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"Je suis du système..." Pauvre déclaration!

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Rama Yade-Zimet
Après David Martinon, à Neuilly-sur-Seine, et Rachida Dati, dans le VIIe arrondissement de Paris, c'est au tour de Rama Yade d'annoncer sa candidature aux prochaines élections municipales. La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et aux Droits de l'homme se présentera sur la liste UMP dans la ville où elle a grandi, Colombes.

Serez-vous candidate à Colombes aux municipales?
J'ai demandé à Nicole Goueta, la maire UMP de Colombes, si elle me ferait l'honneur de m'accepter sur sa liste aux municipales.

Pourquoi là?
Colombes est un choix de coeur avant tout. Quand je suis arrivée du Sénégal, à l'âge de 9 ans, c'était dans cette ville. J'y ai vécu jusqu'à 25 ans. D'abord dans un secteur résidentiel, puis au seizième étage d'une tour dans le quartier des Fossés-Jean. J'y ai passé mon enfance, mon adolescence et les débuts de l'âge adulte. Pour moi, la vie française a commencé par la vie colombienne. Je ne me voyais donc pas candidate ailleurs. Home sweet home, comme diraient les Anglais.

Vous avez encore des liens avec la ville?
Ma mère et mes petites soeurs vivent toujours à Colombes. Moi, je suis partie quand je suis devenue administrateur du Sénat. J'ai dû vivre à Paris par commodité car le Sénat tient souvent des séances la nuit. Cela a été un crève-coeur. Depuis deux mois, j'habite le 18e. Mais tous les week-ends, je retourne voir ma famille et mes amis.

Ségolène Royal a fait 54% à Colombes, l'UMP peut-elle gagner?
Ce n'est pas facile, c'est vrai. Mais ce que j'aime en politique, c'est aller chercher une victoire avec les dents. Quand je vois comment Nicolas Sarkozy a pris Neuilly à 28 ans, pour moi c'est exemplaire. Colombes mérite qu'on se batte pour elle. Et Nicole Goueta a fait un travail formidable. En 2001, elle a pris la ville aux communistes, à la surprise générale.

Un élu MoDem évoque votre venue comme une "opération de sauvetage à maire en danger"...
Personne ne m'a demandé de me présenter à Colombes, c'est moi qui l'ai proposé. Donc on ne peut pas dire qu'on m'envoie là pour sauver une liste. Nicolas Sarkozy m'a dit: "Il faut aller là où tu le sens." J'ai demandé: "Et si c'est risqué?" Il m'a répondu: "A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire."

Nicole Goueta a 70 ans. Pourriez-vous lui succéder en cours de mandat?
Cela ne m'a pas traversé l'esprit. J'ai revu Nicole Goueta cette semaine. Elle tient très bien les rennes de sa ville. Moi, j'ai 30 ans, je suis secrétaire d'Etat, et je ne suis pas pressée. Songer à être maire d'une ville de 80 000 habitants, c'est un peu prématuré.

Si vous êtes élue, serez-vous vraiment présente en mairie?
Je ne souhaite pas devenir maire, ni première adjointe. Je vais y aller avec modestie et sérieux. Par ailleurs, dans le gouvernement, des ministres importants arrivent très bien à être aussi maires de grosses villes.

Pourriez-vous devenir adjointe?
Je ne cherche pas à briller mais à faire un travail de laboureur. En tant que secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, je suis en charge de questions internationales, globales. Mais je ressens aussi le besoin d'une assise locale. Pour moi, la noblesse de la politique, c'est aussi d'être choisi par les électeurs. J'ai exprimé le souhait d'être élue conseillère municipale. Si, après, on me propose d'être maire adjoint, je serai réaliste. Je ne prendrai pas une délégation que je ne pourrais pas assumer. Je suis membre d'un gouvernement, et je veux pouvoir faire les deux choses bien.

