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"Une catastrophe naturelle n'est pas un génocide"

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Des Birmans tentent de passer sur un pont détruit par le cyclone

Interview - Olivier Corten, professeur de droit international, explique à LCI.fr pourquoi il n'y a juridiquement aucun moyen de pénétrer en Birmanie sans l'aval du régime.

 

Il estime que comparer une catastrophe naturelle à un génocide afin de faire appliquer la "responsabilité de protéger" de l'Onu serait dangereux car cela banaliserait le génocide.

 

Olivier Corten est professeur de droit international à l'Université libre de Bruxelles, en Belgique. Il est notamment l'auteur du Droit contre la guerre, éditions Pedone.
 
 
LCI.fr : Qu'est-ce le concept de "responsabilité de protéger" ?
Olivier Corten : Il a en fait remplacé la notion de "droit d'ingérence" dont il avait été question en 2000 après la guerre au Kosovo. Mais la grande majorité des Etats membres de l'
Onu ne voulaient pas instaurer ce "droit d'ingérence".  Il fallait donc trouver une formule plus neutre. En 2005, l'Assemblée générale a ainsi adopté une résolution prévoyant la "responsabilité de protéger". Tous les pays appartenant à l'Onu -dont la Birmanie- y sont liés.

 
LCI.fr : Que dit cette résolution ?
O.C. : Tout d'abord, elle réaffirme que c'est en priorité à chaque Etat de protéger ses populations sur son territoire. Si ce n'est pas le cas, alors elle donne la possibilité à l'
Onu d'intervenir dans quatre cas, en employant la force si besoin : génocide, nettoyage ethnique, crimes contre l'Humanité et crimes de guerre.  C'est alors au Conseil de sécurité de décider ou non d'une telle intervention. Sa décision doit être prise à la majorité qualifiée (9 voix sur 15) et sans veto de l'un des cinq membres permanents. Dans ce cas, l'Etat concerné n'a rien à dire, puisqu'il a voté la résolution de 2005 qui enclenche le processus d'intervention. 

 
                                                   


LCI.fr : Mais le concept ne s'applique pas en cas de catastrophes naturelles, comme le cyclone Nargis en Birmanie.
O.C. : Tout à fait. 
 
LCI.fr : Pourtant, Bernard Kouchner propose d'étendre la "responsabilité de protéger" aux catastrophes naturelles afin d'entrer en Birmanie.
O.C. : A titre personnel, je trouve assez curieux d'invoquer une telle intervention dans la situation et le cadre juridique actuels. Il ne permet en effet ni de forcer la main des Etats, ni d'y envoyer l'armée. Et il faudrait encore obtenir de toute façon l'aval préalable du Conseil de sécurité. Or il est fort probable que le rapport de force politique aboutirait à un vote négatif. En fait, le concept d'ingérence reste flou. Les déclarations de
Bernard Kouchner pourront peut-être faire bouger les choses, mais pour l'instant, elles entretiennent surtout la confusion.
 
 
                                                                  
LCI.fr : Pour justifier une intervention en Birmanie, certains font aussi remarquer que refuser l'aide internationale comme le fait la junte  actuellement équivaut à un génocide.
O.C. : D'un point de vue juridique, cela ressemble plus à du "bricolage" qu'autre chose. Même en cas de génocide, le Conseil de sécurité doit en effet avaliser une intervention militaire. Mais c'est surtout dangereux d'un strict point de vue philosophique. En assimilant une catastrophe naturelle à un génocide, on banalise de fait le génocide, qui est une volonté de tuer et d'exterminer une ethnie ou une race. Or ce n'est pas du tout le cas avec le refus d'une aide internationale après une catastrophe.

Cette extension ouvrirait la porte aux dérives. Certains pourraient très bien considérer que le FMI est coupable de génocide en affirmant car sa politique est néfaste pour les pays en voie de développement et lui attribuer la responsabilité d'éventuelles famines.

Le professeur Olivier Corten développe des arguments bien spécieux... Au diable les "dérives"! Laisser mourir des des dizaines de milliers de personnes en refusant l'aide internationale est une forme de génocide, car il existe bien une volonté derrière ce refus, celle de laisser mourir ou souffrir des gens que l'on pourrait sauver. Existe-t-il une seule ethnie, une seule race en Birmanie? Nous l'ignorons. A quelle(s) ethnie(s) appartiennent ceux que la Junte laisse mourir de faim et de désespoir dans l'eau et la boue des rizières?

