PROPHÉTIE
Les journalistes s'interrogent dans un second temps sur les conséquences engendrées par le fait que la fusillade a pris pour cible le Mercaz Harav, symbole du nationalisme religieux. C'est en son sein qu'est né, après la guerre des Six jours de 1967, le mouvement du Bloc de la foi, le Goush Emounim, fer de lance de la colonisation juive en Cisjordanie. "Ce ne sont pas juste des étudiants" qui sont affectés par cette attaque, mais "le segment le plus important du public sioniste religieux. Ce segment de la population qui bouillonne déjà de colère", prédit Amir Mizroch dans une analyse publiée par le Jerusalem Post.
"J'entends déjà sur les radios religieuses sionistes les gens parler de l'attaque en termes prophétiques, comme dans le livre d'Isaïe 59 verset 20 : 'Un rédempteur viendra pour Sion, pour ceux de Jacob qui se convertiront de leurs péchés, dit l'Eternel'. Dans leurs talk-shows radiophoniques, les colons interprètent cette prophétie en disant que si les juifs n'arrêtent pas le Hamas, les Palestiniens, le Hezbollah, Dieu obligera les juifs à le faire", écrit Amir Mizroch, qui souligne également combien dans ces émissions, les auditeurs sont unanimes pour condamner le gouvernement et demander la démission d'Ehoud Olmert. L'éditorialiste envisage que certaines franges de cette population expressément visée par l'attentat, veuillent faire justice eux-mêmes et se livrer à des représailles au sein même de Jerusalem-Est d'où semble venir le tueur.
Cette idée d'assister à des actes de vengeance de la part des juifs eux-mêmes est reprise dans le Yediot Aharonot. Mais ce que redoute l'éditorialiste par dessus tout c'est de voir éclater des troubles du côté palestinien : "Dans les prochains jours, le Hamas essayera sans doute de pousser des éléments armés en Cisjordanie, des résidents de Jérusalem-Est à prendre part à des soulèvements de masse qui pourraient se transformer en une troisième intifada", peut-être même avec l'appui d'autre organisations, comme le Hezbollah. Pour le journaliste d'Haaretz Ron Ben-Yishai, l'urgence pour les forces de sécurité israéliennes est donc d'empêcher ces soulèvements avant qu'ils ne dégénèrent et n'embrasent tous les territoires palestiniens.
(Le Monde 7 mars 08)