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"On n'achète pas la femme d'un marin disparu en mer!"

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Yvette Jobard a cru rêver, hier après-midi, lorsque deux représentants du navire turc "soupçonné" d’être à l’origine de la mort de son mari (le patron du Sokalique), sont venus lui proposer à la maison 500.000 dollars. Un arrangement « à l’amiable », comme dans les films !

On imagine la scène. Deux représentants de l’armateur et une traductrice devant le clan Jobard, Yvette, l’épouse de Bernard son mari décédé, ses trois filles, ses gendres et un proche de la famille. On imagine leur tête lorsque les deux émissaires en costume-cravate leur ont présenté, en turc, le marché. 500.000 dollars payés dans les plus brefs délais  pour retirer leurs poursuites et afin que l’armateur récupère au plus vite son caboteur, immobilisé depuis cinq mois à Brest.


 
Hier après-midi, après plus de quatre heures de discussion, Yvette Jobard sortait tout droit d’un mauvais rêve. Ou continuait plutôt le cauchemar qu’elle vit depuis cette terrible nuit du 17 août dernier. Le caboteur de 101 m de long heurtait le caseyeur de 19 m en l’envoyant par le fond avec son patron qui n'a pas eu le temps de se hisser avec les six autres marins à bord du canot de survie. Malgré l’énorme choc à l’avant, le cargo continuait son chemin, sans jamais porter assistance aux marins.
Les deux hommes, dont apparemment un avocat de la société turque, entrent lundi en relation avec l’épouse du marin. Ils lui proposent de la rencontrer le lendemain, chez elle. L’entretien commence on ne peut plus classiquement : par une bonne séance d’intimidation ! « Ils ont commencé par nous expliquer que le procès ne se déroulerait jamais en France, que notre président de la République n’arrêtait pas de nous mentir, qu’il y avait toutes les chances que cette affaire soit jugée dans les îles Kiribati (l’État du pavillon de complaisance). Puis, ils nous ont dit qu’au lieu de ne rien toucher, ils nous proposaient un dédommagement immédiat de 500.000 dollars ».
« Je leur ai répondu que pour rien au monde, je ne monnayerais la mort de mon mari. Ce qui m’importe, c’est le procès pénal. Ils avaient l’air ou ils faisaient mine de ne pas comprendre. Mais j’ai senti qu’ils avaient envie de récupérer, dans les plus brefs délais, un bateau qui leur rapporte habituellement beaucoup d’argent ». Remontée par l'indignation, Yvette Jobard continuait : « Ils veulent tout faire pour éviter ce procès, mais moi, je leur ai dit qu’ils l’auront et que ceux qui sont à l’origine de la mort de mon mari le payeront un jour. Je veux que ces marins irresponsables soient mis hors d’état de nuire. Je veux surtout dire à ces financiers de la mer qu’on n’achète pas ce genre de comportement et la peine d’une famille à coup de millions... Que leur argent ne changera rien pour une femme qui a tout perdu cette nuit-là ».

(Source; Le Télegramme  23.01.08)

Merci à Yvette Jobard de nous montrer le visage d'une femme fière et courageuse et de donner à ses contemporains une leçon de dignité!

Commentaires

  • Admirable épouse de marin. Une vraie famille de bretons. Quelle leçon de courage et de dignité!
    C’est aussi une leçon de dignité pour nos politiciens qui ne sont que des guignols à côté de cette femme.

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