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économies sur l'armement français

  • Armée: la grande misère

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    Nicolas Sarközy fera bientôt connaître ses choix en matière de défense pour les années à venir. Avec un double impératif : faire des économies "tout en rendant plus efficace" un outil militaire souvent à bout de souffle...

    Les militaires attendent avec inquiétude le 17 juin : ce jour-là Nicolas Sarközy leur présentera son Livre blanc sur la défense. En clair, les orientations stratégiques et surtout le « format » des armées (terre, air, mer) pour la décennie à venir. Or bien des galonnés craignent que les "impératifs d'économies" l'aient emporté sur les ambitions militaires.

    En effet, pour mener à bien les grands programmes tous azimuts lancés par Chirac (Rafale, missile M51, études pour le second porte-avions...) il faudrait ajouter 6 milliards d'euros au budget de la Défense chaque année. Or, non seulement Sarközy veut dépenser moins (pas plus de 2 milliards) mais il entend aussi en finir avec un système ubuesque. « On a saupoudré les moyens dans toute la panoplie des armes, dit un haut responsable. Les opérations extérieures, de la Côte d'Ivoire au Liban, sont un cache-misère : on arrive à faire illusion, mais dans dix ans notre appareil de défense va s'effondrer ! »
    Les chars Leclerc dépassés. L'armée de terre possède 346 exemplaires de ce « fleuron ». Sa conception remonte à la guerre froide, quand la France avait pour mission, en cas d'attaque soviétique contre l'Ouest, d'envahir la Tchécoslovaquie ! Dans le nouvel « arc de crise » - de la Mauritanie à l'Afghanistan selon le Livre blanc - le Leclerc n'est pas indispensable (il y en a une dizaine au Sud-Liban). En outre son utilisation revient à 3 000 euros de l'heure et il souffre régulièrement de problèmes techniques. Résultat : à en croire certaines notes « confidentiel-défense », seuls 142 chars sont opérationnels dans les régiments et les équipages les font tourner en moyenne deux heures par semaine !

    Hélicoptères et avions cloués au sol. Il y a d'un côté les superbes Rafale. Et de l'autre la litanie des « taux de disponibilité » en berne. Moins d'un hélicoptère Puma sur deux (45 %) est en état de voler. Hélicos toujours : seuls 35 % des EC 725 Caracal, 37 % des Lynx et 33 % des Super Frelon - un appareil de 40 ans d'âge - sont capables de décoller ! Quant à l'armée de l'air, seuls 36,9 % de ses Mirage F1 de reconnaissance sont utilisables. Sans oublier les avions de transport de troupes Transall, nerf des opérations extérieures (Opex) : une flotte à bout de souffle, où on « cannibalise » les vieux appareils pour pouvoir faire décoller les plus flambards vers l'Afghanistan ou l'Afrique. Le Livre blanc prévoit un parc aérien plus resserré : 234 avions « en ligne » contre plus de 400 aujourd'hui.

    Une flotte vieillissante. Certains des six sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) ont été construits avant 1990. Le « Rubis » a même été lancé en 1983. « 25 ans, c'est plutôt vieux pour un SNA », commente un marin. Plusieurs frégates antiaériennes ont, elles, plus de 30 ans ! Autre problème, le second porte-avions : la décision de le construire (coût : 3,8 milliards) a été renvoyée à 2011. Avoir un porte-avions (PA) c'est bien mais il en faut absolument deux pour assurer la permanence à la mer. Ainsi le « Charles-de-Gaulle », en « hyper-révision » à Toulon depuis juillet 2007, ne sera pas disponible avant fin 2008. D'où l'idée de Sarközy et Morin (ministre de la Défense) d'un groupe aéronaval en commun avec les Britanniques : des avions ou navires accompagnateurs français avec un PA anglais, ou vice-versa. Léger problème, le Premier ministre, Gordon Brown, conscient de l'euroscepticisme de ses compatriotes, ne veut surtout pas que Paris en dise trop sur ce projet !
    Le Parisien - 06 juin 2008
    La Défense de la France, c'est bien le dernier de ses soucis!