AFP. 28.04.08. Seul chrétien parmi les proches de Saddam Hussein, Tarek Aziz, dont le procès s'est ouvert mardi à Bagdad, a été pendant vingt ans le porte-parole d'un pays d'abord soutenu par l'Occident, puis cloué au pilori.
Il s'est rendu aux troupes américaines à la fin du mois d'avril 2003, et est incarcéré depuis cinq ans dans une prison américaine proche de Bagdad, en dépit des appels de sa famille à sa libération pour raisons médicales.
Amateur de havanes et de bons whiskeys, Tarek Aziz, né en 1936 dans une famille pauvre de la région de Mossoul (nord), s'est rapidement imposé, grace à sa parfaite maitrise de l'anglais et à son art de la répartie comme l'avocat infatigable d'un régime de moins en moins fréquentable.
Aziz, reçu par le président Ronald Reagan à la Maison Blanche, fut alors l'artisan de la reprise des relations diplomatiques entre Washington et Bagdad en 1984. Il s'est ensuite trouvé tout aussi à son aise à Moscou ou à Paris, qui n'ont jamais refusé leur aide au pouvoir qu'il représentait.
Le rôle de cet homme, de petite taille, au visage carré derrière des lunettes à grosses montures, s'est avéré plus difficile --voire impossible-- après l'invasion du Koweit par l'armée irakienne, en août 1990.
Erreur stratégique d'un Saddam Hussein privé de la protection de l'URSS qui se désagrégeait alors, cette décision allait marquer le début du naufrage d'un pays que l'histoire et la géographie destinaient à un rôle régional.
Tarek Aziz est connu pour avoir eu des doutes sur le bien fondé d'un défi aussi direct au nouvel ordre mondial dominé par les Etats-Unis, mais dans l'Irak d'alors personne ne pouvait s'opposer à la volonté du dictateur.
Et surtout pas ce représentant d'une minorité tolérée, les Chaldéens, dont la loyauté à Saddam Hussein était légendaire et dont la rumeur voulait qu'il se lève chaque fois que le président irakien l'appelait au téléphone.
Aziz avait rejoint à la fin des années 50 le parti Baas, une organisation clandestine qui combattait alors la monarchie soutenue par les Britanniques, mais également le Parti communiste très puissant en Irak.
Il était journaliste et s'occupait de la propagande du Baas, sorti de l'ombre en 1963 lors de l'élimination du colonel Abdelkarim Kassem par un putsch de militaires baassistes et nationalistes, alliés contre les communistes.
Lorsque les baassistes arriveront finalement aux commandes après le coup d'Etat de 1968, Tarek Aziz gravira les échelons du pouvoir pour se retrouver en 1977, siégeant à l'organe suprême, le Conseil de commandement de la révolution.
En 1979, il liera définitivement son sort à celui de Saddam Hussein, lorsque celui-ci, alors vice-président, écartera le président Ahmed Hassan al Bakr, et s'installera à la tête du pays.
Il défendra jusqu'au dernier moment celui qui fut son "maître": lors du procès de Saddam Hussein il viendra à la barre en mai 2006 défendre "un homme bon et généreux, et qui aimait son peuple".
Tout au long de sa carrière, il aura l'art de la formule, dénonçant "le grand mensonge" des accusation occidentales sur l'arsenal irakien d'armes de destruction massive, ou résumant dans la formule "pétrole et Israël", les raisons pour lesquelles la guerre de 2003 était inévitable...