Un homme d'une quarantaine d'années, sans-abri, vraisemblablement originaire des pays de l'Est, a été découvert mort hier matin place de la Concorde, à Paris. C'est non loin des Champs-Elysées que ce SDF est décédé, sûrement à cause du froid.
C'est sous les lumières de la place de la Concorde et près de la grande roue du jardin des Tuileries, au coeur de Paris, à deux pas de l'Assemblée nationale, qu'un homme âgé d'une quarantaine d'années a été retrouvé mort de froid hier matin. Un employé du service des parcs et jardins a découvert le cadavre recroquevillé dans une déchetterie au bout des allées des Champs-Elysées, à l'angle de l'avenue de la Reine, à quelques centaines de mètres du commissariat central du VIIIe arrondissement. Cette victime, non identifiée car dépourvue de papiers, est le quatrième SDF qui a succombé au froid depuis le 9 novembre 2007 en France.
Un décès qui intervient en pleine polémique sur l'hébergement des sans-abri entre la ministre du Logement, Christine Boutin, et l'association des Enfants de Don Quichotte. L'occasion aussi pour Pierre Lellouche, député de Paris (UMP), de monter au combat contre Bertrand Delanoë, le maire socialiste de la capitale, et de réclamer l'ouverture des mairies d'arrondissement aux sans-abri.
Député UMP de Paris et candidat à la mairie du 8ème arrondissement, qui comprend la place de la Concorde, Pierre Lellouche a été le premier à réagir officiellement, estimant que cette mort "sur la plus belle place du monde" est "un événement indigne et intolérable". Elle serait également révélatrice de "l'absence" du maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui "s'en tire jusqu'à présent en se défaussant sur Christine Boutin", ministre du logement.
On n'entend pas non plus le président Sarközy! Lui qui avait déclaré: "Moi élu, il n'y aura plus un seul sans abri mort de froid en hiver! " La camarde l'a pris de vitesse...
Lellouche a estimé que toutes les mairies de Paris, à l'instar de celles tenues par l'UMP dans le 1er arrondissement et le 17ème arrondissement, devraient rester ouvertes toutes la nuit pour accueillir les sans-abri et que l'ouverture des stations de métro la nuit, une mesure élémentaire pratiquée du temps de Jacques Chirac, devrait être rétablie
L'eau qui coule de la fontaine publique non loin du kiosque à musique se transforme en glace. A portée de regard, les maîtres d'hôtel du célèbre restaurant Ledoyen finissent la mise en place des tables qui donnent sur les allées. Un peu plus loin, au bord de la place de la Concorde, là où le tunnel routier permet de rejoindre les quais de Seine, là où plus personne ne se promène, derrière un talus couvert d'arbustes, un grillage entoure un dépôt de matériels et de déchets. C'est là, sur un lit improvisé, constitué de deux palettes en bois, que l'homme s'était réfugié pour passer la nuit. Il avait pour seule protection un drap jaune, devenu son linceul. A côté de lui, les policiers ont retrouvé une bouteille de soda ouverte encore gelée hier. Mais plusieurs bouteilles d'alcool fort jonchaient aussi les broussailles à proximité. Il a fait - 3° au centre de Paris dans la nuit de mercredi à jeudi, l'une des plus froides de la semaine. Le corps a été transporté à l'Institut médico-légal afin de déterminer les causes du décès.
« Une mort insoutenable car, depuis l'appel de l'abbé Pierre, rien n'a changé. Etre pauvre est devenu une punition dans ce pays. Il serait temps que chacun de nous change de regard », s'indigne Gilles Bénard, le responsable du collectif de soutien aux exilés. Une association qui s'occupe de nombreux migrants qui errent dans les rues. Souvent des clandestins qui cherchent à échapper aux rondes du Samu social ou d'autres oeuvres caritatives. La victime, sans papiers d'identité, pourrait être originaire de Pologne. La contre-allée de l'avenue de la Reine est aussi le lieu de rendez-vous de bus quotidiens assurant une navette entre Paris et différentes villes de Pologne.
Cet homme, ce pauvre migrant de l'Est, est une victime de l'Espace Schengen. Des frontières sont nécessaires pour lutter contre l'immigration clandestine venant de l'est européen, mais aussi pour protéger les candidats à l'exil de profondes désillusions. Une autre grande misère, et la mort au bout.