AFP.30 juin 2008. Les enquêteurs privilégiaient lundi la thèse de l'accident au lendemain du drame dans une caserne à Carcassonne, lorsqu'un soldat a tiré sur le public à balles réelles, au lieu de balles à blanc, faisant 17 blessés dont quatre graves.
La fusillade a eu lieu lors d'une simulation de libération d'otages, à l'occasion d'une journée portes ouvertes du 3e Régiment parachutiste d'infanterie de marine (RPIMa). Cinq enfants figurent parmi les blessés dont un enfant de 3 ans grièvement atteint, touché au coeur et au bras.
L'état des blessés est "encore préoccupant" mais il "évolue dans le bon sens", a déclaré Nicolas Sarközy à sa sortie de l'hôpital pour enfants du CHU Purpan de Toulouse.
"Il y a eu des négligences inacceptables. Elles devront être sanctionnées", avait-il déclaré un peu plus tôt après s'être rendu au chevet de blessés hospitalisés à Carcassonne.
"La réaction sera rapide et sévère", avait-t-il promis. "Ce sont des professionnels, cela ne peut pas rester sans conséquence".
Ce sergent du 3e RPIMa a agi "involontairement", par "maladresse", "absolument pas de manière préméditée" et le drame est la conséquence d'une "erreur humaine", a-t-il précisé.
Le militaire devrait être présenté mardi devant un juge d'instruction à Montpellier.
"Nous demanderons qu'il soit mis en examen pour le délit de blessures involontaires ayant entraîné une incapacité totale supérieure à trois mois", a affirmé le procureur. Il a ajouté qu'il retiendrait "vraisemblablement une circonstance aggravante", le militaire ayant "violé les règles de sécurité".
L'armée cherche à comprendre comment un sergent a pu faire usage de balles réelles au lieu de balles à blanc alors qu'il participait à une démonstration du Groupe de commandos parachutistes (GCP).
Ce "militaire était expérimenté et très bien noté", a déclaré lundi le ministre de la Défense Hervé Morin. Mais, selon lui, "il y a eu des fautes ou des manquements".
"Un militaire qui a de l'expérience ne peut pas confondre" un chargeur à balles réelles et un chargeur de balles à blanc, a expliqué le ministre, rappelant que les deux types de munitions étaient de couleur différente et que les balles non utilisées devaient être rendues "après chaque exercice", ce qui n'a pas été le cas.
Selon lui, l'auteur des tirs avait d'abord vidé un chargeur de balles à blanc avant "malheureusement" d'en placer un second à balles réelles dans son arme. "Pourquoi était-il dans sa poche?", s'est-il interrogé.
Le drame relève "à 99,9% d'une faute non volontaire", a assuré de son côté le colonel Benoît Royal, chef du service d'informations de l'armée de terre.
"Sur le coup, les gens tombaient, on a cru que ça faisait partie de l'exercice, et puis on a vu du sang!", a raconté à l'AFP un témoin de la fusillade.
"Immédiatement, un responsable a crié au micro depuis le camion-sono: "arrêtez le feu"!", a poursuivi ce témoin, âgé de 44 ans et qui a souhaité rester anonyme. Selon lui, au moins un millier de spectateurs étaient présents.
Sur les 17 blessés, 15 sont des civils et deux des militaires.
Un bilan dimanche soir faisait état de quatre blessés graves. Deux d'entre eux n'étaient plus en danger lundi, a indiqué le préfet de l'Aude, Bernard Lemaire. Il a ajouté que le père et la mère de l'enfant de 3 ans, grièvement blessé, avaient aussi été touchés.