Ceux que l’on soupçonne d’être « le cerveau » du groupe est un certain Julien Coupat (34 ans) et sa compagne Yildune (25 ans). Issu d’une famille bourgeoise, Coupat, qui roule en Mercedes et réside dans la ferme de Tarnac tout en disposant d’un appartement à Paris, est un ancien doctorant en histoire et civilisation à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).
Influencé par le situationnisme de Guy Debord, il était membre du comité de rédaction de la revue Tiqqun et on le soupçonne d’être l’auteur du livre inquétant "L’Insurrection qui vient".
Le Parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur Coupat dès le 16 avril 2008 sur la base de renseignements fourni par le FBI. Coupat et son amie aurait pénétré clandestinement le territoire américain à partir du Canada. Dans leur sac à dos abandonné, la police trouve des documents anarchistes en anglais et des photos d’un centre de recrutement des forces armées américaines situé à Times Square, à New York. Le FBI signale aussi la présence du couple lors de réunions anarchistes dans cette ville. Deux mois plus tard, le 6 mars 2008, le centre de recrutement en question est dévasté par une grenade qui ne fait que des dégâts matériels. Seule certitude : Coupat n’était plus sur le continent américain.
Si de nombreux éléments (cartes du réseau ferré, matériel d’escalade, gilets pare-balle, etc.) ont été retrouvés chez certains suspects, beaucoup de questions restent sans réponse pour l’instant.
En premier lieu se pose la question de l’origine des fonds, puisque peu de membres du « Groupe Coupat » semblent impliqués dans un travail rémunéré. Ensuite, on s’interroge sur l’acquisition de l’expertise technique indéniable pour installer de tels dispositifs de sabotage. Les enquêtes sur les ramifications internationales livreront certainement quelques secrets.
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Deux villages corréziens dans la mire des enquêteurs
LE MONDE | 13.11.08 | 13h36 • Mis à jour le 13.11.08 | 13h36
La ferme dite Le Goutailloux, à Tarnac, en Corrèze, où se trouvaient six des dix personnes interpellées dans le cadre de l'enquête sur les actes de malveillance commis contre la SNCF, n'était pas inconnue de la police.
Située sur le plateau des Millevaches, cette ferme avait été enregistrée en Société civile immobilière le 18 mars 2005, avec un capital de 2 000 euros, par Benjamin Rosoux. Né à Seraing, en Belgique, mais de nationalité française, cet homme de 30 ans, fils d'un médecin, aurait milité à la Fédération des jeunes écologistes européens.
Pour les enquêteurs, c'est aujourd'hui l'un des membres actifs du groupe Coupat - du nom du chef de file de jeunes autonomes soupçonnés d'avoir saboté des voies SNCF le 26 octobre et le 8 novembre. La police s'intéresse aussi à un autre lieu-dit, dans le petit village tout proche de Viam, où certains résidaient.
Dans cette "communauté" figurent quatre femmes, Yldune L., présentée comme la compagne de Julien Coupat, Gabrielle H., Elsa H. et Manon G., ainsi que deux autres hommes, Mathieu B. et Bertrand D. La plupart sont âgés d'une vingtaine d'années. Tous étaient surveillés depuis plusieurs mois. Selon un policier, il s'agit d'un noyau homogène, qui avait adopté une attitude de groupe clandestin, se méfiant de tout, préférant les cabines téléphoniques plutôt que les portables. Quasiment une fois par mois, ils se seraient réunis avec des jeunes grecs, allemands, italiens et anglais, lors de rencontres "de nature conspirative". L'une d'entre elles se serait tenue cette année sur le territoire français, à Metz.
Julien Coupat et sa compagne avaient été signalés à la police française par le FBI après qu'ils se sont soustraits à un contrôle d'identité à la frontière canadienne en 2007, déclenchant l'ouverture d'une enquête préliminaire. Ils auraient participé à une manifestation contre un centre de recrutement de l'armée à New York.
Voilà pour la partie renseignement, antérieure aux interpellations. Mais la justice doit aujourd'hui faire la démonstration de la responsabilité individuelle de chacun dans les actions contre la SNCF. Ce qui ne sera peut-être pas chose aisée. Pour l'heure, les membres du groupe se sont montrés peu diserts lors des auditions.
