Les 103 enfants recueillis par l'Arche de Zoé sont toujours hébergés dans l'orphelinat d'Abéché , à plusieurs centaines de kilomètres à l'est de N'Djamena. Loin de l'agitation de la capitale tchadienne, les bambins, 21 filles et 82 garçons, pour la plupart âgés de 2 à 8 ans, continuent à jouer dans la cour de l'établissement en attendant que la justice les autorise à retrouver leurs proches. Il est aujourd'hui avéré que ces « orphelins du Darfour » sont pour la plupart de jeunes Tchadiens ayant dans leur très grande majorité un parent encore en vie.
« Nous sommes prêts. Nous souhaitons procéder aux retrouvailles le plus vite possible, toutes les conditions sont réunies », confie Jean-François Basse, responsable de la protection enfance à l'Unicef au Tchad.
Dès le 1er novembre, quelques jours seulement après que les enfants eurent été recueillis, une enquête pilotée par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), l'Unicef et la Croix-Rouge internationale (CICR) concluait que 91 des 103 enfants « se sont référés à un environnement familial constitué d'au moins une personne adulte qu'ils considèrent comme un parent ». Deux mois plus tard, les investigations ont permis de disposer « d'informations pour tous » , selon Jean-François Basse.
L'heure est désormais aux vérifications. « Deux missions se sont rendues dans les régions dont sont originaires les enfants, à Adré et à Tiné, précise le responsable de l'Unicef. Il s'agit de recouper les informations données par les enfants et celles fournies par les parents qui se sont manifestés, en allant interroger le voisinage, les chefs de quartier... D'autres vérifications devront être faites au Soudan. » Pour l'heure, les enquêtes ont permis d'établir la filiation de plus de 70 % des enfants. Autant de garçonnets et de fillettes qui n'attendent plus que le feu vert des autorités tchadiennes pour retrouver leurs proches. Même si, officiellement, le procès n'a aucun lien avec cette procédure, la période qui s'ouvre sera un « moment clé », selon une source proche du dossier. Le temps d'un après-midi, des rencontres familiales ont déjà eu lieu. « Les liens ne font aucun doute », assure un homme qui y a assisté.
De l'avis de plusieurs observateurs, les 103 enfants « vont bien ». « Globalement, il n'y a pas de problème, mais ils restent très fragiles, explique Christian Sommer, le secrétaire général de la Mission protestante franco-suisse du Tchad (MPFST), qui a fondé l'orphelinat d'Abéché. Il faut faire attention à ne pas leur remémorer leur mésaventure.
Encadrés par des professionnels tchadiens, les enfants s'épanouissent dans leur environnement temporaire. Depuis presque deux semaines, ils sont tous scolarisés, à l'exception du plus jeune, âgé de 14 mois. Largement impliquée dans la prise en charge des enfants, la MPFST ne se prononce pas sur le bien-fondé de l'initiative de l'Arche de Zoé. « Il est difficilement acceptable de voir des enfants mourir de faim. Avoir envie de faire quelque chose se comprend. Notre démarche est différente de celle de l'Arche de Zoé. A chacun de se faire son opinion. »
Commentaires
Parfois la vérité laisse un gout amers, mais nous devons pas oublier de l'affronter de manière à lui rappeler que la vie peut être douce.
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