Ce n'est une chômeuse, c'est Christine Lagarde!
Le taux de chômage a baissé à 7,2% de la population active en France métropolitaine en moyenne au premier trimestre 2008 (-0,2 point par rapport au précédent trimestre) et à 7,5% si l'on inclut les départements d'outre-mer (Dom), selon des chiffres publiés ce jeudi par l'Insee.
Marc Touati, économiste et directeur général délégué de Global Equities, affirme qu’il faut relativiser le chiffre de la baisse du chômage et que «le plus dur arrive».
Propos recueillis par François Vignal
LIBERATION.FR : jeudi 5 juin 2008
La baisse du chômage est-elle «historique» comme le prétend le gouvernement ?
Il faut remonter au début des années 80 pour trouver un niveau de chômage comparable, exactement au 4e trimestre 1983. Donc cela reste une bonne nouvelle. Mais globalement, il faut relativiser ces chiffres. Aujourd’hui, avec le départ en retraite des baby-boomers, devenus aujourd'hui les papy-boomers, le chômage baisse mécaniquement avec une faible création d’emploi. Au 1er trimestre 2008, la création d’emploi n’est en hausse que de 0,2%. Le chômage baisse, mais mécaniquement. Il y a aussi la poursuite du traitement social du chômage qui a un effet, avec les emplois aidés, les emplois jeunes, les stages. Mais ça ne donne pas d’emploi durable, ça fait simplement sortir les gens des statistiques. Il ne faut pas faire de fétichisme du chiffre. La question, c’est de savoir si ce sont de vrais emplois créés, et là on sait que non.
Il faut remonter au début des années 80 pour trouver un niveau de chômage comparable, exactement au 4e trimestre 1983. Donc cela reste une bonne nouvelle. Mais globalement, il faut relativiser ces chiffres. Aujourd’hui, avec le départ en retraite des baby-boomers, devenus aujourd'hui les papy-boomers, le chômage baisse mécaniquement avec une faible création d’emploi. Au 1er trimestre 2008, la création d’emploi n’est en hausse que de 0,2%. Le chômage baisse, mais mécaniquement. Il y a aussi la poursuite du traitement social du chômage qui a un effet, avec les emplois aidés, les emplois jeunes, les stages. Mais ça ne donne pas d’emploi durable, ça fait simplement sortir les gens des statistiques. Il ne faut pas faire de fétichisme du chiffre. La question, c’est de savoir si ce sont de vrais emplois créés, et là on sait que non.
Quelles sont les perspectives ?
Christine Lagarde doit profiter de ces chiffres car ça ne va pas durer. Les perspectives d’emploi sont molles et la crainte du chômage chez les ménages a fait un bond au mois de mai. En réalité, le plus dur va arriver. La croissance va ralentir plus fortement dans les mois à venir. Le chômage ne va pas remonter, mais arrêter de baisser voire légèrement remonter au 3e trimestre, avec une croissance économique proche de 0% pour les 2e et 3e trimestres. L’emploi est toujours une variable retardée de l’activité. On a d’abord le ralentissement de l’activité économique, puis l’emploi ralentit. Maintenant, le plus dur arrive.
Mais les départs à la retraite des baby-boomers ne permet-il pas de garder une dose d’optimisme, notamment pour le chômage des jeunes ?
C’est sûr que l’effet démographique va perdurer. C’est vraiment maintenant que commence le départ à la retraite du baby-boom. Mais s’il y a un mouvement global, ça ne change pas la réalité du marché du travail. L’employabilité des jeunes reste faible. C’est un problème de formation. Il y a une pénurie de main-d’oeuvre dans certaines activités car il n’y a pas de formation qui correspond. On peut avoir bac+5 et rester au chômage.
La politique du gouvernement est-elle efficace pour faire baisser le chômage ?
Un tiers de la baisse du chômage est dû à de vraies créations d’emploi. Donc c’est lié à la politique économique, à l’amélioration des conditions du marché du travail, même si le gouvernement ne maîtrise pas la conjoncture internationale. Un autre tiers de la baisse est à imputer au papy-boom et le dernier tiers, je le mettrais à l’actif du traitement social du chômage.
Christine Lagarde doit profiter de ces chiffres car ça ne va pas durer. Les perspectives d’emploi sont molles et la crainte du chômage chez les ménages a fait un bond au mois de mai. En réalité, le plus dur va arriver. La croissance va ralentir plus fortement dans les mois à venir. Le chômage ne va pas remonter, mais arrêter de baisser voire légèrement remonter au 3e trimestre, avec une croissance économique proche de 0% pour les 2e et 3e trimestres. L’emploi est toujours une variable retardée de l’activité. On a d’abord le ralentissement de l’activité économique, puis l’emploi ralentit. Maintenant, le plus dur arrive.
Mais les départs à la retraite des baby-boomers ne permet-il pas de garder une dose d’optimisme, notamment pour le chômage des jeunes ?
C’est sûr que l’effet démographique va perdurer. C’est vraiment maintenant que commence le départ à la retraite du baby-boom. Mais s’il y a un mouvement global, ça ne change pas la réalité du marché du travail. L’employabilité des jeunes reste faible. C’est un problème de formation. Il y a une pénurie de main-d’oeuvre dans certaines activités car il n’y a pas de formation qui correspond. On peut avoir bac+5 et rester au chômage.
La politique du gouvernement est-elle efficace pour faire baisser le chômage ?
Un tiers de la baisse du chômage est dû à de vraies créations d’emploi. Donc c’est lié à la politique économique, à l’amélioration des conditions du marché du travail, même si le gouvernement ne maîtrise pas la conjoncture internationale. Un autre tiers de la baisse est à imputer au papy-boom et le dernier tiers, je le mettrais à l’actif du traitement social du chômage.
Libération - 05 mai 2008