Reste les perquisitions. Au Goutailloux, la police a saisi un arsenal hétéroclite : gilets pare-balles, pinces de forge, fumigène SNCF, matériel d'escalade, horaires de train, instructions pour cocktails Molotov et tracts appelant à manifester à Vichy, lors de la réunion des ministres européens de l'intégration, le 3 novembre. Ils ont également trouvé des tubes métalliques de 2,20 mètres à Paris. Toutes les gardes à vue ont à nouveau été prolongées jeudi 13 novembre.
Isabelle Mandraud
Article paru dans l'édition du 14.11.08
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Saisies troublantes aux domiciles de plusieurs suspects
Anne-Cécile Juillet | 13.11.2008, 07h00
Les membres du « groupe Coupat », comme les ont surnommés les enquêteurs, vivent volontiers les uns chez les autres. Les perquisitions ont conduit les enquêteurs en Corrèze chez Benjamin R., un Belge de 30 ans, Manon G., 25 ans, Gabrielle H., 29 ans, et à l'un des domiciles de Julien Coupat. Ils ont retrouvé des éléments susceptibles de nourrir l'enquête à Paris, chez la petite amie de Julien, Yldune L.
, 25 ans, à Limoges et à Rouen, chez les benjamins du groupe, aux domiciles de Bertrand D., 22 ans, et Elsa H., 23 ans.
Du matériel d'escalade. A Tarnac (Corrèze), au lieu-dit Javaud, trois coupe-boulons ont été retrouvés. Yldune L. stockait, dans un domicile du XXème arrondissement de Paris, une grande pince de forge ainsi que deux tubes métalliques de 2,20 m, avec un dispositif permettant de les réunir. En outre, aux domiciles rouennais d'un des couples, du matériel d'escalade a éveillé la curiosité des enquêteurs. Ces cordes, mousquetons et lampes frontales auraient pu permettre aux saboteurs présumés de poser leur engin de sabotage. Par ailleurs, un fumigène, appartenant à la SNCF, a été retrouvé chez Elsa H., à Rouen.
L'équipement de l'activiste. Cela n'en fait pas des preuves formelles, mais les enquêteurs de l'antiterrorisme ont retrouvé, chez les uns et chez les autres, de parfaits petits attirails de militants aux méthodes pour le moins musclées. Disséminés aux différentes adresses des suspects, des gilets pare-balles, des schémas et documents utiles à la fabrication de cocktails Molotov, trois talkies-walkies... Une perruque châtain, retrouvée chez Yldune L., a également intrigué les forces de l'ordre.
Des documents explicites. A Limoges, où habite Manon G., lorsqu'elle ne vit pas avec son ami Benjamin R., les policiers ont mis la main sur un document portant sur la nécessité d'attaquer les voies de communications et de transport. Un carnet, manuscrit, rédigé par Julien Coupat mais retrouvé chez Benjamin R., devrait aussi livrer ses secrets. Un plan de Paris, sur lequel a été inscrit le numéro de la plaque d'immatriculation d'une voiture de la brigade anticriminalité du VIIème arrondissement, intrigue la SDAT. Charge désormais aux enquêteurs de faire parler les cinq unités centrales d'ordinateurs, mais aussi neuf ordinateurs portables, disques durs et clés USB perquisitionnés chez les suspects. Si toutefois ils ont quelque chose à dire.
Source BOURSORAMA
Commentaires
EHESS :serait-ce ecole des hautes? études en sciences socialistes?
Ah ils sont fortiches nos pandores ! Ils ont réussi à démanteler ce groupe de comploteurs :
« lors de rencontres "de nature conspirative" : c’est bien la preuve qu’ils conspiraient !
Et : « il s'agit d'un noyau homogène, qui avait adopté une attitude de groupe clandestin » : en plus ce sont des comploteurs clandestins !
Et où vivaient-ils ? dans : « La ferme dite Le Goutailloux, à Tarnac, en Corrèze » ! A deux pas de chez Jacques ….. Chirac ! C’est donc lui le chef du complot ! Qu’est-ce qu’on attend pour l’arrêter ?
Toujours aussi inénarrable, l’immonde qui prend cela au sérieux !