Arnaud Lagardère et Nicolas Sarközy
"S'il m'arrive quelque chose, tu pourras t'occuper d'Arnaud ? " C'était en 1987, avenue Hoche, à Paris, chez Jean-Luc Lagardère. Le père d'Arnaud présente Nicolas Sarkozy à son fils âgé alors de 26 ans.On ne connaît pas la réponse du jeune Nicolas, homme politique prometteur de 32 ans. Mais au moment du décès brutal de Jean-Luc en mars 2003, les liens entre les deux amis se sont renforcés. « Pendant toute la période qui a suivi la mort de son père, Nicolas Sarkozy l'a beaucoup soutenu, c'est l'un des premiers qui l'ont tout de suite appelé », se souvient un des proches collaborateurs d'Arnaud.
Ironie de l'histoire, ces amis de vingt ans se retrouvent aujourd'hui dans un face-à-face qui n'est pas encore frontal. Mais la suite des événements pourra difficilement tenir les deux hommes encore longtemps à distance. D'un côté, Lagardère. Il est suspecté depuis la révélation la semaine dernière du prérapport de l'AMF, l'Autorité des marchés financiers, de délit d'initié pour la vente d'une partie de sa participation dans EADS. De l'autre, le président de la République, Nicolas Sarkozy, qui hier n'a pas hésité à enfoncer le clou en clamant que « s'il y a des gens qui fraudaient chez EADS, il faut qu'on connaisse la vérité et que la justice aille jusqu'au bout ». Une déclaration de nature à prévenir toute offensive politique, voire judiciaire, sur les liens privilégiés qui l'unissent à l'homme d'affaires. Une proclamation en guise de pare-feu pour tenter de couper court à une interrogation qui circule et s'insinue : « Sarkozy protège-t-il Lagardère ? » Une interrogation qui, à peine formulée, risque de tourner au scandale d'Etat.
« Je vous présente mon frère. » N'est-ce pas ainsi qu'un beau jour d'avril 2005 Arnaud avait accueilli celui qui n'était encore que le chef de l'UMP lors d'un séminaire des cadres dirigeants du groupe réuni à Deauville ? Parmi les patrons préférés du président de la République, la famille Lagardère occupe en effet - derrière Martin Bouygues - une place particulière. Lors du naufrage de la Cinq, dont Hachette était l'actionnaire principal, le cabinet d'avocats Claude et Sarkozy travaillait pour le groupe.* C'est encore lui qui, alors ministre de l'Economie, a réussi à dénouer la succession complexe de Jean-Luc.
Les soupçons de connivence sont d'autant plus forts qu'Arnaud Lagardère est à la tête de médias influents. Le directeur de la rédaction de « Paris Match » avait été licencié voilà deux ans pour avoir publié des photos de Cécilia avec son amoureux d'alors (le milliardaire américain Richard Attias). En mai dernier, c'est un article du JDD, autre fleuron du groupe, qui aurait été censuré pour avoir voulu révéler que Cécilia n'avait pas voté au second tour de la présidentielle... Arnaud a été le premier à rendre visite à Nicolas à son QG de la rue d'Enghien le 6 mai, quelques heures avant le verdict des urnes. « Leurs relations sont toujours très bonnes, mais chacun doit rester à sa place. Sarkozy ni ne le lâche ni ne le soutient particulièrement », souligne-t-on chez Lagardère. De son côté, un ministre murmure mi-figue, mi-raisin : « Le président ne peut plus rien faire d'autre que de jouer la transparence. » CQFD.
* Voir ma Note précédente: "Cumul... "
Ironie de l'histoire, ces amis de vingt ans se retrouvent aujourd'hui dans un face-à-face qui n'est pas encore frontal. Mais la suite des événements pourra difficilement tenir les deux hommes encore longtemps à distance. D'un côté, Lagardère. Il est suspecté depuis la révélation la semaine dernière du prérapport de l'AMF, l'Autorité des marchés financiers, de délit d'initié pour la vente d'une partie de sa participation dans EADS. De l'autre, le président de la République, Nicolas Sarkozy, qui hier n'a pas hésité à enfoncer le clou en clamant que « s'il y a des gens qui fraudaient chez EADS, il faut qu'on connaisse la vérité et que la justice aille jusqu'au bout ». Une déclaration de nature à prévenir toute offensive politique, voire judiciaire, sur les liens privilégiés qui l'unissent à l'homme d'affaires. Une proclamation en guise de pare-feu pour tenter de couper court à une interrogation qui circule et s'insinue : « Sarkozy protège-t-il Lagardère ? » Une interrogation qui, à peine formulée, risque de tourner au scandale d'Etat.
« Je vous présente mon frère. » N'est-ce pas ainsi qu'un beau jour d'avril 2005 Arnaud avait accueilli celui qui n'était encore que le chef de l'UMP lors d'un séminaire des cadres dirigeants du groupe réuni à Deauville ? Parmi les patrons préférés du président de la République, la famille Lagardère occupe en effet - derrière Martin Bouygues - une place particulière. Lors du naufrage de la Cinq, dont Hachette était l'actionnaire principal, le cabinet d'avocats Claude et Sarkozy travaillait pour le groupe.* C'est encore lui qui, alors ministre de l'Economie, a réussi à dénouer la succession complexe de Jean-Luc.
Les soupçons de connivence sont d'autant plus forts qu'Arnaud Lagardère est à la tête de médias influents. Le directeur de la rédaction de « Paris Match » avait été licencié voilà deux ans pour avoir publié des photos de Cécilia avec son amoureux d'alors (le milliardaire américain Richard Attias). En mai dernier, c'est un article du JDD, autre fleuron du groupe, qui aurait été censuré pour avoir voulu révéler que Cécilia n'avait pas voté au second tour de la présidentielle... Arnaud a été le premier à rendre visite à Nicolas à son QG de la rue d'Enghien le 6 mai, quelques heures avant le verdict des urnes. « Leurs relations sont toujours très bonnes, mais chacun doit rester à sa place. Sarkozy ni ne le lâche ni ne le soutient particulièrement », souligne-t-on chez Lagardère. De son côté, un ministre murmure mi-figue, mi-raisin : « Le président ne peut plus rien faire d'autre que de jouer la transparence. » CQFD.
* Voir ma Note précédente: "Cumul... "
Commentaires
Merci, Gaëlle, pour cette excellente note. Elle rappelle à ceux qui l’auraient oublié que politiciens et affairistes, c’est bonnet blanc et blanc bonnet…
merci pour votre commentaire! Ils sont comme cul et chemise, pour parler gaulois à notre tour!
Oh, Gaëlle, je n’avais pas osé l’écrire ! Mais c’est bien ça ! Il vaut mieux en rire.
Amitié.