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Le "Moulin Noir" à Pigalle... témoignages

DIDIER BIGOT, témoin des affrontements:

DANS les établissements ceinturant la place Pigalle, la « bagarre » - comme on l'appelle dans le quartier - ne cessait hier d'alimenter les conversations. Accoudés au comptoir de la Nouvelle Athènes, restaurant gastronomique, les gérants des bars et des boîtes de nuit du quartier n'ont que cette étrange soirée en tête. Didier Bigot, directeur du restaurant, n'en revient toujours pas.

« Nous terminions tranquillement de ranger les tables lorsqu'une trentaine de jeunes Noirs se sont mis à rôder sur la place, se souvient-il. Comme il n'y avait plus de clients, on a décidé de fermer. » Inquiet, il boucle et se réfugie au premier étage, avec trois de ses employés. Le bâtiment étant pourvu d'une énorme baie vitrée, l'équipe se retrouve aux premières loges de l'affrontement entre les deux bandes rivales.

Des restaurateurs excédés

« En quinze minutes, la place s'est remplie de monde, c'était quelque chose de fou, se souvient Claire, une des serveuses. Il y avait au moins cent cinquante Noirs. Lorsque deux coups de feu ont retenti, tous les établissements voisins ont fermé leurs grilles. » Encore abasourdi par ce qu'il a vu la veille, son patron ajoute : « Certains hommes tenaient des machettes derrière leur dos, d'autres planquaient des couteaux au fond de leur poche. »

La panique envahissant tout le quartier, touristes et badauds se réfugient à l'intérieur des bars et music-halls pour se mettre à l'abri. Et lorsque les forces de l'ordre forment un carré de sécurité autour d'un homme gisant à terre, tous pensent que c'est enfin terminé. Mais les affrontements reprennent de plus belle dans le bus 67 en stationnement. « Coursés par la police, les jeunes sont repartis vers la place d'Anvers... aussi vite qu'ils sont arrivés », constate Didier.

Les restaurateurs du quartier ne cachent pas leur mécontentement. « Ce n'est pas la première fois qu'une horde de voyous nous empêche de travailler, s'agace Gery, propriétaire du cabaret voisin, le Cupidon, depuis trente-sept ans. Samedi soir, devant le Moulin Rouge, c'était la même rengaine. Les touristes étaient tellement terrorisés par les bandes qu'ils n'ont pas osé sortir de la salle de spectacle. » Il compte lancer une pétition et l'adresser aux mairies du IXe et du XVIIIe pour faire cesser cette violence.

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