A défaut de savoir où se trouve Jérôme Kerviel, la police a perquisitionné vendredi 25 son domicile.
Quatre policiers en civil sont arrivés en début de soirée devant l'immeuble de Neuilly où est domicilié le jeune trader, auteur présumé d'une fraude de 4,9 milliards d'euros à la Société Générale. Tenant les journalistes à l'écart, elles ont dit appartenir à la police et sont entrées dans l'appartement situé au troisième étage et désigné par les voisins comme étant celui de Jérôme Kerviel. Ils en sont ressortis quelques minutes plus tard en portant chacun un grand attaché-case.
Sur la boîte aux lettres du logement, le concierge a laissé un mot à l'intention de la presse sur lequel on pouvait lire "Kerviel inconnu dans la maison". "Ne le cherchez pas ici, il y a probablement longtemps qu'il a trouvé refuge ailleurs", dit la note. Son appartement aurait été "loué ou sous-loué à des locataires de type asiatique parlant anglais".
La brigade financière, saisie jeudi par des petits porteurs et par l'établissement bancaire, devrait également, selon toute vraisemblance, se rendre à la banque pour collecter les éléments matériels de l'affaire. La Société générale, qui a révélé jeudi la "fraude" qui dit-elle a été découverte le week-end dernier, dit ne pas savoir où se trouve Jérôme Kerviel. On ignore si la police a pu le contacter et le parquet n'a pas souhaité le dire.
Selon l'avocate du jeune trader, son client n'est "pas en fuite". "Il se dit à la disposition de la justice", a expliqué Me Elisabeth Meyer sur BFM TV.
L'enquête policière a donc commencé pour élucider le scénario exact de la fraude massive imputée par la Société générale à l'un de ses traders, dont la seule responsabilité est mise en doute par sa famille mais aussi par nombre de professionnels au vu de l'importance de son coût. Le Premier ministre, François Fillon, a indiqué vendredi que l'affaire n'avait été portée à la connaissance des autorités françaises que mercredi. "C'est quand même une affaire d'une importance telle pour le système financier français que peut-être le gouvernement aurait pu être prévenu plus tôt", a dit François Fillon au cours d'un déplacement au Luxembourg. Le chef du gouvernement a également demandé à la ministre de l'Economie et des Finances, Christine Lagarde, de lui remettre un rapport "sous huit jours".
Le Parti socialiste a de son côté réclamé la tenue d'un débat à l'Assemblée nationale la semaine prochaine pour comprendre "les causes réelles" des pertes de la Société Générale et faire le point sur la situation des banques françaises. La commission des Finances de l'Assemblée a annoncé pour sa part son intention d'auditionner prochainement les acteurs de la crise, n'excluant pas d'inviter le président de la Société Générale, Daniel Bouton.
Quant à Nicolas Sarközy, il a assuré que cette affaire "ne touche pas à la solidité et à la fiabilité du système financier français". Qu'est-ce qu'il en sait alors que l'enquête ne fait que commencer?
(LCI.fr 25.01.08)