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Les charognards de Verdun pillent la "zone rouge"

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La terre sacrée autour de Douaumont où sévissent les pillards...
Il ne faut rien espérer de certains hommes: ils sont comme des hyènes, ils n'ont pas d'âme.
Sur Internet, ils sont mis aux enchères "dans leur jus". Présentés sans complexes comme des lots "de fouille" ou "de terrain", ils mêlent gourdes, quarts, ceinturons et boutons d'uniforme estampillés "Verdun". Des reliques de la Grande Guerre, prélevées illégalement à l'aide de détecteurs de métaux dans la fameuse zone rouge, ces collines boisées de la Meuse où plus de 300.000 hommes, français et allemands, périrent entre le 21 février et le 19 décembre 1916.

"Or, il n'y a que 16.000 hommes enterrés au cimetière de Douaumont, note François-Xavier Long, le maire honoraire de Louvemont, l'une des neuf communes de la zone rouge. Les autres sont en dessous. A chaque fois qu'un obus explosait, le sol se recouvrait d'un mètre de terre. Sous ce mètre-là, il y a quantité d'os, de fusils, de munitions et d'objets divers. Pour tout nettoyer, il faudrait au moins deux siècles."

Alors les nouveaux pillards s'en chargent, à leur manière. "Le problème, c'est que tout se vend, soupire Frédéric Adam, de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), basé à Metz. Il arrive à présent que l'on trouve un squelette en vrac au bord d'un chemin. Sa plaque d'immatriculation a été volée, on ne peut plus l'identifier, les boutons de son uniforme, qui résistent à la putréfaction, ont été dérobés. On ne sait même plus s'il s'agit d'un Français ou d'un Allemand." Ce chercheur, expert dans l'étude des sépultures anciennes, s'est fait connaître en 1991 en authentifiant la dépouille du romancier Alain-Fournier, mort à Saint-Rémy-la-Calonne (Meuse) en septembre 1914. Depuis, il est le spécialiste de l'identification des Poilus.

Selon lui, le pillage de Verdun et des autres sites de grandes batailles militaires ne cesse de s'accélérer. "On le constate de visu dans les brocantes des petits villages. Il y a de plus en plus d'objets qui proviennent des champs de bataille. La création du site d'enchères en ligne e-bay n'a fait qu'amplifier les choses", estime-t-il. François-Xavier Long acquiesce: "Il n'y a pas très longtemps, en faisant des travaux sur la commune, on a trouvé un morceau de canon. Le temps de le protéger, le truc était parti alors qu'il faisait pourtant plusieurs tonnes." Le capitaine Patrick Tokarski semble, lui, plus dubitatif. A la tête de la compagnie de gendarmerie de Verdun depuis deux ans, il n'a jamais constaté la moindre fouille illégale mais assure ordonner de fréquentes patrouilles sur le site ainsi que le contrôle régulier "des antiquaires et des brocantes"...

A "La tranchée du Poilu", une boutique d'antiquités du centre de Verdun qui regorge de casques à pointe allemands ou du modèle "Adrian" français, Camille Tridon accueille des touristes hollandais ou allemands. Il arrive que ceux-ci laissent des traces de boue sur le sol de son petit commerce. "On sait d'où ils viennent. De toute manière, il y a du monde dans les bois tous les week-ends", soupire l'antiquaire. Il reconnaît avoir lui-même trouvé son premier fusil quand il avait 9 ans, dans le lit d'une rivière. Il l'assure cependant: aucun des objets présentés dans sa boutique ne provient de fouilles illégales. "Les collectionneurs finissent par mourir, leurs familles vendent." A l'en croire, les greniers de la région regorgeraient d'objets militaires...

Directeur du mémorial de Verdun, le colonel Xavier Pierson porte, quant à lui, un regard blasé sur les fouilles illégales: "Que voulez-vous, ce sont des milliers de Thénardier!" Il fait référence au personnage des Misérables croqué par Victor Hugo, un aubergiste charognard qui avait payé son commerce grâce aux bourses, alliances et croix de la Légion d'honneur dérobées sur des cadavres à Waterloo.

(Source JDD  11.11.07)

Commentaires

  • Il y a je crois également de telles exactions du côté de Pompéï en Italie...