A l'appui de sa démonstration, bien bricolée aussi, il invoque de possibles "dérives" , mais qui va "dériver"? De quoi a-t-il peur? De la banalisation du terme "génocide"? Ce n'est pas le mot qu'il faut craindre, c'est la réalité des faits génocidaires.

 

 

Commentaires

  • Gaelle:
    l'aide apportée à des contrées surpeuplées et donc miséreuses du tiers monde par nos gouvernants imbéciles est un anachronisme et empêche lindispensable régulation naturelle des populations par la faim ou les maladies.
    Qu'on cesse enfin de se mêler des affaires internes de
    tous ces pays comme le recommande ce taré de Kouchner.

  • Chère Gaëlle, peu importe l’argumentation du professeur Corten qui se place sur un plan purement juridique. En réalité, l’Onu souhaite intervenir en Birmanie parce que ce régime ne s’aligne pas, pour l’instant du moins, sur les mondialistes qui, à dessein, baptisent ce régime «junte militaire». Leur objectif est tout simplement politique et militaire : ils veulent profiter de cette catastrophe pour intervenir dans ce pays, l’occasion est belle. Comme avec Saddam Hussein qui pendant des années fut leur grand ami, avant de devenir d’un seul coup un affreux dictateur. On imagine facilement ce qui résulterait d’une intervention «humanitaire» des mondialistes dans ce pays.

  • Cher marcel et cher abad, je suis entièrement d'accord avec vous, lisez-moi entre les lignes. Ce qui m'a intéressée, c'est cette notion de "génocide" au pt de vue juridique! Et au pt de vue "philosophique"! N'y aurait-il qu'un seul génocide digne de ce nom, si je puis dire?
    La Birmanie est un Etat souverain qui s'ouvre à qui il veut: je n'y reviens pas (voir mes premières réactions contre le droit d'ingérence kouchnérien!)! Ce pays est riche en pétrole...
    Les Mondialistes veulent l'envahir pour y installer la Démocratie, prélude à la Mondialisation chère à Attali! cela est abolument clair pour moi! - Mais je ne suis sentie sans doute mal expliquée hier nuit, un peu fatiguée.
    Pas de "dérives"! Cela sonne comme un oukase! Non!

    Amitiés!

  • Cher abd, après le cyclone Nargis (n'oublions l'arme climatique et ses effets peut-être amplificateurs?), le grand Cyclone mondialiste!Et la Birmanie serait rayée de la carte des pays encore indépendants des E.U!

  • Chère Gaëlle, je me doutais bien que ce que j’avais compris ne correspondait pas vraiment au fond de votre pensée. Cela montre que les mondialistes, en inventant tous ces principes, sont en train de créer une situation, à la fois juridique et morale, qui leur permette d’intervenir où et quand ils le voudront. Mais ils ne déclareront jamais la guerre, comme autrefois cela se faisait entre gens qui se respectent et qui ont le sens de l’honneur ; car ils ne feront jamais la guerre, d’ailleurs ils sont contre par principe. Ils interviendront pour lutter contre le terrorisme, pour éviter les massacres, etc. Ils prétendront qu’ils ont la morale et le droit pour eux. Ils auront donc tous les droits. Hitler n'avait pas pensé à cela.
    Cela me rappelle un incident qui s’est passé il y a quelques années à New York : une ambulance qui amenait un malade à l’hôpital avait écrasé deux jeunes filles sur le parcours : toutes les deux sont mortes sur le coup. Peu de monde s’en été offusqué : on avait accrédité l’idée que l’urgence des soins justifiait tout, y compris de tuer des innocents. Il en est de même du principe de précaution. C’est ainsi qu’on habitue les gens à tout.

  • Merci, cher abad, pour cet excellent commentaire qui reflète parfaitement le fond de ma pensée!

    Amitiés!

  • Pour continuer dans le sens d'abad, j'avais entendu il y a quelques années que les bombardements subits par les villes françaiseq ou allemandes au moment du débarquement étaient normaux et justifiés par l'humiliation qu'il fallait faire subir aux allemands.

  • mélanie rault: mais c'étaient les Français qui recevaient les bombes (le 27 mai 1944 à Marseille, par exemple): curieusement les cibles stratégiques allemandes étaient rarement touchées...

    A Marseille, ce sont les Allemands qui sont venus secourir les Français dans les décombres et sous les ruines, des centaines de morts civils et de blessés... Pas un soldat allemand touché...

    Réf: "Marseille bombardée" de Serge Brouqui. Photos et documents. Un livre rare! Son auteur a été obligé de le faire éditer à compte d'auteur en 1998 (Imprimerie des Alpes). Quelle censure!

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