C'est ce qui s'appelle effectuer un "beau coup". Et il est double, à la fois médiatique et politique. Tout d'abord médiatique car il permet de remettre John McCain sous les spots des projecteurs et de monopoliser l'attention de toutes les chaînes de télévision, moins de 24 heures après le discours d'investiture de Barack Obama.
Pour ne rien gâcher, le suspense aura duré presque jusqu'au bout. Moins d'une heure avant l'annonce officielle du colistier du candidat républicain, les médias américains continuaient ainsi à spéculer sur le nom de l'heureux élu. Et, malgré les rumeurs qui circulaient depuis vendredi matin, ils restaient sceptiques puisque jamais le nom de Sarah Palin, 44 ans, n'avait réellement figuré dans la liste des favoris, qui s'était réduite à seulement trois noms.
Mais plus que le "coup" médiatique, il s'agit surtout d'un superbe "coup" politique. Ce n'est en effet que la seconde fois qu'une femme figure sur un "ticket" présidentiel -la première était Geraldine Ferraro, colistière du candidat démocrate Walter Mondale en 1984.
Avec Sarah Palin, la cible de John McCain est claire : les femmes qui ont voté pour Hillary Clinton lors des primaires démocrates et qui restent très dubitatives envers Barack Obama -selon les sondages, près de 25% des électeurs de l'ancienne Première dame dans leur ensemble entendent voter pour John McCain.
Avec ce choix surprenant, John McCain compense également la faiblesse de son âge -il a fêté ses 72 ans ce vendredi- par la jeunesse de sa colistière. Gouverneur de l'Alaska, elle est aussi très éloignée de Washington, et contrebalance ainsi le "changement" prôné par Barack Obama. Autre explication de cette décision : opposée à l'avortement, elle rassurera la droite du parti républicain, toujours réticente à l'idée de soutenir John McCain. Enfin, avec son expérience, même limitée -elle est en poste depuis seulement deux ans en Alaska- elle complète la longue période législative du représentant du parti de l'éléphant, député puis sénateur de l'Arizona depuis 1981.
En revanche, revers de la médaille, Sarah Palin, quasi-inconnue des Américains, présente les défauts de ses qualités. Jeune et seulement en poste depuis deux ans, elle est peu expérimentée, notamment en politique étrangère, et prêtera donc le flanc aux critiques du camp démocrate. Sur ce thème, l'équipe du sénateur de l'Arizona aura désormais du mal à poursuivre ses attaques sur l'inexpérience de Barack Obama. Et si l'opposition à l'avortement est donc un signe pour la droite du parti, elle devrait aussi être mal perçue par les féministes.
LCI.fr 29.08.08
L'Alaska, c'est exquis...