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  • LES GAZ DE COMBAT

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    Fritz Haber Prix Nobel de chimie en 1919 
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    Masques à gaz dans les tranchées 
    Les gaz de combat et Fritz Haber 
    Prix Nobel et criminel de guerre...
    L’usage de produits toxiques comme armes de guerre est très ancien : leur emploi est mentionné par Pausanias et Thucydide. Mais leur efficacité est longtemps restée très limitée.

    Au cours du XVIIIème siècle, la chimie des gaz fit des progrès considérables ; les responsables politiques pensèrent immédiatement pouvoir en tirer partie pour réaliser de nouvelles armes : les armes chimiques. C’est ainsi qu’à l’occasion de la guerre de Vendée, en 1793, les républicains imaginèrent d’empoisonner et d’asphyxier la Vendée. Mais des essais sur des moutons furent sans « succès ». Et les noyades de Carrier, ainsi que les colonnes infernales de Turreau, se révélèrent plus efficaces.

     

    Ce n’est qu’un siècle plus tard que ce type d’armes put être mis au point. A cette époque non seulement, la chimie est beaucoup mieux comprise et maîtrisée, mais une véritable industrie chimique existe désormais, fournissant tout le support technique nécessaire à leur fabrication à grande échelle et à leur mise en oeuvre.

     

     

    Haber, bienfaiteur de l'humanité

     

    Les progrès décisifs furent réalisés par un grand savant allemand : le chimiste Fritz Haber, de confession israélite, plus tard converti au protestantisme.

    Haber, né en 1868 à Breslau (Prusse), trois ans avant la réunification de l’Allemagne, fait de brillantes études et obtient un doctorat de chimie à 23 ans. Après des débuts, pas très heureux, dans l’entreprise de colorants de son père, il s’oriente vers une carrière universitaire d’enseignement et de recherches.

    En Allemagne, une importante industrie chimique, basée sur le charbon, s’était déjà développée. De fortes coopérations industrie-université étaient d’une pratique courante à cette époque. C’est dans ce contexte que Haber met au point un procédé de synthèse de l’ammoniac, ouvrant la voie à la fabrication des engrais azotés. L’enjeu était important : les engrais naturels (principalement le guano du Chili) commençaient à s’épuiser et le spectre d’une famine mondiale se dessinait à l’horizon, faisant renaître le malthusianisme. Les grands scientifiques de l’époque tiraient le signal d’alarme. C’est donc une invention de première importance. Et Haber valorise ses brevets auprès des grands de l’industrie chimique allemande, comme BASF.

    Ses découvertes lui valent d’être nommé à la tête de l’Institut Kaiser Wilhelm, consacré à la chimie, qui vient d’être créé par l’Empereur d’Allemagne Guillaume II. A ce moment, il peut être considéré comme un bienfaiteur de l’humanité.

    Pour ses travaux sur l’ammoniac, Haber se verra décerner le prix Nobel de chimie en 1918, qui ne lui sera remis qu’en 1919, en raison de la guerre.

     

     

    Haber, criminel de guerre:

     

    La première guerre mondiale qui a éclaté en 1914 s’enlise rapidement dans une guerre de tranchées et on ne voit pas le moyen d’en sortir. Les Allemands envisagent alors d’obliger les combattants à quitter les tranchées grâce à des gaz irritants et demandent aux chimistes de concevoir ces armes. Fritz Haber propose le chlore et, après quelques essais, organise la première attaque sur le front de l’ouest. Il dispose, sur une distance de 6 kilomètres, entre Langemarck et Ypres, cinq mille fûts contenant du chlore comprimé (chlorine) et attend le moment favorable. Les robinets de gaz sont ouverts le 22 avril 1915 à 5 heures du matin et le chlore, légèrement poussé par la brise, se répand sur les troupes françaises. L’effet est dévastateur : les Français sont asphyxiés, certains parviennent à sortir des tranchées et à s’enfuir, mais rattrapés par le nuage toxique, crachent leur sang et leurs poumons, certains perdent la vue, et la plupart meurent.  Un quart d’heure plus tard les Allemands sortent des tranchées, munis de masques à gaz, et attaquent sur toute la largeur du front. Sur quinze mille soldats blessés, cinq mille moururent dans d’atroces souffrances. Le front est abandonné par les Français. Cependant les Allemands ne purent exploiter complètement ce succès, faute d’effectifs et d’une préparation suffisants.

    Les masques à gaz rendaient inopérant le chlore. Haber chercha d’autres solutions. Il a recours à divers gaz, dont le phosgène, dérivé du chlore, six fois plus toxique. Ces gaz furent aussi utilisés sur les fronts de l’est, comme le 31 mai 1915 contre les Russes, causant la mort de 6000 soldats, et aussi aux Dardanelles, certainement la plus grande bataille maritime de l’histoire (250000 morts dans chaque camp). Puis il met au point le gaz « moutarde » ou ypérite, sous forme liquide, pouvant attaquer n’importe quelle partie du corps en provoquant des brûlures étendues. L’ypérite pouvait être chargé dans des obus. Utilisé par les Allemands à partir de juillet 1917, près d’Ypres qui lui donna son nom, il fut employé par tous les belligérants jusqu’à la fin de la guerre.

     

    Mais en 1919, Haber est déclaré criminel de guerre pour l’emploi des gaz asphyxiants. Il se sauve alors en Suisse, où il est oublié rapidement, ce qui lui permet de revenir en Allemagne. Il reprend ses études sur les gaz asphyxiants et aussi sur les insecticides. C’est ainsi qu’il invente, vers 1920, une préparation à base d’acide cyanhydrique qui deviendra le Zyklon B.

     

    En 1933, Hitler arrivant au pouvoir, il doit abandonner ses fonctions en raison de ses origines juives. Contraint de quitter l’Allemagne, désespéré, il se réfugie en Angleterre, mais meurt à Bâle en 1934, lors d’un voyage en Suisse.

    Taxinomie des gaz de combat

    L’appellation de « gaz de combat » concerne tous les composés chimiques utilisables militairement pour leurs effets toxiques pour l’homme, les animaux ou les plantes. Cette dénomination ne caractérise pas l’état physique des produits utilisés, lesquels peuvent être dispersés aussi sous forme de liquide ou d’aérosols.

    On distingue trois familles de gaz :

    -         les produits irritants qui s’attaquent aux nerfs sensitifs : oculaires (gaz lacrymogènes), respiratoires, ou urticants ;

    -         les produits incapacitants qui s’attaquent aux centres nerveux et dont les effets sont plus durables que les précédents ;

    -         les produits létaux, à action suffocante, ou vésicante, ou empêchant l’oxygénation des tissus ou la transmission de l’influx nerveux (neurotoxiques). Les plus connus sont le tabun, le soman et le sarin, découverts par le chimiste allemand Schrader en 1937.

    La valeur militaire de cette arme dépend de son efficacité intrinsèque mais aussi des moyens de s’en défendre. Des systèmes de protection individuels ou collectifs (masques à gaz, combinaisons, filtres, détecteurs, décontamination,…) présentent une efficacité certaine et continuent d’être perfectionnés pour faire face à de nouveaux produits. Il est souvent possible de soigner les blessés et de les guérir (antidotes).