13/09/2017 – FRANCE (NOVOpress) : A l’occasion de la parution de l’ouvrage d’Emmanuel Todd, Où en sommes-nous ? (Seuil), Le Figaro a organisé un passionnant débat entre son auteur et Eric Zemmour, débat animé par Alexandre Devecchio et Eugénie Bastié. En voici quelques extraits, ceux qui portent sur l’islam et sur l’immigration.
Eric ZEMMOUR. – Il y a quelque chose que je ne comprends pas dans votre raisonnement. Vous expliquez pendant 480 pages que l’économie est secondaire, et au sujet de l’islam vous vous cachez derrière le blocage économique qui dure depuis 20 ans.L’islam a toujours imposé ses modèles familiaux, l’islam est inassimilable. Vous ne pouvez pas dire qu’il va se fondre dans un fond français égalitaire.
Emmanuel TODD. – Je dis aussi que l’économie a sa valeur. 20 ans de blocage économique et de taux de croissance zéro ont eu un impact sur les phénomènes d’assimilation. Une société bloquée ne peut pas assimiler. Il faut être réaliste et tenir compte de l’anthropologie et de l’économie. Même en Allemagne où l’économie tourne bien. La politique frénétique d’immigration de Merkel, si l’on tient compte de la disparité des systèmes familiaux (je ne parle pas ici de religion) est suicidaire. C’est une question de quantité et de rythme.
Pour vous Emmanuel Todd, la question de l’identité est donc secondaire ?
Emmanuel TODD. – Je pense qu’Éric est plus passionnément national que moi. Il a une vision mystique de la France, qu’il voit avec une mission dans le monde. Moi je suis juste content d’y vivre, je n’ai simplement pas envie d’être Allemand ! J’étais un anti-maastrichtien de la première heure, non parce que j’avais une idée sublime de la France, mais parce que je pensais que ça ne pouvait pas marcher sur le plan économique. Je ne suis pas parti en guerre en 1992 contre des cinglés qui pensent que la nation n’existe plus pour me retrouver avec d’autres cinglés qui pensent que la nation est tout.
Eric ZEMMOUR. – Je ne suis pas un absolutiste de la nation. Je pense que l’enjeu majeur c’est l’explosion démographique du sud et l’invasion de l’Europe par le sud. Je pense que nous vivons un moment comparable à ce qui s’est passé au XIXe siècle avec une révolution démographique en Europe qui a conduit à la colonisation. Quand les armées françaises arrivent en Algérie en 1830, la population algérienne représente deux millions de personnes, pour 28 millions de Français. Le rapport démographique s’est inversé. C’est là, l’enjeu du siècle.
Emmanuel TODD. – Je ressens exactement le contraire. Je crois que le problème majeur de la France c’est qu’elle a été mise en état de paralysie sociale par la construction européenne. La seule chose qui éventuellement pourrait la remettre d’aplomb, c’est la sortie de la monnaie unique. Mais pour cela, la précondition fondamentale c’est la solidarité des Français sur le territoire. Il faudrait une grande fête de la Fédération rassemblant toutes les provinces, les musulmans n’étant qu’une nouvelle province !
Eric ZEMMOUR. – La République c’est l’assimilation, pas le communautarisme. Historiquement la fête de la Fédération c’est en 1790 : trois ans après c’était la Terreur. Ça finit toujours comme ça en France.
Extrait du débat publié par Le Figaro
Commentaires
Todd défend une vision économiste, c'est à dire de gauche, quoi qu'il prétende. Il ne se sent pas une appartenance charnelle à la France et ne s'en cache pas. Il ne ressent pas comme un drame sans précédent l'occupation musulmane du pays (les musulmans seraient même une nouvelle province ! ). Il est sur la position de Philippot.
Zemmour est sur une ligne plus identitaire, exactement à l'opposé.