Les Sarkozy avaient conquis le pouvoir à deux. Après son divorce, le chef de l'Etat se retrouve désormais seul à l'Elysée pour affronter un climat politique et social qui s'est détérioré depuis la rentrée.
Fini l'état de grâce, voici venu le temps des épreuves. L'officialisation du divorce de Nicolas Sarközy, une première pour un président de la République en exercice, souligne un peu plus que son mandat est entré dans une seconde phase, faite de tumulte et de difficultés en tous genres. Après trois mois au cours desquels tout ou presque lui réussissait, de la victoire de l'UMP aux législatives au débauchage de personnalités de gauche, en passant par la libération des infirmières bulgares ou la conclusion d'un « traité simplifié » pour sortir l'Union européenne de l'ornière, Nicolas Sarkozy est sérieusement secoué depuis la rentrée.
Il y a d'abord eu l'annonce d'un net ralentissement de la croissance qui a enterré ses prévisions optimistes. Cette inflexion du contexte économique a remis en question la pertinence du « paquet fiscal » de 15 milliards d'euros adopté cet été au Parlement. Le président a ensuite enregistré une série de couacs dans les rangs de son équipe, depuis les humeurs d'un François Fillon fâché d'avoir été qualifié de « collaborateur » par son supérieur, jusqu'aux maladresses de langage de plusieurs ministres dits d'« ouverture », comme Fadela Amara ou Bernard Kouchner. Le gouvernement s'est également pris les pieds dans le tapis des tests ADN, proposés par un député UMP, Thierry Mariani, mais condamnés par une batterie d'élus de la majorité (Balladur, Pasqua, Raffarin, etc.). Toujours friand de sondages, le président a subi un premier effritement de sa cote de popularité dans les sondages. Et a encaissé l'échec d'une équipe de France de rugby sur laquelle il a surinvesti au point de nommer par avance le contesté Bernard Laporte au gouvernement. Enfin, avec le succès des grèves et mobilisations d'hier contre la réforme des régimes spéciaux de retraite, le climat social s'est subitement alourdi...
En 2005, la crise conjugale qu'avait traversée le couple n'avait pas été sans effet sur le comportement de l'époux. Il s'était retrouvé sur la défensive face aux assauts de l'ardent Villepin. Nicolas Sarkozy avait remporté le duel et retrouvé un certain équilibre avec le retour de Cécilia. Après avoir longtemps répété que la présence de sa femme à ses côtés lui était indispensable pour conquérir le pouvoir, il va devoir apprendre à l'exercer en célibataire, sans son égérie...
Et s'il divorçait de la France? Elle n'est pas indispensable à son coeur...
On commence à être las de ce cirque sentimentalo-politique, qui n'amuse plus personne.