Ada Byron, fille du poète George Byron
La révélation
Le grand savant anglais Charles Babbage avait entrepris dans le courant des années 1820 la construction de ce que nous appellerions aujourd'hui un ordinateur et que Babbage avait baptisé « analytical engine ». Il n’avait rien publié à propos de sa « machine » lorsqu’un mathématicien et capitaine du génie sarde, Luigi Ménabréa, obtint du savant anglais des renseignements assez précis sur cette machine. Ménabréa en fit une description complète qu’il publia en français dans la « Bibliothèque universelle de Genève ». Babbage, très satisfait de cette description, la fit traduire en anglais. Cependant le nom du traducteur, qui désirait conserver l’anonymat, n’était mentionné que par ses initiales : A.A.L...
Cette traduction était en fait deux fois plus volumineuse que le texte initial, car elle était enrichie par des développement d’un immense intérêt concernant l’utilisation de la machine et les méthodes de calculs, en particulier pour des familles de nombres importants en mathématiques (les nombres de Bernoulli) qui demandent une mise en œuvre très délicate de méthodes mathématique complexes (les développements en série). Ces adjonctions au texte de Luigi Ménabréa révélaient de la part du traducteur un talent très distingué en analyse. Mais tout le monde garda le silence sur le nom du mystérieux traducteur.
Charles Babbage devait abandonner son projet vers 1856, une telle machine étant irréalisable avec les moyens de l’époque. Des années plus tard, les protagonistes de ce projet avaient disparu, sauf Ménabréa qui, entre-temps, était devenu général de l’Armée d’Italie, ambassadeur d’Italie en France et membre de l’Académie des sciences de Paris. Ce n’est qu’en 1884 que Ménabréa lui-même, dissipa le mystère de la traduction signée « A.A.L » : il s’agissait de Augusta-Ada King, comtesse de Lovelace, fille du poète George Byron ! Cette révélation lui assura immédiatement une certaine notoriété, exceptionnelle pour une femme, dans le monde des mathématiciens, - notoriété qu’elle n’eut pas de son vivant, ayant toujours désiré conserver l'anonymat.
Plus tard, au milieu du XXème siècle, on se rendit compte que sa description de l’utilisation de la machine de Charles Babbage et les programmes qu’elle avait rédigés jetaient les bases de la programmation des ordinateurs modernes. Elle avait remis en usage le mot « algorithme », devenu, depuis, synonyme de « procédé de calcul mécanique ». Formée par Babbage, Ada Byron peut être considérée comme la première programmeuse de l’histoire. Au début des années 1980, lorsque le Département de la Défense américain (DoD) se dota d’un nouveau langage de programmation : il le baptisa ADA, en son honneur !
Augusta-Ada Byron
Elle naquit le 10 décembre 1815 et décéda le 27 novembre 1852, des suites d’une terrible maladie. Elle était la seule fille légitime du grand poète George Gordon Byron, dont la vie fut jalonnée de scandales.
Celui-ci avait épousé Anne-Isabella (Annabella) Milbanke le 2 janvier 1815. Il eut trois enfants, trois filles :
Medora, née le 15 avril 1815, avec sa demi-sœur Augusta (épouse de George Leigh, son cousin germain)
Augusta-Ada : ce prénom d’Augusta, celui de sa tante, était sans doute une nouvelle provocation de Byron…
Allegra, avec une de ses (nombreuses) maîtresses : Claire Clairmont.
Annabella Byron était à l’opposé de son mari : pieuse, réservée et modeste. Elle possédait un certain talent littéraire (Byron avait apprécié quelques uns de ses poèmes), mais c’était une scientifique, une mathématicienne d’un certain renom : ses amis l’avaient surnommée « la Princesse des Parallélogrammes ». Très vite, elle se rendit compte du caractère odieux de son époux et aussi des relations incestueuses qu’il entretenait avec sa demi-soeur Augusta, même sous son propre toit. A l’initiative de son mari, elle le quitta rapidement, dès le 15 janvier 1816, pour divorcer.
En grandissant, Ada Byron devint une jolie femme, un peu excentrique, rappelant un peu le caractère de son père, mais préférant la discrétion.
Annabella Byron prit toutes les précautions pour soustraire Ada à l’influence néfaste de son père, bien qu’Ada n’eût guère l’occasion de le revoir. C’est pourquoi elle fit tout pour donner à sa fille une solide formation scientifique et morale.
Ainsi, elle la confia à Marie Sommerville, célèbre mathématicienne anglaise, pour assurer sa formation en mathématique. Ce fut elle qui la présenta à Charles Babbage, lequel en fit une de ses collaboratrices. Elle devait épouser en 1835 William, huitième Lord King, qui devint comte de Lovelace ; c’était lui-même un scientifique, membre de l’Académie Royale.
Avant de mourir, elle demanda à être enterrée près de son père dans l’église de Hucknall.
Site où l’on peut trouver d'autres portraits de Ada Byron :
http://www.cs.kuleuven.ac.be/~dirk/ada-belgium/pictures.html
Commentaires
tres bon blog, Bravo ;)
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@lea: SVP pas de publicité déguisée en commentaire sur ce blog.
Chère Gaëlle, il y a une faute de frappe dans le prénom du titre : c’est «Augusta-ADA » ! Pourriez-vous faire la correction ? Merci.
Cher abad: faute de frappe rectifiée! Je me relis mal. Pardon!