Il a passé le week-end en famille à goûter une victoire judiciaire qu'il attendait depuis quatorze ans. Vendredi, une commission arbitrale a condamné le Consortium de réalisation (CDR), la structure publique en charge d'assumer les créances douteuses du Crédit lyonnais, à payer 285 millions d'euros d'indemnités à Bernard Tapie dans le dossier Adidas. Seul le MoDem et son président, François Bayrou, ont protesté violemment contre cette décision. "Cela va permettre aux époux Tapie de sortir prochainement de la liquidation judiciaire", commente leur avocat, Maurice Lantourne. Tout dépend de ce qu'il restera à l'ancien patron d'Adidas qui n'en a pas fini avec la justice, une autre décision sur les aspects fiscaux de ses dettes devant tomber le 24 juillet.
Il faudra d'abord régler les créances publiques (190 millions d'euros). "Provisionner aussi les éventuelles impositions générées par cette condamnation ainsi que tous les frais, ajoute Me Lantourne. Il restera un solde d'environ 92 millions d'euros." Sur cette somme, il faut encore défalquer les créances aux tiers pour 30 millions d'euros et les frais à la charge personnelle de Bernard Tapie, soit 30 autres millions d'euros. Alors combien lui restera-t-il? "S'il me reste quelque chose", tempère-t-il sans convaincre, ni cacher sa joie.
L'ancien homme d'affaires et ministre de la Ville de François Mitterrand, aujourd'hui comédien, devrait pouvoir compter sur une trentaine de millions d'euros. Il n'a pas l'intention de racheter un club de foot ou de remonter une affaire. "Non, de toute ma vie, ce dont je suis le plus fier, affirme-t-il, ce sont les sept écoles de formation que j'avais montées à la fin des années 1980. Il en est sorti 9.250 diplômés. La fermeture de ces écoles, à cause de la liquidation, m'a marqué bien plus que la perte du Phocéa. Mon obsession, c'est de les rouvrir. C'est désormais ma priorité."
Bayrou: "Des millions d'euros sur le dos des contribuables"
Dans le monde politique, des voix s'étonnent de la décision du tribunal arbitral. François Bayrou remet son costume de premier opposant à Nicolas Sarkozy. Le président du Modem s'insurge de la voie choisie: "A l'encontre de toutes les règles qui veulent que l'Etat ne puisse s'en remettre qu'à des décisions de justice et à l'encontre de toutes les décisions précédentes, on a mis en place un dispositif qui va permettre à M. Tapie de toucher des centaines de millions d'euros sur le dos des contribuables."
François Bayrou n'hésite pas à accuser les trois arbitres, dont l'ancien président du Conseil constitutionnel le gaulliste Pierre Mazeaud, et l'avocat Jean-Denis Bredin, ex-dirigeant des radicaux de gauche: "Il est intéressant d'observer les solidarités et les influences qui se sont manifestées dans cette affaire..." Alors que dans l'entourage de Jean Peyrelevade, ancien président du Lyonnais, on évoque un "deal organisé de longue date", les proches de Tapie s'élèvent: "Peut-on imaginer Pierre Mazeaud, qui a montré cette semaine toute son indépendance contre Brice Hortefeux et Nicolas Sarkozy, ou Jean-Denis Bredin soumis à une quelconque influence?"
Mais si, on peut parfaitement l'imaginer!
JDD. 13.07.08
Commentaires
Le simple fait de penser à tous ces crabes peut occasionner une urgente envie de diarrhée...