François Fillon, dernier Premier ministre?

A la tribune, François Fillon a les traits tirés mais ses yeux brillent, comme sous le coup de l'émotion. Il est 13 h 35, hier à Matignon. Le Premier ministre, qui vient de promettre « de la sueur et des séances de nuit » aux parlementaires de la majorité, est longuement ovationné. Ces derniers temps, il n'a pas eu si souvent l'occasion de se réjouir. Manifestement, il savoure le moment. Quatre mois après sa nomination, le chef du gouvernement peine toujours à exister face à Nicolas Sarkozy. Depuis la rentrée, il doit en outre subir les vexations du chef de l'Etat ou de ses « collaborateurs » de l'Elysée, à commencer par l'ombre croissante du secrétaire général, Claude Guéant.

Le climat a changé. En mai dernier, le quinquennat avait commencé par un footing commun entre les deux têtes de l'exécutif. Il y a encore eu une séance de jogging, avant le Conseil des ministres décentralisé à Strasbourg, le 7 septembre, mais les deux hommes ne courent plus beaucoup ensemble.

 Dans une interview à « Paris Match », hier, Fillon admet avoir été « agacé » par les « imprécisions de langage » de Sarkozy, en particulier lorsque le président l'a qualifié de « collaborateur ». « Il souffre, mais il va retrouver un peu d'oxygène avec la session parlementaire, estime un dirigeant de l'UMP. A l'Assemblée, il n'aura pas Sarkozy et les coups de fil de Cécilia.* » « C'est Fillon qui sera au charbon les mardis et mercredis pour les questions au gouvernement, renchérit Jérôme Bignon, député de la Somme. Le boulot d'ajusteur, c'est lui qui le fera. »

*Parce qu'elle harcèle le premier Ministre? De quoi se mêle-t-elle?

(Source Le Parisien)