Telle une statue aryenne, le corps couvert du drapeau nazi, un soldat du 17e RGP pose fièrement sur la photo. Sur un autre cliché, il lève le bras faisant le salut nazi aux côtés de deux autres militaires en tenue. Même de mauvaise qualité, ces photos sont révélatrices d'un état d'esprit qui régnerait au sein du régiment montalbanais. Des agissements dénoncés auprès des autorités par un ancien « frère d'arme », Jamel Benserhir.
C'est ainsi que deux de ces nostalgiques du IIIème Reich, encore engagés au sein du régiment de génie parachutiste de Montauban, ont été consignés en fin de semaine dernière dans le cadre d'une enquête interne. Le troisième militaire, qui a quitté l'armée, pourrait être entendu par les gendarmes chargés de l'enquête. Ces investigations ont été lancées dès hier à la suite d'une plainte déposée à leur encontre, mardi soir, par le chef de corps du 17e RGP.
« Aujourd'hui on cherche à identifier l'endroit où ces photos ont été prises », explique le commandant Claude Saunire, adjoint au colonel Michel Esparsa, chef de corps du 17e RGP. Pour Jamel Benserhir, ancien sergent de la compagnie d'appui du régiment, il n'y a aucun doute : les clichés ont été réalisés dans une chambre de la caserne Doumerc, à Montauban.
« Plusieurs soldats ont des tatouages particulièrement explicites. Sur les casiers, ils placardent des affiches de propagandes nazies », relate Jamel Benserhir.
Mehdi, ancien caporal qui préfère rester discret pour préserver sa nouvelle vie, se souvient d'une soirée passée au Kosovo, lors d'une de ses opérations extérieures.
« Un soir, mon chef de section, complètement saoul, est monté sur la table et a fait le salut nazi… Devant tout le monde », lâche-t-il.
Comme Jamel, il a tenté de dénoncer ce racisme ambiant. Chacun de leur côté, ils ont rédigé des rapports, rencontré des supérieurs, demandé audience au responsable de région… En vain.
« À chaque fois, on nous disait qu'on fantasmait. Que ce n'était pas bien grave tant que ça ne sortait pas de la caserne », raconte l'ancien sergent. En août 2008, le ministère de la Défense décide de mettre fin à son contrat en raison de son « instabilité émotionnelle » et de son « manque d'intégration ». « Il n'était pas le meilleur parmi ses pairs et en raison de sa notation, techniquement il ne pouvait pas continuer sa carrière », assurent les responsables du 17e RGP.
Cette décision pousse Jamel Benserhir à multiplier les courriers pour révéler les agissements dont il estime avoir été victime. Durant plusieurs mois, aucune institution ne bouge. Édifié par le contenu de son courrier, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a finalement prévenu le ministère de la Défense qui, en fin de semaine dernière, a demandé des comptes au 17e RGP.
(Ladépêche.fr - 03.04.08)