Comment une noyade accidentelle, dans une rivière du Kurdistan turc, peut-elle finir dans le sang, au coeur d'une pinède de Carry-le-Rouet *? Deux jours durant, la cour d'assises a plongé dans la culture et les traditions toujours en vigueur au fin fond de l'Anatolie. Tout commence le 24 octobre 2005 au bord du chemin départemental 9, sur le plateau du Romarin.
Des automobilistes découvrent un jeune homme ensanglanté. La victime a été poignardée à vingt-sept reprises mais a pu se traîner sur 400 mètres. Nedjet Akin, 23 ans aujourd'hui, est miraculé; ses agresseurs l'ont laissé pour mort. "Ça suffit, c'est fini", a-t-il même entendu. Il désigne son cousin, Bulent Akin, 24 ans, et explique aux gendarmes qu'il est victime d'un "procès de sang", une vendetta d'un autre âge.
À l'été 2003, dans son village, près de la frontière de l'Irak, une baignade dans la rivière a tourné au drame. Les deux petits frères de Bulent ont été emportés par le courant, sous les yeux de Nedjet qui, ne sachant pas nager, ne s'est pas jeté à l'eau. En revanche, son frère et son oncle ont réussi à rallier la berge. On lui reproche son inaction.
Un conseil de famille signe son arrêt de mort. Bulent est désigné pour exécuter la sentence. "Vous condamnerez ce système de valeurs moyenâgeuses et barbares ", a souhaité Me François-Xavier Vincensini, défenseur de Nedjet. Le lendemain des faits, Bulent a rejoint la Turquie qui, aujourd'hui refuse son extradition. En l'absence de l'auteur principal, les jurés ont condamné à huit ans de prison Kalender Atik, 22 ans, qui l'avait accompagné sur le plateau du Romarin.
L'accusé était ami de Bulent — "Chez les Kurdes, si on vous offre un café, on s'en souvient pendant 40 ans" — mais affirme avoir tout ignoré de son projet. Bulent lui avait parlé d'une correction à donner à un Kurde qui renseignait le consulat de Turquie, pas d'un meurtre sur ordonnance, commandité à des milliers de kilomètres. Sympathisant du PKK, l'accusé vient d'obtenir le statut de réfugié.
Pour l'avocate générale, Martine Giacometti, il a aussi frappé. "Kalender a participé, il savait ce qui se passait", a-t-elle estimé, avant de requérir quinze ans de réclusion. Lecture radicalement différente de ses avocats qui ont réclamé l'acquittement de "ce bouc émissaire qui ne doit pas payer pour Bulent, pas payer pour les Kurdes". Selon Carole Fontaine-Bériot et Michel Paliard, "il a été entraîné dans un guet-apens, a servi, malgré lui, de force supplémentaire pour impressionner la victime". Aujourd'hui rétabli, mais fragilisé, Nedjet a vécu ces audiences dans une grande terreur.
Moeurs, culture et traditions au Kurdistan turc...
Nedjet Akin (à gauche)
Par Luc Leroux ( lleroux@laprovence-presse.fr
* Carry-le-Rouet est à 34 km de Marseille
Commentaires
Mais que faisaient donc ces kurdes au Kurdistan turc ? Ils n’étaient pas en France ? Mais que fait Attali ?
Enfin je crois qu’on va en mettre un en prison pour être sûr qu’il reste en France, il ne faudrait pas perdre cette chance pour la France !
Un exemple de plus de cet immense enrichissement culturel produit par les moeurs "allogènes)!