  • @stéphane: ceux de Pompeï qui fouillent dans un but mercantile, et non archéologique, ne valent pas mieux... En Egypte, les pillages de tombes ... Oui, mais il n'y a que 91 ans qui nous séparent de ces massacres de 1916. De toute manière, la "zone rouge" est interdite. On ne va pas fouiller les cimetières et les tombes maintenant! On punit les profanateurs de sépultures, on doit faire de même avec ces gens... Il y a profanation. Je connais Verdun, et la "zone rouge": j'ai vu une grosse dame se soulager à côté d'une tranchée connue: celle où les morts ont été ensevelis debout par les obus (la tranchée des baïonnettes, je crois). J'ai crié, elle pouvait aller aux toilettes ailleurs, tout de même! Puis j'ai vu son visage rouge et stupide: elle ne comprenait pas où elle se trouvait... J'ai renoncé. On ressent tout de même l'atmosphère funèbre des lieux... mais il y a des gens insensibles... Victor Hugo avait stigmatisé avec le personnage de Thénardier les pilleurs de cadavres...

  • Oui, Gaëlle, c’est bien la tranchée des baïonnettes ; mais je crois qu’elle n’existe plus : les baïonnettes ont disparu et on ne voit plus rien. Enfin, cela reste à confirmer.

  • Cher abad, il y a bien longtemps que j'ai vu cette tranchée. Je crois qu'elle n'existe plus, qu'on a donné une sépulture à ces soldats enterrés vivants.
    Mais on voyait dépasser la pointe des baïonnettes, c'était terrible... les curieux s'aprochaient très près... Il vaut mieux que ce soit ainsi.

    Amitiés

  • des fouilles entreprises en 1920 ont permis d'exhumer 47 corps de cette tranchée. Ceux-ci ont vraisemblablement été inhumés ailleurs.

    Par contre le monument de la tranchée des baïonnettes existe toujours et est ouvert au public.

    Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Tranch%C3%A9e_des_Ba%C3%AFonnettes

  • @Bertaga: merci pour ces précisions. Je consulte Wikipedia sur la tranchée. En 1920, je n'étais pas née!

  • Oui, mais il me semble bien qu’il n’y a plus de baïonnettes : ont-elles disparu faute d’entretien ou par pillage ? Sans doute les deux !

  • Je suis dégouté quand je lis ce journaliste. Je suis collectionneur et il m'est arrivé de fouiller, le peu de plaque que j'ai trouvé je suis aller de suite verifier si le soldat n'était pas porté disparus. Quand à ce Monsieur Frédéric Adam qui se lance tous les honneurs, c'est un menteur, ce n'est pas lui qui a trouvé le corps d'Alain Fournier mais bien 3 collectionneurs fouilleurs, lui est arrivé bien après et à reçu les honneurs. Vous n'avez qu'a regardé les archives de France 3 de 1991, ou bien le reportages les disparus de la grande guerre ou l'on voit des fouilleurs qui retrouve des soldats. Celui qui a trouvé Alain Fournier s'appelle Jean Louis. De toute façon les journalistes se nourissent de betises, donc tous les collectionneurs sont des pillards, certes ils en existent peut etre 1 sur 1000, c est comme dire que tous les jeunes des banlieurs sont " des crameurs de voitures " alors qu'ils sont une minorité etc...Aux USA, en Turquie (Gallipoli), Angleterre, ils ont compris dans les musées ils embauchent des collectionneurs des passionners d'histoires, en France c'est le contraire on regarde juste les diplomes....exemple la nana qui a laissé pourire les uniformes français à la citadelle de Verdun (embauchés et elle s'en foutait complétement de la guerre de 14-18).....On peut citer aussi les gens de l'ONF, qui lors des travaux trouve une dépouille et rebalance le tout dans un trou, j'en ai eu le temoignage d'un ancien de l'ONF....pour ma part je rencontre les anciens combattants dés que je le peux (j'ai eu la chance de rencontrer certains des derniers Poilus), le moindre objets que je trouve (en brocante, chez un particulier, dans les bois) j'essaye de retrouver l'histoire, de comprendre.....voila c'était mon coup de gueule, si un journaliste veut me contacter par de probléme voici mon e mail epfig@voila.fr mais je pense pas être interessant pour ces gens la....

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