Alors que l'efficacité de la vidéosurveillance sur la prévention de la délinquance fait toujours débat, la ministre de l'Intérieur veut porter à 60 000 le nombre de caméras sur la voie publique. A Strasbourg, la ville est déjà suréquipée.
Elles sont partout. Sur les quais de la SNCF, dans les centres commerciaux, les bus, les banques, les parkings, les aéroports... Elles seront bientôt encore plus nombreuses.
Déjà 340 000 caméras ont été autorisées à nous filmer. Dans quatre ans, un million seront peut-être à l'oeuvre. Les caméras de vidéosurveillance sont présentées comme la nouvelle arme antidélinquance, ou tout au moins comme un outil indispensable à cette lutte. Un dogme qui fait religion chez les promoteurs de ce credo.
« L'efficacité de la vidéosurveillance pour améliorer de façon significative la sécurité quotidienne n'est plus à démontrer », a assené Michèle Alliot-Marie, la ministre de l'Intérieur, à l'occasion des Assises nationales des villes sous surveillance électronique, qui se tenaient à Strasbourg la semaine dernière. Elle a prévenu qu'elle souhaitait « tripler en deux ans » le nombre de caméras pointées sur la voie publique pour les faire passer de 20 000 à 60 000 dans deux ans. Un objectif « volontariste », selon la ministre qui a déjà fait passer le mot aux préfets pour inciter les communes à adhérer à cette logique. Une démarche qui intéresse les industriels de la filière. Ils étaient tous présents à Strasbourg pour proposer leurs systèmes toujours plus sophistiqués aux élus et réfléchir aux conséquences morales et judiciaires de ces installations.
Pour l'un de ses plus farouches partisans, Florent Montillot, consultant d'un cabinet conseil très impliqué dans la sécurité et maire adjoint en charge de la délinquance à Orléans, la « sécurité est la première des libertés ». Au lieu de surveillance, il préfère parler de « vidéoprotection », avant de dresser la liste d'implantation des yeux électroniques dans sa ville : parkings, gare routière, transports urbains, centres commerciaux, halls de logements sociaux. Et de désigner le centre-ville comme le « premier quartier sensible » à mettre sous bulle. Un avis partagé en tout point par Fabienne Keller, la maire centriste de la capitale alsacienne. Plus nuancée néanmoins, elle rappelle devant élus, juristes, policiers et gendarmes qu'il ne s'agit pas d'un remède « miracle » mais d'un « outil parmi d'autres » pour dissuader le passage à l'acte délictueux.
Tous les participants ont en tête l'exemple de la ville de Cannes, quadrillée par un réseau impressionnant de caméras pivotantes. Un must du genre en France. La tentation est grande de placer partout ces petits dômes noirs. Mais plusieurs administrations peuvent avoir en même temps sur un même territoire leur réseau : la société locale de transports urbains, la mairie, l'hôpital... « A-t-on le droit de brancher les caméras de l'hôpital ou du métro sur le central de la mairie ? Peut-être, mais alors dans quelles conditions juridiques ? » interroge Dominique Legrand, le secrétaire général de l'Association des villes vidéosurveillées. Philippe Melchior, inspecteur général de l'administration, pilote du projet au ministère de l'Intérieur, place « l'éthique au centre des démarches ». Pour lui, la vidéosurveillance, c'est « prendre un risque pour lutter contre un autre ». Un mal nécessaire en quelque sorte, notamment dans la lutte antiterroriste.
On affirme que la peine de mort n'est pas dissuasive contre le crime. En quoi des caméras seraient-elles dissuasives pour des terroristes décidés à tuer? D'autant plus qu'un acte de terrorisme n'est pas improvisé, qu'il se prépare avec soin, et que ces caméras sont certainement relativement faciles à neutraliser le temps de poser une bombe ou un colis piégé.
D'autre part, ces "yeux électoniques" engendreront inévitablement un sentiment fallacieux de "sécurité" et conduiront à une sorte de démobilisition des esprits, à une perte de vigilance active dans la lutte contre la criminalité.
« On ne dispose d'aucune preuve de l'efficacité de la vidéosurveillance », lâche Sébastien Roché, sociologue, spécialiste averti de la délinquance. Il en veut pour preuves que les études effectuées à Lyon et Marseille sont toujours « secrètes » à ce jour. « Il n'y a pas d'effets bénéfiques constatés, assure M. Roché, sauf dans les lieux fermés », comme les parkings.
Le premier effet de ces "yeux électroniques", c'est de procurer un juteux business aux industriels qui vont les fabriquer! Sans compter tous les services de maintenance qui seront affectés à ces caméras. On aimerait connaître les noms de ces industriels soudain tellement préoccupés par la délinquance et la racaille!
L'efficacité de la vidéosurveillance électronique n'existera que dans la mesure où il y aura également une véritable volonté politique de lutter contre la délinquance liée à l'immigration de masse.
Va-t-on installer ces systèmes sophistiqués de vidéosurveillance dans les cités et les "quartiers sensibles" ? Dans ces zones de "non-droit" où la police elle-même a peur de pénétrer?
Commentaires
Chère Gaëlle,
Vous avez parfaitement raison de poser le problème de l’intérêt de ces caméras de surveillance. Il n’est pas si sûr que la sécurité en soit améliorée, pour de multiples raisons : elles ne sont pas toujours installées dans des endroits où la sécurité doit être renforcée, en particulier les zones de non-droit, on peut facilement les rendre inutilisables, et même si elles peuvent faciliter la recherche de délinquants, la vraie dissuasion doit provenir de la justice. Si celle-ci est laxiste, les caméras n’auront servi à rien.
Par ailleurs, il est indéniable que ces caméras donnent surtout le sentiment qu’elles servent à surveiller essentiellement les honnêtes gens. Et que deviennent toutes ces enregistrements ? Que peuvent en faire ceux qui ont la possibilité d’y accéder ? Les enregistrements magnétiques sont traficables dans tous les sens.
Mais on devrait quand même se poser la vraie question, et surtout madame la ministre devrait se la poser : comment se fait-il qu’il y a trente ans ou plus, sans caméras de surveillance et avec des effectifs de police infiniment plus réduits et moins visibles qu’aujourd’hui, il n’y avait pas d’insécurité ? Mais je crois que cette question est interdite, n’est-ce pas ?
Merci, Gaëlle d’ouvrir ce débat.
Amitié.
Pour faire regner l'ordre dans les "territoires occupés",à quand des cyberflics en acier chargés de prendre sur la tronche les blocs de beton ou autres projectiles que ces tarés ne manqueront pas de faire tomber ?
Ces robots seront d'une politesse onctueuse et tiendront à l'endroit de la racaille des propos exempts de racisme ou de xénophobie tout en manifestant une autorité de bon aloi.
Le premier modèle serait activé sous la 3ème présidence de Sarkozy en 2020.