Comme depuis plusieurs mois, le président baisse dans les sondages et le Premier ministre continue de grimper ; - 4 pour le premier, + 8 pour le second. Et ce sont les électeurs de gauche qui « boostent » le chef du gouvernement...
IL A BEAU FAIRE, il a beau dire, Nicolas Sarközy ne parvient pas à enrayer sa chute dans les sondages. Le baromètre mensuel de CSA le confirme : le chef de l'Etat perd 4 points en trois semaines mais, surtout, l'écart se creuse entre lui et François Fillon, qui gagne 8 points. Entre le président et le Premier ministre, il y a désormais 17 points d'écart.
Ça n'empêche pas de présider, mais ça fait désordre. Sarközy continue de faire mine de ne pas s'en émouvoir outre mesure : « Je travaille à la modernisation de la France, déclare-t-il ce matin dans une interview au Figaro, sans me laisser distraire par les péripéties, même si je me dois d'être attentif à tout, y compris l'humeur du moment. »
Face à l'humeur, donc, Sarközy maintient le cap, écarte l'idée d'un plan de rigueur, réaffirme sa confiance au secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant et abandonne la perspective d'un grand remaniement ministériel, ce qui n'exclut pas quelques réaménagements après les municipales. Comme la semaine dernière à nos lecteurs, il déclare au « Figaro » qu'« on ne change pas un Premier ministre en fonction des sondages ». Il ajoute qu'il a choisi Fillon parce qu'il est « le meilleur » pour mener à bien sa politique. Ce qui ne veut pas dire qu'il le restera.
Mais pourquoi diable François Fillon est-il si haut dans les sondages, alors que le mécontentement sur, par exemple, le pouvoir d'achat devrait se retourner autant contre lui que contre le président ? Parce qu'il n'expose pas sa vie privée, sans doute? Parce qu'il « fait » Premier ministre alors que le président, aux yeux des Français, est trop souvent en décalage avec l'idée qu'ils se font d'un chef d'Etat. Mais aussi parce que les électeurs de gauche, dans l'énorme proportion de 41 %, font confiance au Premier ministre. Ou disent lui faire confiance. Tout se passe comme si, jouant avec les sondages, les Français faisaient grimper artificiellement Fillon pour mieux punir Sarkozy de les avoir déçus.