Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

fusillade à la yeshiva

  • La prophétie d'Isaïe

    Au lendemain de la fusillade au cours de laquelle un palestinien a tué huit étudiants dans une école religieuse à Jérusalem, les éditorialistes de la presse israélienne confiaient vendredi 7 mars leur profonde inquiétude quant aux conséquences que l'événement pourrait avoir dans les prochaines semaines. "La nouvelle année a tout juste deux mois, et le nombre d'Israéliens tués par des terroristes palestiniens (quinze) dépasse déjà le nombre total d'Israéliens tués l'année dernière. Ce n'est pas de bon augure pour le futur", écrit Amos Harel dans Haaretz quand Ron Ben-Yishai dans Yediot Aharonot pose d'entrée la question : "Vers une troisième intifada ?"

     

    Premier motif d'inquiétude pointé par la presse israélienne, le fait qu'une telle attaque ait été possible au cœur d'un des quartiers très peuplés de l'ouest de Jérusalem, très éloigné des quartiers arabes, dans l'est de la ville, ce qui pour Calev Ben-David, du Jerusalem Post, "va remettre sérieusement en question toutes les réflexions qui ont cours depuis la construction du mur de sécurité en Cisjordanie". "Six ans après qu'Israël a commencé à dresser cette barrière, elle est loin d'être achevée. Ainsi, il est toujours possible d'entrer à Jérusalem par la Cisjordanie", lit-on dans Haaretz. Ce qui fait dire à l'éditorialiste de Haaretz que les efforts des forces de sécurité israéliennes, qui ont réussi à réduire le terrorisme en Cisjordanie depuis trois ans, n'étaient qu'un "miracle virtuel" : "l'attaque d'hier [jeudi] montre que l'infrastructure terroriste en Cisjordanie est toujours vivace".

    PROPHÉTIE

    Les journalistes s'interrogent dans un second temps sur les conséquences engendrées par le fait que la fusillade a pris pour cible le Mercaz Harav, symbole du nationalisme religieux. C'est en son sein qu'est né, après la guerre des Six jours de 1967, le mouvement du Bloc de la foi, le Goush Emounim, fer de lance de la colonisation juive en Cisjordanie. "Ce ne sont pas juste des étudiants" qui sont affectés par cette attaque, mais "le segment le plus important du public sioniste religieux. Ce segment de la population qui bouillonne déjà de colère", prédit Amir Mizroch dans une analyse publiée par le Jerusalem Post.

    "J'entends déjà sur les radios religieuses sionistes les gens parler de l'attaque en termes prophétiques, comme dans le livre d'Isaïe 59 verset 20 : 'Un rédempteur viendra pour Sion, pour ceux de Jacob qui se convertiront de leurs péchés, dit l'Eternel'. Dans leurs talk-shows radiophoniques, les colons interprètent cette prophétie en disant que si les juifs n'arrêtent pas le Hamas, les Palestiniens, le Hezbollah, Dieu obligera les juifs à le faire", écrit Amir Mizroch, qui souligne également combien dans ces émissions, les auditeurs sont unanimes pour condamner le gouvernement et demander la démission d'Ehoud Olmert. L'éditorialiste envisage que certaines franges de cette population expressément visée par l'attentat, veuillent faire justice eux-mêmes et se livrer à des représailles au sein même de Jerusalem-Est d'où semble venir le tueur.

    Cette idée d'assister à des actes de vengeance de la part des juifs eux-mêmes est reprise dans le Yediot Aharonot. Mais ce que redoute l'éditorialiste par dessus tout c'est de voir éclater des troubles du côté palestinien : "Dans les prochains jours, le Hamas essayera sans doute de pousser des éléments armés en Cisjordanie, des résidents de Jérusalem-Est à prendre part à des soulèvements de masse qui pourraient se transformer en une troisième intifada", peut-être même avec l'appui d'autre organisations, comme le Hezbollah. Pour le journaliste d'Haaretz Ron Ben-Yishai, l'urgence pour les forces de sécurité israéliennes est donc d'empêcher ces soulèvements avant qu'ils ne dégénèrent et n'embrasent tous les territoires palestiniens.

    (Le Monde 7 mars 08)