Dans cette campagne, quelles sont les mesures prioritaires?
C'est à Nicole Goueta de dévoiler son projet. Je ne peux pas me placer en tête de liste. Je pense simplement qu'il faut faire rêver Colombes. C'est une ville qui change. Quand je suis arrivée, elle était divisée en deux, avec une zone résidentielle et des quartiers difficiles. Aujourd'hui, des classes moyennes quittent Paris pour venir y vivre. C'est important de maintenir l'équilibre entre ces différents types de population. Moi, je me retrouve dans cette diversité, c'est aussi pour cela que j'y vais.

Certains jugent que Nicole Goueta a mené une politique trop sécuritaire (couvre-feu pour les mineurs, vidéosurveillance...). Vous vous reconnaissez dans ce type de politique?
Mais je ne suis pas socialiste, ni communiste. Parfois on me pose des questions comme si j'étais un ministre d'ouverture ou un transfuge de la gauche. Je suis de droite. Et je souhaite participer à la mise en oeuvre du programme de l'UMP. La sécurité n'est pas seulement une réponse à l'inquiétude des Français de souche, elle concerne tout le monde.

Quelles sont les autres villes que l'on vous a proposées?
Les deux propositions sérieuses que l'on m'a faites, c'est Corbeil-Essonnes et le 20e arrondissement de Paris. Pour Corbeil, j'ai réfléchi longtemps. C'était un honneur que l'on me propose d'y aller, apparemment comme tête de liste. Mais je veux m'engager pour une ville avec laquelle j'ai une histoire.

David Martinon se présente à Neuilly, Rachida Dati dans le 7e, c'est plus facile?...
Ils font leur choix, et c'est respectable. Moi, je veux aller à la bataille politique, avec les risques que cela suppose.

Et si Nicole Goueta est battue?
Alors ce sera pour une prochaine fois. Qui pourra me reprocher d'avoir eu l'idée d'y aller? Le courage en politique, c'est important. Je n'ai pas envie de séduire, mais de convaincre. La séduction, c'est la notoriété. C'est: "Vous êtes une minorité, vous êtes noire, racontez-nous ce que cela vous fait!" C'est paraître dans les pages de Gala et témoigner sur sa vie en permanence. C'est insupportable. Certains croient que je débarque de la cité, qu'on m'a mise là pour faire joli. Pas du tout. Je suis du système: j'ai fait Sciences po, j'ai été administrateur du Sénat. On me regarde comme si j'étais un animal exotique alors qu'en fait, ma seule différence, c'est ma couleur de peau.
(Source: JDD 13.01.08)

Commentaires

  • Bon, on a compris son grand argument c’est sa couleur de peau ! Elle ne parle que de ça. Que fait la Halde ? Le racisme ne passera pas…

  • Cher abad, elle peut avoir aussi la double nationalité! Ce serait grave pour une élue! je ne sais pas si c'est autorisé par la loi. Elle nous "fatigue", comme on dit à Marseille, avec la couleur de sa peau!
    Amitiés!

  • en tout cas abad, c'est tout ce que tu as retenu de ce texte... relis le pour voir

  • Effectivement, cher Phoenix, vous avez raison : il m’avait échappé que cette demoiselle a fait science po, cette « grande école » qui sélectionne ses élève en fonction de la couleur de leur peau. C’est pourquoi sans doute elle rappelle la couleur de la sienne.
    Merci, Phoenix, vous pouvez retourner à vos cendres.

  • Cher abad, vous tenez la grande forme!

    J'ajouterai qu'on ne dit pas "Je suis du système"! On ne s'en vante pas en général! Ca fait un peu bête... Tous les hommes et femmes politiques essaient de ne pas avoir l'air d'en faire partie, pour garder une teinture d'indépendance, de personnalité...

    Pour vous en particulier, deux notes sur Michel Lajoye. Les plus récentes que j'ai pu trouver sur le Net.

    Amitiés

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