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ESCLAVES EN LIBYE : LES LARMES DE LA MANIPULATION

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 14 novembre, le monde découvre, grâce à une vidéo de CNN, l’existence de marchés d’esclaves en Libye. Le parallèle avec le petit Aylan est vite fait. La presse et le monde pleurent. Les coupables sont tout désignés : l’Europe et sa politique migratoire.

Une vidéo qui ébranle les médias

La vidéo est courte et, en moins de quinze jours, elle fait le tour de la planète. Le 14 novembre, la chaîne américaine a diffusé sur internet une vidéo montrant l’esclavage moderne en Libye. On y voit douze hommes vendus comme du bétail, on entend des prix d’enchères : 400, 700, 800 dinars… Les migrants sont vendus pour l’équivalent de quelques centaines d’euros.

Grâce à cette vidéo, les médias semblent découvrir avec horreur l’existence de marchés aux esclaves ; d’un seul coup, ils vont trouver des témoignages. France Info : « On s’est retrouvés à plus de 1 500 dans un enclos : en Libye les migrants asservis tentent de survivre. » Europe 1 va diffuser sur internet une vidéo d’une minute. La séquence est intense, on peut entendre Arnaud, un Camerounais de 17 ans qui a été vendu comme esclave. « On vous fouette matin, midi et soir. Chaque jour les tortures, bastonnades, électrocutions… »

L’émotion pour culpabiliser

Séquence lacrymale dans « Salut les Terriens », le 26 novembre. La chroniqueuse Hapsatou Sy fait lever le plateau. « Je vais vous demander une chose aujourd’hui, si vous êtes indignés, je vais vous demander de vous lever. » L’indignation générale n’a pas été suffisante au regard du crime commis. Il faut se lever. Thierry Ardisson s’est levé, les autres chroniqueurs ont suivi le mouvement. La foule se lève, bonjour esprit collectif, adieu esprit critique. Les images montrent Gilles-William Goldnadel (chroniqueur dans « Salut les terriens ») très mal à l’aise face à la pression du conformisme. L’avocat et chroniqueur semble hésiter à se lever et se retrouve bon dernier à rejoindre la manifestation collective.

L’émotion fait gagner les batailles politiques, et passe avant tout par le combat médiatique. En septembre 2015, les médias avaient publié en masse la photo du petit Aylan, enfant mort sur une plage de Bodrum. Le but était alors de faire changer l’opinion publique sur la question des vagues migratoires. C’est le choc des photos, il faut susciter l’émotion et le bon sentiment pour annihiler la réflexion.

Le parallèle avec les esclaves de Libye est présent non seulement par la mise en scène de séquences lacrymales, mais aussi dans la tête des journalistes qui vont assumer cette similitude : Le Figaro, 21 novembre : « Comme pour Aylan, tout le monde savait, mais peu à été fait jusqu’ici. Comme pour Aylan, les réactions s’enchaînent promettant des mesures. »

La vidéo de CNN : révélation ou campagne d’opinion ?

Le monde médiatique semble découvrir la persistance des marchés aux esclaves. Pourtant, plusieurs articles dans la presse évoquaient déjà ce fait. Le 17 avril 2017, Le Figaro publiait un article titré : « Des migrants vendus sur des marchés aux esclaves en Libye ». Une ONG avait alors recueilli des témoignages de migrants attestant l’existence de ces marchés dans des zones difficile d’accès.

Mais, depuis quelques semaines déjà, les reportages sur les mauvais traitements infligés à des migrants en Libye se multipliaient. Quatre grands journaux européens – Le MondeThe Guardian (quotidien britannique), Der Spiegel(hebdomadaire allemand), El País (quotidien espagnol) – ont publié de façon simultanée une série de reportages sur le thème : « Quand l’Europe renvoie la crise migratoire de l’autre côté de la Méditerranée. »

 

Dans le reportage du Monde, le ton est donné dans les premières lignes : « En endiguant le flux migratoire en provenance du Maghreb, l’Union européenne a provoqué un goulet d’étranglement cauchemardesque en Afrique. »

Le journal télévisé de TF1 a consacré le 17 novembre un reportage sur le thème : « L’Europe est-elle inhumaine avec les migrants ? » L’idée sous-jacente de ce reportage : la fermeture des frontières tue.

À chaque horreur, il faut un responsable

Dans cette histoire, le responsable est tout trouvé. L’Europe est responsable du marché aux esclaves en Libye. L’Europe est responsable par son incapacité à protéger les migrants, par sa politique migratoire jugée « trop stricte ».

Le 15 novembre, Courrier International inscrit en titre : « Trafic d’esclaves en Libye : l’ONU dénonce la politique inhumaine de l’Europe. » Dans le viseur de l’ONU : l’accord européen qui consiste à financer les garde-côtes libyens.

Pour les médias, l’Europe est coupable. Le procès est médiatique. Sur le site internet Les Yeux du monde, « L’Union européenne est jugée pour son incapacité à protéger les migrants en Libye. »

L’Europe est coupable et doit protéger les migrants qui tentent de traverser la mer Méditerranée. Libération, le 25 novembre : « Deux embarcations au large des côtes libyennes, pays où a été dévoilé un système esclavagiste visant les migrants. »

En désignant l’Europe comme responsable, les médias ont caché les vrais responsables. Le drame de la résurgence de l’esclavage en Libye apparaît surtout et avant tout comme une conséquence de l’effondrement du régime de Kadhafi. Il a été détruit par les bombardements occidentaux, par les bombardements français sous Sarkozy et pour la grande satisfaction d’El famoso Bernard-Henri Lévy. En faisant tomber Kadhafi, trois personnages ont laissé un territoire aux mains de mafias sans foi ni loi. Plus que l’Europe, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, BHL sont les grands responsables des esclaves en Libye et des vagues migratoires, sans oublier les vendeurs d’esclaves eux-mêmes, en première ligne dans le trafic.

Comme pour Aylan, la campagne médiatique a été efficace ; le 30 novembre, Emmanuel Macron a annoncé l’évacuation d’urgence des migrants victimes des trafiquants d’êtres humains.

L’esclavage est un drame humain. En Libye, il a été dénoncé avec force par l’ONU, les politiques et les médias. Pourtant, depuis six ans, des Syriens sont réduits en esclavage par l’Etat islamique, dans l’indifférence générale. Il est facile de trouver des articles évoquant ces faits, mais les faits sont bruts, il n’y a pas d’émotion et donc… pas de réaction politique.

Hervé Grandchamp – Présent

Photo en tête : Le marché aux esclaves, à Tripoli. Couverture du Petit Journal du 15 octobre… 1911.

Commentaires

  • l,esclavage est une abomination, mais si la chroniqueuse Sy voulait faire pleurer dans les chaumières des petits blancs , afin que ces derniers demandent l,ouverture des frontières sans restrictions , elle peut repasser , la repentance, et autre auto flagellation , c,est bon pour les neuneu .
    salutations.

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