Véritable paria depuis la trentaine d’accusations d’harcèlement sexuel et de viols le concernant, le producteur américain est pour l'heure visé par deux enquêtes policières à Londres et New York.
Depuis les premières révélations du New York Times le 5 octobre, Harvey Weinstein n’a plus rien du producteur omnipotent dictant sa loi sur les plateaux de cinéma et les tapis rouges du monde entier. Quitté par sa femme, gommé des tablettes du septième art, licencié par sa propre maison de production, l’Américain a déjà commencé à payer le prix des accusations de harcèlement sexuel et de viol émises par une trentaine d’actrices et de mannequins. Du moins socialement et professionnellement. Car sur le plan judiciaire, l'homme de 65 ans ne fait, pour l'heure, l'objet d'aucune poursuite, ni d'aucune condamnation.
Depuis le 12 octobre, le magnat est visé par deux enquêtes policières, l’une à New York, l’autre à Londres. Aucune plainte n'a été déposée. Or sans plainte, pas de poursuites possibles, ni d'interrogatoire obligatoire. Contrairement à la France où le parquet peut s'auto-saisir, «dans ce genre d’affaires, aux Etats-Unis, il faut nécessairement qu’au moins une victime porte plainte pour qu’un procureur se saisisse», fait remarquer au Parisien Me Arthur Dethomas, avocat aux barreaux de Paris et de New York.
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Outre la crainte des représailles et le sentiment de honte, d'autres facteurs peuvent expliquer cette absence de plainte, comme les délais de prescription pour les accusations de viol. C'est le cas en Californie -la prescription de 10 ans a été supprimée en 2016 après le procès de Bill Cosby, sans rétroactivité possible- et même en France, concernée par le cas d'Asia Argento en 1997. Les accords de confidentialité grassement payés par le producteur peuvent également justifier ce silence.
Le cas new-yorkais est le plus avancé
Toutefois, il est tout de même possible pour «la police d'enquêter après des dénonciations et de faire des perquisitions», poursuit l’expert. C’est ainsi que deux enquêtes ont été ouvertes : les investigations de la police britannique, à Scotland Yard, concernent quatre agressions présumées. La première est survenue dans l'ouest de Londres à la fin des années 1980, les trois autres ont été commises à Westminster en 2010 et 2011, ainsi qu'à Camden en 2015.
Les enquêtes de la police new-yorkaise se cantonnent pour l'instant à l'agression sexuelle présumée de l'actrice Lucia Evans, remontant à 2004. Mais c’est sans doute de cette affaire que pourrait naître la saga judiciaire. Il n'existe en effet aucune durée de prescription pour les accusations de viol dans cet Etat. Selon le quotidien new-yorkais Daily News, la police locale cherche à prouver qu'Harvey Weinstein l'a forcée à lui faire une fellation. «Comme toujours, la police de New York encourage toute personne détentrice d'éventuelles informations à le faire savoir», a indiqué J. Peter Donald, porte-parole du New York Police Department Un appel relayé mardi par la police de Los Angeles. Il risque pour cette seule affaire jusqu’à 25 ans de prison.
«L'accusation pourrait se baser sur le témoignage de Lucie Evans pour démontrer qu'Harvey Weinstein avait un "modus operandi"», analyse dans le Guardian Corey Rayburn Yung, professeur de droit à l'Université du Kansas. «Il y a certainement eu des cas qui ont été jugés pour moins», précise-t-il.
En vingt ans, une plainte et un classement sans suite
Cependant, pas sûr que le procureur de New York, Cyrus Vance, ne se saisisse du dossier sans avoir à sa disposition des preuves matérielles irréfutables,comme une trace ADN. Ce qu'on appelle la «cause probable». En 2015, cet homme, déjà à l'origine de l'abandon des poursuites pénales à l'encontre de DSK dans l'affaire du Sofitel, avait classé sans suite la seule plainte recensée en vingt ans contre Harvey Weinstein. Ambra Battilana Gutierrez, une mannequin italienne alors âgée de 21 ans, avait pourtant réussi à enregistrer des aveux d’attouchement sexuel de la part du suspect, rappelle The New Yorker. En vain. Certains médias avaient alors pointé un don de 10 000 dollars réalisé par l'avocat de longue date du producteur, David Boies, pour la campagne de réélection du procureur. Mais celui-ci assure que cela n'a en aucun cas pesé sur sa décision.
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«Je ne pense pas qu'il va se plier aux pressions politiques, ajoute au Guardian Lowell Sidney, un ancien procureur de New York. Même si ce que Weinstein a fait est déplorable, je ne pense pas qu'ils l’inculperont si ce n’est pas susceptible d'aboutir à une condamnation.» D'autant que le procès, s'il a lieu, est loin d'être gagné. Le producteur, qui affirme que les relations sexuelles publiquement révélées étaient consenties, s'est attaché les services d'un ténor du barreau, une diplômée d'Harvard ayant défendu des célébrités comme Mel Gibson ou Lindsay Lohan. A noter qu'en cas de procès, le producteur déchu aurait sans aucun doute les moyens financiers d'être mis en liberté sous caution.
Quant à la bataille judiciaire au civil, se déroulant en l'absence d'un procureur, elle pourrait se traduire par des dommages et intérêts. Mais en aucun cas par de la prison. A l'image de DSK ayant conclu un accord financier avec Nafissatou Diallo à hauteur d'1,5 million de dollars. Peut-être le mécène a-t-il déjà songé à cette option, depuis le centre médical de l'Arizona, où il aurait entamé, selon TMZ, une thérapie contre la dépendance sexuelle.
Commentaires
Tout le monde sait qu'Hollywood est 'le pot de chambre' des USA!
sur cette photo , sûrement prise avant le déclenchement de l,affaire , la féministe de gauche , artiste de son état , semble se trouver en bonne compagnie , et ne lui met pas une grande claque dans sa G . . .!!au gros vilain, devenu depuis le gros porc , ce qui est véritablement vexant pour le sympathique animal.
salutations.
C'est le genre d'affaire où les juges doivent se montrer circon... spects ;o)
Quand on s'appelle Weinstein, ça aide !!!