L'affrontement à distance entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin s'est poursuivi ces derniers jours sur le terrain de l'affaire EADS, l'ex-Premier ministre dénonçant une volonté "d'occulter" le fond du dossier en cherchant des "boucs émissaires faciles".
De son côté, Arnaud Lagardère, un proche du président de la République, a mis en cause dimanche M. de Villepin en déclarant dans un de ses journaux, le JDD, que Matignon et son locataire d'alors étaient au courant, dès début 2006, de son intention de vendre une partie de ses actions EADS et de leur possible rachat par la Caisse des dépôts et consignations (CDC).
"Matignon a suivi l'opération depuis le début", a-t-il affirmé.
Le ministre du Budget, Eric Woerth, qui avait été congédié du gouvernement en juin 2005 lors de l'arrivée à Matignon de M. de Villepin, s'est montré dimanche sur Radio J circonspect sans toutefois rien exclure.
A la question: "vous dites que Bercy ne savait pas, est-il possible que Matignon ait su?", M. Woerth a répondu: "tout est possible".
Tout en reconnaissant dimanche soir que Matignon avait été prévenu par M. Lagardère de son intention de céder des titres EADS, M. de Villepin a souligné qu'il fallait distinguer cette "première étape" d'"information préalable" de la "deuxième opération" concernant "les conditions d'achat par la CDC de ces titres".
"Il ne m'appartient pas de dire qui tire les ficelles, de faire des procès d'intention. Ce n'est pas mon rôle, c'est le rôle de la presse . Nous saurons sans doute au bout où est la vérité", a-t-il encore déclaré lors du Grand jury RTL/Le Figaro/LCI.
"Il est très intéressant d'observer dans cette affaire EADS que la polémique autour du rôle de l'Etat occulte complètement le fond du dossier", qui est de savoir qui a profité de l'éventuel délit d'initiés, avait-il déjà lancé mercredi.
Et de tacler le chef de l'Etat et ses proches, en glissant qu'"on rappelle que M. Sarkozy est très proche d'Arnaud Lagardère" et que l'actuelle garde des Sceaux Rachida Dati "a travaillé pour le groupe Lagardère".
Encore plus précis, le député UMP villepiniste François Goulard appelle à "regarder objectivement les faits": "Qui, en 2006, profite de l'opération de vente d'actions EADS? Arnaud Lagardère. Qui, en 2006, a de gros intérêts dans les médias? Toujours Arnaud Lagardère. Qui, en 2006, est le probable candidat de l'UMP à la présidentielle? Qui est un proche d'Arnaud Lagardère?".
Dans ce contexte, "laisser entendre que cette opération a pu être dirigée par Villepin est tout simplement absurde", a déclaré à l'AFP M. Goulard.
Selon une source parlementaire, "c'est clair comme de l'eau de roche: Sarkozy a donné l'ordre d'ouvrir les parapluies, quitte à enfoncer un peu plus un Villepin déjà empêtré dans l'affaire Clearstream, pour ne pas que cette affaire puisse s'approcher de lui".
M. de Villepin a reçu dimanche le renfort inattendu du député PS Arnaud Montebourg qui, sur Canal+, a dénoncé "une sorte de rideau de protection" autour d'Arnaud Lagardère, "une personnalité qui a beaucoup d'influence dans la République à cause de ses connivences entre des intérêts publics et privés".
"Il y a des chances qu'un certain nombre de responsabilités soient engagées . Au gouvernement (en 2006), il y avait Nicolas Sarkozy qui, d'ailleurs, à l'époque, fréquentait assidûment Arnaud Lagardère", a-t-il martelé.
Commentaires
C'est une république de pourris.
@Stephane: tous pourris par l'argent, un désir insensé du profit et du pouvoir! Je suis bien d'accord avec toi, à mille pour cent!