Martin Hirsch et Eric Woerth
Martin Hirsch défend lundi à l'Assemblée pour la troisième fois en trois semaines le texte remplaçant le RMI par le Revenu de solidarité active (RSA), avec la question centrale du financement par la taxe additionnelle de 1,1% sur les revenus du patrimoine. La gauche devrait s'abstenir, refusant l'inclusion de cette taxe dans le «bouclier fiscal», qui plafonne l'impôt à 50% du revenu.
L'UMP a par avance déploré ce choix et souhaité un vote favorable unanime, notamment par la voix du président de l'Assemblée Bernard Accoyer. Le gouvernement a de son côté déploré que l'opposition ne fasse pas preuve d'«unité nationale», pour le RSA comme face à la crise financière.
Le Haut commissaire aux Solidarités actives n'a pour l'instant fait voter qu'un seul des 17 articles de son projet de loi, dont l'objectif affiché est d'encourager le retour au travail des Rmistes et réduire le nombre de «travailleurs pauvres» (environ deux millions).
Le coût du RSA est évalué à 1,5 milliard par an, dépense publique énorme en période de «récession technique» et de priorité toujours accordée à la réduction des déficits.
En pleine crise financière, les députés vont s'attaquer au coeur du texte, à savoir le financement du RSA par une taxe additionnelle de 1,1% sur les revenus du patrimoine (produits d'épargne financier, bien immobilier...). Le produit du futur plafonnement des niches fiscales -150 à 200 millions d'euros par an- devrait réduire le poids de cette taxe. Il s'agit d'une concession à une partie de la majorité qui voyait d'un très mauvais oeil la création d'une nouvelle contribution.
La gauche va de nouveau demander que les bénéficiaires du bouclier fiscal s'acquittent également de la taxe RSA, sa condition pour voter un dispositif qui figurait parmi ses propres propositions. Mardi dernier, les députés n'avaient voté qu'un article, qui attribue la gestion du RSA aux départements, ainsi qu'un amendement qui accorde une reconnaissance juridique aux compagnons d'Emmaüs.
La discussion avait débuté le 25 septembre, puis avait brièvement repris le 30. Plusieurs députés ont déploré le «saucissonnage» de l'examen du projet, l'UMP et le PS se renvoyant la responsabilité de cet examen étalé sur trois semaines d'un texte présenté comme l'un des "plus importants" du quinquennat.
Leparisien.fr avec AFP- 05.10.08