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Tchad: la nationalité des enfants en question

N'Djamena (Tchad)

Le juge d'instruction y voit peut-être plus clair, les observateurs non. Au terme, hier, de plus de sept heures de confrontation dans les locaux du palais de justice de N'Djamena entre les six bénévoles de Children Rescue et les quatre inculpés tchadiens, on a encore bien du mal à saisir la complexité de ce dossier, notamment sur la nationalité des enfants recueillis dans cette région frontalière entre le Tchad et le Soudan. Le trouble semble s'être cristallisé autour du rôle d'un nouveau témoin : le chauffeur-traducteur employé par l'association française.

L'honnêteté de sa traduction, prédominante dans la phase de recueil, est aujourd'hui largement remise en cause par les avocats de la défense. « Lui, il a trahi, soutient Me Mario Stasi, l'avocat de l'infirmière de l'Arche de Zoé, Nadia Merimi. A l'époque, il a traduit que les enfants recueillis étaient originaires du Darfour alors que, visiblement, on lui avait dit qu'ils étaient tchadiens. Et pourtant, aujourd'hui, il affirme que, dès le début, il a expliqué que les enfants étaient tchadiens. Il trahit à nouveau en revenant sur ses déclarations. »

Hier, l'échange aurait été vif sur cette question entre le traducteur et Eric Breteau, l'interprète s'emportant à plusieurs reprises contre le chef de la mission, l'accusant de ne pas vouloir reconnaître qu'il savait dès le départ que les enfants étaient tchadiens. Si ce point est fondamental, c'est que, pour Children Rescue, si ces enfants venaient du Darfour, ils étaient promis à une mort certaine. Tous les moyens étaient alors bons pour les « sauver ».

Au-delà de la querelle sur la nationalité des enfants, un autre problème se pose, celui de la transparence sur la finalité réelle de l'opération Children Rescue. En clair, les familles ou les personnes qui remettaient les enfants tchadiens aux bons soins de l'association étaient-elles au courant que le but final était de les rapatrier en France ? Interrogé sur la question, Me Gilbert Collard préfère botter en touche : « Il n'y a pour l'instant aucune famille partie civile dans ce dossier », réplique-t-il, sous-entendant que, pour l'heure, cette dimension n'est pas centrale. Ce n'est qu'une question de jours : des avocats tchadiens s'apprêtent à se rendre dans l'est du pays pour y recueillir les plaintes des familles.

Polémique sur le sort de 74 autres enfants

Satisfaits d'une journée qui aura, selon eux, permis de « faire dégonfler » l'affaire, les avocats français s'avouent confiants quant à leurs deux requêtes : la requalification des poursuites de « criminelles » à « délictuelles » d'une part, la remise en liberté de leurs clients d'autre part. 

 Par ailleurs, la justice tchadienne a été saisie du cas de 74 enfants qui auraient été envoyés en France en septembre 2007 depuis le Tchad, avant l'opération de l'Arche de Zoé. Le réseau des Associations de défense des droits de l'homme au Tchad (ADH) a déposé une plainte.

En France, hier , l'enquête sur les activités a été élargie à des faits d'escroquerie, cela après le dépôt de plainte de plusieurs familles qui pensaient accueillir des enfants devant être évacués par l'association. De plus, hier, le président Nicolas Sarkozy a reçu les familles des six Français détenus au Tchad en leur assurant de l'assistance « consulaire, médicale et matérielle » apportée aux détenus. Enfin, une mission d'enquête constituée par le Premier ministre et composée de membres des ministères des Affaires étrangères et de la Défense se rendra au Tchad dès dimanche.

Le pilote belge Jacques Wilmart, âgé de près de 75 ans, incarcéré à N'Djamena pour « complicité d'enlèvement de mineurs », a fait un malaise cardiaque hier soir et a été transféré à la base militaire française.

 

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