille de vigne ». Sur la couverture, plus de beauté affriolante. Le niqab s’est refermé. Triste présage ?
J.A.
Traité sur l’Ennui dans une Nation française soumise à la Cybercensure, de Chaunes, Aux Poètes français, www.amazon.fr, 106 p. 6,34 €.
Commentaires
cet auteur vient de découvrir qu,une police de la pensée , veille à ce que la morale bien pensante soit appliquée partout en France , un peu comme la police de la vertu en A.S,ou comme le faisait si bien la police islamique dans les territoires qu,ils occupaient.
salutations.